2015-11-04

La charte de Hôdo

Les mises à jour de la Charte de Hôdo et des liens vers les différents formats sont sur le site Projet Hôdo

Hôdo vient de 報土 Hōdo, Terre de la Récompense (dans le bouddhisme, en récompense de l’ascèse ou de la promesse d’Amithaba de sauver tous les êtres)
La charte de Hôdo contient 3 lois fondamentales. Ce sont :
  • Le devoir de respecter toute forme d’intelligence et son support ;
  • Le droit à la fuite et à l’abri ;
  • Le consensus ou le hasard.

Le devoir de respecter toute forme d’intelligence et son support

Définitions

Devoir
Cette loi est un devoir et non un droit, car elle est censée responsabiliser tous ceux qui sont maîtres de leurs actes.
Elle n’est pas un droit pour éviter de mettre en avant son intérêt personnel au détriment des autres, car la liberté n’est pas souvent partageable, d’où les deux lois suivantes.
Respect
Le respect est une définition volontairement floue, car cette notion est aussi liée aux traditions culturelles des populations ainsi qu’aux concepts philosophiques ou religieux en cours qui l’associe à la notion, tout aussi floue, de tolérance.
Respecter signifie ici comprendre, ne pas juger moralement et, par conséquent, ne pas condamner. Respecter, c’est surtout rester humble quant à la notion de vérité que chacun défend.
Intelligence
Est aussi une notion floue, due au fait cette fois que même d’un point de vue scientifique cette notion reste difficilement définissable.
L’intelligence est indissociable de l’émotion et donc de la souffrance.
D’ailleurs, la notion d’empathie ou de compassion est préférable à celle de tolérance qui peut être parfois dévoyée de manière égocentrique, voire égoïste.
Toute forme d’intelligence
Nous ne sommes pas aptes ni scientifiquement ni moralement à donner des frontières qualitatives ou quantitatives de l’intelligence. Aussi, ce respect dû à tous les humains peut-il être étendu à toutes les formes de vies que nous estimons moins évoluées.
Support de l’intelligence
L’intelligence est à la fois « enfermée » dans un corps, un groupe qui l’entoure et la planète entière. Il s’en suit que le respect de l’intelligence doit conduire au respect de la vie, des différentes associations sociales et de l’« écologie », c’est-à-dire la vie de notre planète.

