2010-03-23

La conviction qui rend sourd et aveugle

« Le Bouddha raconta cette histoire à ses moines :
Un jeune veuf se dévouait à son petit garçon. Mais pendant qu'il était en voyage pour son métier, des bandits incendièrent tout le village, le laissant en cendres, et enlevèrent le petit garçon. Quand le père rentra, il ne retrouva que des ruines et en eut le cœur brisé. Voyant les restes calcinés d'un enfant, il crut que c'étaient ceux de son propre fils, prépara une crémation, recueillit les cendres, et les mit dans un sac qu'il emportait partout avec lui. Un jour, son vrai fils parvint à échapper aux bandits et à retrouver le chemin de la maison, que son père avait reconstruite. Il arriva, tard dans la nuit et frappa à la porte. Le père demanda :
− Qui est là ?
− C'est moi, ton fils. S'il te plait fais-moi entrer !
Le père, qui portait toujours les cendres avec lui, désespérément triste, crut qu'il s'agissait d'un misérable qui se moquait de lui. Il cria :
− Va-t-en !
Son enfant frappait et appelait sans cesse mais le père lui faisait toujours la même réponse. Finalement le fils partit pour ne plus jamais revenir. »
Après avoir terminé ce récit le Bouddha ajouta :
« − Si vous vous accrochez à une idée comme à une vérité inaltérable, quand la vérité viendra en personne frapper à votre porte, vous ne serez pas capable d'ouvrir et de l'accepter. »


Tiré de l'Udana Sutta

2010-03-17

L'adaptation de l'intelligence

L'une des fonctions de l'intelligence est celle d'apter une solution innovante à un faisceau d'évenements préalablement non correllés. Dans une situation nouvelle, l'être intelligent (au sens large du terme) va essayer de ranger les informations nouvelles dans sa mémoire. Ce processus est généralement non conscient.
D'une manière imagée, on pourrait représenter l'accumulation de connaissance comme étant un ensemble de pyramides inversées. La pointe de chaque pyramide représenterait le germe cognitif sur lequel s'établiraient les premières acquisitions de la vie. Peu à peu, à l'instar d'un cristal en formation, l'apprentissage vient superposer des couches au-dessus des antérieures élargissant ainsi la base de la pyramide. Ces couches seraient composées de grains réaménageables pour améliorer la compréhension de l'environnement et ainsi la faculté d'y interagir. Mais tout se passe comme si les couches inférieures étaient de plus en plus figées au fur et à mesure que les couches supérieures croissent et s'appuient sur les inférieures. En effet, il semble qu'il devient peu à peu impossible de changer les bases de l'acquisition même lorsqu'elle s'avèrent fausses. C'est pourquoi nous nous montrons parfois irrationnels quant à certaines habitudes. Car, si la couche supérieure peut plus ou moins s'adapter à une situation nouvelle, les bases, elles, contribuent à notre être. De plus, le ciment qui lie cette pyramide est des plus solides car il est chargé d'émotions.
C'est probablement pour ce type de phénomène que la psychanalyse des profondeurs est si difficile à réaliser alors que les psychothérapies du comportement semblent plus efficaces puisqu'elle s'attaque aux couches « hautes ».
Respecter toute intelligence ainsi que son support (première loi de la Charte de Hôdo)

Pour cette raison, dans l'esprit hôdon, il convient d'éviter d'une part de s'opposer aux croyances de chacun, et d'autre part d'éviter le prosélytisme, car, en dehors du fait que l'on ne peut jamais être sûr d'avoir plus raison qu'un autre, il est souvent vain de forcer. N'utilisons pas l'« agression » pour convaincre. Si nous sommes bien dans notre peau, alors, d'autres seront intéressés par notre expérience et adapteront leurs pensées en fonction de leur être car l'adaptation est intelligence.