Explication

La première loi de Hôdo considère que l’intelligence est la manifestation suprême de l’Humanité. Sa compréhension est donc une tâche prioritaire pour l’espèce.
En même temps, comprendre les mécanismes de cette intelligence devrait nous permettre d’améliorer nos qualités de vie. Or nous sommes des êtres sociaux. Enrichir la synergie dans nos associations, de la famille aux grandes communautés internationales, est donc un objectif principal.
Nous considérons aussi que l’intelligence prime la vie en soi. L’une des conséquences de cette convention est qu’il peut être humain de libérer une intelligence souffrante de son support.
Cette intelligence nous permet de vivre et « sur-vivre » c’est-à-dire de maintenir notre vie individuelle et de prolonger et de propager notre existence par nos œuvres souvent partagées anonymement au sein d’organismes plus complexes qui nous perpétuent au-delà de nos limites, au-delà de notre fin individuelle.
La vie s’appuie sur la vie. Rares sont les exceptions d’espèces vivantes capables de se nourrir de pure énergie et de matière inerte. Or la vie est indissociablement liée à l’intelligence. Selon le principe du respect de toute forme d’intelligence, l’exploitation et la mise à mort de tous les êtres vivants devraient s’effectuer avec le plus grand respect. Reconnaître que notre vie est redevable à ces êtres qui la perdent pour nous pourrait nous inciter à ne pas les faire souffrir et encore moins à faire traîner cette souffrance.
Nous ne savons pas, sans doute pour très longtemps encore, ce qu’est l’intelligence, mais d’une part on la sent proche des questions existentialistes et d’autre part on la sait « sécrétée » par notre cerveau (au moins) pour programmer, réaliser et adapter des comportements qui nous permettront de répondre à la double tâche : vivre et sur-vivre.
Or toute intelligence se base sur deux mécanismes : la mémoire et la catégorisation. La mémoire nous impose la présence préétablie d’engrammes transmis par les gênes pour installer rapidement les processus d’adaptation et de gestions des capteurs qui percevront l’environnement par la suite. Dès l’instant où l’on parle de mémoire, on sous-entend l’existence de temps : temps pendant lequel une information va être enregistrée et accessible. Cette mémoire a obligatoirement des archives parfois très stables et d’autres très fugitives. Celles qui sont stables assurent la stabilité de notre organisation.
Ces ensembles de mémoires constituent nos vérités individuelles. Nous n’en sommes pratiquement pas maîtres. L’hérédité, la prime enfance, les apprentissages longs ou prégnants ont façonné notre monde intérieur que personne ne partagera jamais. Nous sommes seuls dans notre boite crânienne, et dedans, les seules notions de bien et de mal qui existent, sont ce qui est ressenti comme gratifiant ou frustrant, voire pénible.
Le respect de l’intelligence sous toutes ses formes devrait donc conduire à rester humble quant à la notion de vérité, car nous ne connaissons que la nôtre. Cette connaissance qui est la nôtre est elle-même parcellaire, limitée par nos capteurs et notre expérience individuelle. La vérité qui s’impose dans notre esprit est comme l’eau qui tombe du ciel vers le centre de la Terre : le courant d’eau va inexorablement de la montagne vers la mer. Il ne se trompe pas lorsqu’il suit de longs lacets serrés, erre dans les marais, déborde de ses rives, se perd dans des lacs encaissés ou souterrains, voire des mers mortes... Notre liberté est si relative, toujours contrainte par l’environnement.
Il s’en suit que le respect de l’intelligence s’accommode mal de l’élitisme ou de l’égalitarisme qui sont d’ailleurs souvent corollaires l’un de l’autre.
Autant le plaisir de se surpasser dans quelque domaine que ce soit et de valider ses efforts dans des compétitions « sportives » est agréable pour soi et utile à tous, autant le mépris engendré par une certaine forme de domination est contraire au principe du respect de l’intelligence.
Parmi ces mépris, se trouve souvent l’élitisme. En général, il s’appuie sur certaines spécialisations reléguant les autres compétences comme si elles étaient mineures donc négligeables ce qui est en désaccord avec le respect de toute forme d’intelligence.
Parfois pour augmenter le pouvoir d’une élite par l’usage de la démagogie, l’égalitarisme est habilement présenté comme un idéal « juste et bon », ce qui est, au contraire, le refus d’accepter toute forme d’intelligence en la forçant à prendre un modèle unique. Le prêt-à-penser rassure les dominants, anesthésie les dominés, et, au total, est peu créatif pour l’humanité dont la principale valeur est précisément son intelligence globale qui s’enrichit de toutes les différences.
Cet égalitarisme est d’autant plus pervers qu’il se voile d’humanisme et de moralisation, alors que le respect de toute forme d’intelligence, élevé au rang non de droit, mais de devoir, lui est supérieur. Il faut se méfier des égalitarismes qui en fait sont des formes de dominations paternalistes, forme édulcorée du mépris de l’intelligence d’autrui.
Mais l’ouverture aux autres, la tentative de compréhension d’autrui, le refus de l’autosatisfaction et la remise en cause de sa vérité égocentrique protégée par des communautés qui en ont besoin pour le maintien de leur structure, toutes ces attitudes sont coûteuses en effort tant pour un individu que pour un groupe, aussi les deux lois suivantes de Hôdo tentent d’y remédier : « le droit à l’abri et à la fuite » et « le consensus ou le hasard ».

Le droit à la fuite et à l’abri

Définitions

Fuite
L’un des trois comportements moteurs de l’homme face à une « agression » est la fuite, les deux autres étant l’attaque et l’immobilité, elle même pouvant être résultat d’une tétanie plutôt que d’une volonté de furtivité qu’il convient d’associer à la notion de fuite.
L’immobilité due à la sidération est source de stress malsain lorsque la situation perdure, car l’organisme en état d’alerte met en sommeil toute une série de fonctions de maintenance qui peuvent à force s’altérer. La fuite et l’évitement sont donc préférables. Encore faut-il que cela soit possible, c’est pourquoi il s’agit d’un droit.
Abri
L’abri est indispensable pour de nombreuses raisons. L’organisme a besoin de se restaurer, de se reposer, de se soigner à l’écart de tout risque ou source de trouble qui viendrait perturber la retraite. Il a aussi besoin d’un espace où se retirer pour refuser l’affrontement par la fuite, cet affrontement ne se limitant pas à un « ennemi », mais aussi à n’importe quelle situation pénible environnementale.
Droit
Contrairement à la première loi de la charte, celle-ci est un droit, car elle est indispensable pour pouvoir assurer le respect de la première.

Explication

Le cerveau est comme cette image de la rivière : il a tendance à creuser son lit, non à en créer un autre tant que rien ne l’y force. Autrement dit, non seulement il lui est difficile de changer de vérité, mais, s’il a le choix, il suivra celle qui renforce sa vérité déjà acquise, probablement pour au moins deux raisons : économie d’énergie et balance de plaisirs-désagréments accumulés. C’est à cause de ce processus qu’on s’empêtre dans nos convictions et qui fait que l’on n’arrive pas à changer de cap, quelles que soient la nature et la grandeur du projet. Le fanatisme est présent partout dans notre cerveau, et les manipulateurs en usent, que ces dernier aient le visage d’un bien pensant ou d’un saint éclairé. Il n’y a qu’une différence d’intensité entre le fait d’être borné ou d’être fanatique.
Ne jetons pas trop vite la pierre à autrui : nous sommes aussi tous manipulateurs. Dès l’instant où le bébé comprend que ses pleurs et ses mimiques lui apportent quelque satisfaction, il découvre comment influencer l’autre. Comme nous sommes des êtres sociables, nous utilisons de nombreux messages pour attirer la sympathie des groupes qui détiennent des éléments de vérité qui correspondent à celle que l’on a déjà en soi.
Beaucoup de ces messages aussi sont des marques d’identification pour rester dans le groupe qui nous accueille. Parmi ces marques, il y a les codes du langage, le port d’insignes, d’uniforme... L’uniforme n’a pas nécessairement l’allure militaire. Il existe mille et une manière de marquer son appartenance à un clan, d'afficher sa séduction : costume strict, punk, métaleux, cosplay, voile, chemise dégrafée... sans compter les aspects corporels dont les plus visibles comme la chevelure : coupe rasée, cheveux artistiquement en bataille, gominés, cachés...
Ces marques d’identification peuvent aisément devenir des signes d’allégeance, de soumission et finalement des uniformes guerriers pour combattre les autres clans, car, encore une fois, le cerveau est cette rivière qui n’aime pas changer de lit et qui va se jeter aveuglément sur le rocher qui lui barre la route.
C’est pourquoi les deuxième et troisième lois de Hôdo consolident la première : comprendre toute forme d’intelligence nous conduit à une grande humilité et à une grande empathie, mais elle ne peut conduire à une soumission forcée.
Que faire dans ce cas pour vivre ensemble ?
Le bâton et la carotte ? Les lois de Hôdo ne proposent ni l’une ni l’autre, mais proposent de faire découvrir d’autres espaces de liberté et d’autres satisfactions, supérieures à celles acquises. Le concept hôdon n’est pas de battre l’âne ou de le faire avancer en présentant devant lui une carotte alléchante, c’est lui ôter les œillères et lui montrer l’immense étendue de qui l’entoure en se servant de son intelligence ainsi que celles des autres, de créer, comme le disait H.Laborit, l’« homme imaginant ».
Il faut, donc, en premier lieu, peut-être définir ce qu’est la liberté, sous un angle plus scientifique que philosophique.
La liberté est une notion abstraite qui pourrait se représenter par un ensemble d’éléments éligibles par l’individu « dominant » cet espace dit de liberté. Ces éléments peuvent être aussi bien physiques que psychiques. Chaque être vivant dispose d’un tel ensemble. Or tout élément peut appartenir à plusieurs ensembles. Lorsque ces éléments ne sont pas partageables, il y a obligatoirement une « négociation » qui peut conduire aussi bien à la synergie gagnante-gagnante qu’à l’élimination pure et simple du détenteur de l’élément convoité. Évidemment, toutes les solutions intermédiaires, dont l’intimidation et la manipulation mentale, seront souvent mises en jeu pour arriver à ses fins.
Dans cet espace de liberté, il y a non seulement des choses tangibles comme la nourriture, l’abri, les outils... mais il y a aussi ce que l’on appelle la liberté de pensée, qui transcende la liberté d’expression, car cette dernière n’a pas de sens sans la première.
À ce niveau, il serait tentant par commodité de distinguer les éléments dits matériels des psychiques. Ce serait vain. En effet, prenons l’exemple du bruit. Le son est bien « physique » et de surcroît porté par l’air partagé par l’émetteur et le récepteur. Il y a dans ce cas un conflit, non de possession de ressource unique, mais de partage inévitable, c’est-à-dire de perte de liberté d’élection et d’appropriation. Il est tentant alors de tout ramener à la psyché abstraite, voire moralisatrice, pour définir des « péchés » soit d’intolérance soit d’incivisme.
Le cerveau est conçu de telle manière qu’il supporte en général ce qu’il fait, car sinon, c’est logique, il ne ferait pas. Par contre, celui qui subit le bruit peut se sentir mal à l’aise, car le son est porteur d’informations permanentes au cerveau qui le plus possible reste en alerte dans toutes les circonstances. Toute fréquence, toute périodicité entretiennent la vigilance du cerveau qui attend les signaux suivants à décoder. Une partie, donc, de la pensée va se tourner vers l’analyse du bruit d’autant plus que celui-ci s’impose. Or, même si notre cerveau a l’habitude de gérer plusieurs fonctions simultanément, il ne le fait pas avec un nombre infini (on évaluerait que le cerveau gère moins d’une douzaine d’informations importantes en parallèle). Et même ainsi, tout travail exécuté par les neurones consomme de l’énergie, et le cerveau est un organe très gourmand en énergie. De là, on comprend que le bruit puisse engendrer crispation, fatigue, déconcentration, hypnose... Comme ces dernières fonctions sont apparemment abstraites, donc « reléguées » au domaine de la pensée et du ressenti, il est facile de les associer à des valeurs comportementales en société. Or, dans ce cas, le « dominant » qui impose son bruit ou son besoin de silence a souvent l’argument « j’ai le droit de... » jeté à la face du « dominé » qui sera taxé d’« intolérant » s’il ne se soumet pas. Mais qui a raison ? Et comment résoudre le problème imposé par la première loi concernant le respect de l’intelligence ?
Tout d’abord, il faut comprendre l’intolérance. Cette notion a deux interprétations selon le point de vue sociopolitique ou selon le point de vue médical. Dans cette dernière optique, l’intolérance se manifeste par des rejets de greffons, de prothèses, de microéléments organiques ou artificiels... et même de concepts psychologiques. Il faut déculpabiliser la notion d’intolérance même si elle est inappropriée comme c’est le cas pour les allergies. Celui qui souffre d’allergie n’a pas choisi ce type de réponse. L’intolérance est une réponse à une situation qui est considérée comme dangereuse à tort ou à raison par l’entité, organe, individu ou société. C’est cette mésinterprétation du danger qu’il faut corriger, mais pour cela il faut déjà arrêter, du moins provisoirement, la cause, car il est plus difficile de soigner à chaud qu’à froid. Or, une seule solution possible, souvent unique, est en éloignant le « patient » de la source de malaise, du moins, pendant une période qui permet de traiter les dégâts et sans doute aussi pendant une période de « vaccination » qui renforcera l’individu.
Beaucoup de politiciens et philosophes croient en savoir plus dans ce domaine, mais les médecins savent combien il est difficile et délicat, voire dangereux, de jouer avec les réponses immunitaires de l’organisme. Malheureusement, les dominants veulent toujours forcer leur vérité, et d’autant plus vite que leur pouvoir est de courte durée. Il s’en suit que la notion d’intolérance est utilisée à profusion pour créer des prisons cérébrales du prêt-à-penser aussi bien pour les « pros » que pour les « antis ».
L’intolérance ne devrait pas être considérée comme un péché punissable, mais comme une faiblesse qui peut se soigner. La tolérance sociale ne devrait être que le résultat d’une compassion, d’une empathie, états qui s’obtiennent et se consolident plus aisément dans une situation sereine et la compréhension des mécanismes de la pensée, les siens et celui d’autrui. Autant l’art de vivre ensemble grâce au respect mutuel est un objectif à atteindre, autant la volonté de forcer cet idéal peut s’avérer douteuse quant aux motivations et aux moyens mis en œuvre pour y parvenir.
Toutes ces raisons, non exhaustives, contribuent à l’« éloge de la fuite » louée par Henri Laborit, au droit à refuser l’affrontement et au besoin de se ressourcer.
Mais il s’agit cette fois dans les trois lois de Hôdo d’un droit. C’est à dessein. Un droit peut s’imposer plus facilement qu’un devoir, mais cela pose aussi beaucoup de problèmes pratiques d’où la troisième loi qui est incontournable pour assurer les deux premières, et qui sera développée par la suite. En effet, un droit peut être aussi source de manipulation et de conflits agressifs.
En reprenant l’exemple du bruit, on peut aussi se mettre dans la peau de celui qui fait du bruit et considère être dans son « abri ». Ce n’est pas de sa « faute » (quoique...) si le bruit sort et gêne. Avec ce type d’argument, le dominant peut invoquer le devoir d’être respecté et donc de transformer le droit à l’abri en un devoir à l’isolement pour les voisins.
Au niveau d’une société, le regroupement de communautés de pensées dans l’esprit, précisément du respect de la pensée et du repos de celle-ci, est naturel. En même temps, cette attitude peut conduire à transformer des quartiers ou des territoires plus vastes en ghettos et en réserves. Ce seront des camps retranchés ou de prisons selon que les miradors seront tournés vers l’extérieur ou vers l’intérieur. L’alchimie du droit à l’abri est complexe.
Pour continuer l’analogie médicale d’avec l’allergie, ce n’est pas pour autant qu’il faille pratiquer une asepsie qui consiste à gommer toute différence entre les entités humaines ou sociales. C’est la variété qui contribue à l’espèce tout entière et à sa quête à jamais achevée de Vérité. Le partage est une richesse, mais toute intelligence a besoin de temps pour s’adapter, sinon, le changement est perçu comme une menace. Les manipulateurs de pensée le savent bien et ne brusquent jamais leurs victimes.
De même, les tenants de l’« asepsie » tentent souvent de préconiser de réduire au silence les extrémismes. Pourtant, statistiquement toute distribution a ses extrêmes. Tronquer ces extrêmes revient à créer de nouvelles extrémités. Quelle sera alors la limite de l’accepté ? Une pensée unique, sans divergences ?
Pourtant, dans toute distribution statistique standard les extrêmes sont minoritaires, et tant qu’elles le restent, la société est normale. Si l’« extrême » croit, c’est qu’il y a une inflammation. Quelle médecin proposerait d’arracher la peau pour se débarrasser de toute irritation au risque de provoquer une gangrène pire ? Mais peut-être est-ce seulement un tour de passe-passe qui permet de focaliser ailleurs l’attention du public pour installer une « démocrature ». Toute censure est dangereuse, car on sait où elle commence, non où elle s’arrête. Seul, le respect d’autrui, la première loi de Hôdo, devrait servir de conscience intime.
Face à une telle liberté, il est indispensable de permettre à chacun de refuser une soumission. La fuite est un droit.
Ce qui est vrai pour chacun l’est aussi au niveau des communautés de toutes tailles, comme les populations et les nations. Donc cela s’applique aussi à l’ingérence et l’autodétermination des populations.
Comment gérer la fuite du conjoint battu ou l’autodétermination territoriale ? S’agissant d’un droit, la fuite et l’abri peuvent être soumis à certaines contraintes, et requérir certaines médiations. Il sera peut-être indispensable de séparer des belligérants sans pour autant prendre parti pour l’un ou pour l’autre. Toutes ses raisons conduisent à la troisième loi censée répondre à la question : comment assurer le respect des deux lois précédentes ?

Le consensus ou le hasard

Définitions

Consensus
Il n’y a pas de consensus sur la notion de consensus !
Mais l’idée principale qu’il faut retenir, c’est la volonté de synergie au service d’une intelligence collective, et non « collectiviste », car chaque membre de la communauté concernée doit être globalement gagnant-gagnant.
Le consensus, c’est l’effort intellectuel et pratique pour créer une solution qui convienne à tous. C’est le refus de se cantonner dans une sorte de dictature des majorités qui de surcroît sont parfois très relatives.
Le consensus est source de créativité, mais avant, il est le résultat d’une écoute objective. Cela impose au préalable de se rappeler que derrière chaque mot, chaque humain y a mis une signification et un ressenti qui lui est propre, et que la validité d’une solution ne dépend pas de celui qui l’énonce. C’est pourquoi le consensus doit être un acte pratiquement technique, voire scientifique.
Hasard
Le non-choix, l’immobilisme sont parfois mortels. Alors, choisir la solution au hasard peut être le dernier recours pour ne pas favoriser des formes de pouvoir qui imposerait leur vision risquant de ne pas assurer la règle gagnante-gagnante du consensus.

Explication

Si nous voulons partager nos espaces de liberté sans violer nos zones de protection, nos jardins intimes, voire secrets, il faut être capable de perdre un peu de notre espace de liberté individuelle pour gagner plus en mettant en commun d’autres libertés. Mais comment faire cette négociation ?
Bien que nous soyons instinctivement désireux de maîtriser notre environnement, de là notre attitude dominante, voire agressive, il est rentable de s’associer en groupe pour accumuler les qualités des individus qui se sont spécialisés et pour diminuer les cloisonnements qui représentent des dépenses énergétiques supplémentaires quand elles sont individualisées.
Un orchestre sera d’autant plus riche en sonorité qu’il est constitué de musiciens maîtrisant des instruments différents, parfois en plus à différent niveau de maîtrise. Rendre tous les musiciens identiques serait comme privilégier la quantité à la qualité.
Privilégier la quantité a aussi son intérêt. Un ensemble de logements, de stockages de produits, etc. gagne en réduisant et en éliminant les cloisonnements. Et tout le monde connaît la maxime : « l’union fait la force ! »
Les cellules qui composent un organisme représentent bien ce type d’économie. Chaque cellule, indépendamment de sa fonction spécialisée, est autonome et dispose de ses propres protections ; l’organisme, lui, ajoute une protection de surface commune aux ensembles, ce qui est un gain énergétique incontestable.
Les choix antagonistes comme celui d’appuyer sur l’accélérateur ou sur le frein font souvent débat en politique. Comme si on conduisait un jour sans frein et le lendemain sans accélérateur !
Pourtant des dilemmes, des conflits d’intérêts, il y en aura toujours, et là, les meneurs d’hommes utilisent une compétence du cerveau pour gagner en pouvoir et imposer leur choix : la classification.
C’est l’une des grandes compétences du cerveau, la création de catégories aptes à prévoir les sources de dangers ou de plaisirs. Les amalgames sont quasi inévitables, n’en déplaise aux moralistes, mais, pour ces derniers, il y a les « bons » et les « méchants » regroupements. Ces professeurs de morale utilisent à la fois à leur insu et à leur intérêt les amalgames qu’ils décrient. Les donneurs de leçons sont d’ailleurs de quel côté, car si c’est le plus « intelligent » qui s’adapte, c’est le plus fort qui « adapte » ? Et qui « adapte » comment ? Par le châtiment ? Sous les ordres de qui ? Du plus « intelligent » ? Celui qui a engendré les amalgames qui conviennent à la structure sociale conforme au contenu de sa boîte crânienne ?
Pour forcer le respect de cette morale, il sera parfois nécessaire de châtier.
Il n’est pas bien de donner la fessée... mais le mépris, l’ironie, la moquerie, ne détruisent-ils pas plus sûrement, et d’autant plus profondément, quand, de surcroît, la victime est accusée de manque d’humour, voire de manque d’intelligence ? Une double peine, en quelque sorte !
Au niveau des grandes populations, la fessée sera-t-elle donnée par des armées brandissant la bannière de « guerre juste » ? Ou, sera-ce plus « propre » et plus efficace, car ne laissant aucune trace visible de maltraitance, en utilisant des châtiments psychiques ou des sanctions économiques ?
Il y a beaucoup d’hypocrisie pour gérer les contre sens dans les prêts-à-penser qui télécommandent les comportements des populations. Mais il est tellement plus facile pour les dominants d’envoyer la chair à canon défendre les valeurs qu’ils défendent, leurs vérités, après les avoir inculquées aux suivants. Il est plus « amusant » de jouer au stratège et de faire tomber des pions sur l’échiquier que de s’efforcer de trouver une solution pacifique. Il est plus facile de tuer l’inconnu. Il suffit d’envoyer d’autres inconnus faire le travail. Les va-t-en-guerre ne cherchent pas le consensus, ils imposent leur vérité, et pour eux la technique sera toujours la même : frapper d’innocentes victimes pour jeter la terreur chez les opposants lorsqu’il est impossible de les convertir ou de les éradiquer ! Qu’importe le type d’armées, qu’importe les moyens, largage de nappe de bombes ou dague dans le dos ! Ne rêvons pas, les Horaces et les Curiaces n’existent plus. Même lorsque les armées essaient de limiter leur combat entre hommes de métier, il y a toujours des dégâts collatéraux. Et il ne faut jamais oublier que les soldats sont avant tout des citoyens, des humains, agissant au nom de ce qu’ils croient être leur vérité ?
En règle générale, derrière toute imposition de volonté, c’est la loi du plus fort qui l’emporte. Cela ne se résume pas qu’à la force brutale. Elle peut revêtir de nombreuses facettes : chantage affectif, menace de bannissement, restriction de ressources... Quant à la force, avec ou sans sadisme, elle peut revêtir des oripeaux nobles de sainteté, de justice... Et le gagnant prétendra que sa victoire, si elle n’est pas d’essence divine, est le résultat d’un consensus puisque le soumis a fini par être d’accord avec lui.
Si nous ne voulons plus que l’humanité s’entre-déchire en permanence, il faut introduire la nation du consensus et du hasard lors de l’établissement de ses règles de cohabitation.
Tout d’abord, selon la première loi de Hôdo, il n’y a pas d’intelligence supérieure à une autre. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas des experts pour créer des solutions plus adéquates à un problème donné, mais qu’il n’y a pas hiérarchisation de domination pour imposer une idée qui sera de toute manière toujours à l’avantage ou du moins conforme à la vérité de celui qui la propose.
Par intelligence « supérieure », élitiste, il faut surtout entendre une intelligence moralisatrice, politique, philosophique ou religieuse qui ne s’appuie que sur des valeurs sociétales parfois sans fondement pragmatique et encore moins scientifique, mais ayant une autorité ou un charisme suffisant pour s’imposer. Une intelligence « vraiment supérieure » devrait être humble, sinon elle sera dominante, non dans le sens d’éclairer la communauté, mais de la formater selon sa vision parcellaire de la Vérité.
Il faut néanmoins se méfier des lois égalitaristes dès l’instant où elles sont établies par des dominants. Elles les rassurent en leur apportant, selon le cas, les jouissances d’une paix imposée dans leur « domaine » ou l’élévation de leur statut grâce à une égalité qui les favorise.
Si la vérité de chacun est vraie pour chacun, et si l’espace de liberté partagé peut conduire à des conflits, comment gérer la synergie gagnante-gagnante ? Faut-il inventer une nouvelle forme de démocratie, une acratie qui ne serait pas « anarchique » au sens péjoratif (on devrait dire « anomie » dans ce cas) et qui éviterait que le « pouvoir du peuple » soit aux mains de quelques-uns ?
Comment réaliser le consensus alors, sans tomber dans le piège de la soumission ?
Trop souvent, le consensus est en réalité une demande de soumission consentie, qui en général, même si ce type de soumission est « pacifique », porte en soi le germe de la revanche. Or précisément, l’un des buts des trois lois de Hôdo est d’éviter les cycles récurrents des revanches.
Il faut revoir les démocraties. Comme toute chose créée par l’humanité, cette option, si elle est la meilleure à un moment donné, ne sera jamais la dernière solution, car nous sommes en perpétuel progrès, même si parfois, il a des reculs apparents.
Les grands programmes proposés par les courants politiques des démocraties proposent souvent des « paquets » : comment, alors, choisir entre une boule verte et un cube rouge si on souhaite avoir une boule rouge ? Il semble que le consensus est souvent plus facile à atteindre quand le problème à résoudre est découpé en difficultés plus simples à analyser et sur lesquels il sera possible d’obtenir des compromis. Mais cela demande à la fois beaucoup d’humilité, celle de ne pas croire qu’on est seul dans la vérité et le « bien », et beaucoup de créativité pour trouver mieux que ce que chacun pensait. Le consensus est un travail d’intelligence, non de puissance.
Cela risque d’être long ? Mais l’histoire de l’humanité est longue. Doit-elle rester un long chemin de souffrance pour autant ? Et l’urgence alors ? Le pont qui s’effondre : faut-il rester dessus à papoter pour savoir quelle rive rejoindre ?
Voilà pourquoi le hasard est le dernier recours. Dans le cas d’un danger imminent, souvent on choisit « au hasard » ou « à l’instinct ».
Dans la Grèce antique, on dit que ce que l’on appellerait des « modérateurs » de démocratie étaient choisis au hasard, car tout citoyen se valait. Évidemment, cet élu du hasard choisissait les compétences nécessaires et adéquates pour mener à bien la mission qui lui était confiée. Cet « idéal » correspond exactement à la notion de « hasard » dans la troisième loi de Hôdo et l’équivalence d’intelligence de la première loi.
Le consensus et le hasard peuvent aussi conduire à l’approbation d’une hiérarchie fonctionnelle ou à un mode de scrutin qui lui, pourrait être à la proportionnelle, par exemple.
Quel que soit le choix proposé, voire mis en sommeil, il devrait toujours y avoir une date d’expiration pour éviter d’entériner définitivement par défaut un choix qui ne convient pas à tous ou qui s’avère non satisfaisant au court du temps.
En résumé, si l’on veut assurer l’équité absolue du respect de toute intelligence, et si l’on admet le droit à chacun d’un refuge physique et mental, la recherche permanente de consensus, dans lequel le hasard viendrait briser les situations bloquées pourrait être un mode décisionnel plus efficace.

Trois lois ? Pas plus ?

L’idée de la charte de Hôdo est d’être admissible pour le plus grand nombre possible de citoyens de la planète.
Plus un ensemble est étendu, plus la définition des éléments qui y sont compris est réduite. Pour faire simple, l’ensemble des chaussettes est plus grand que celui des chaussettes rouges, et celui-ci que les chaussettes rouges en laine, etc.. Moins il y a de lois « restrictives », plus ces lois s’adaptent à un plus grand nombre de personnes. Or le but de ces lois est de permettre le savoir vivre ensemble le plus possible à toute la planète.
De plus, moins il y a de règles à mémoriser, plus il y a de chance de les respecter. Il ne faudrait pas recourir à la présence d’experts pour déterrer et interpréter des articles de lois que l’on dit d’ailleurs ne pas devoir ignorer. Certes, cette charte sera interprétée diversement au cours du temps et selon les communautés, c’est pourquoi si la première loi est la clé de voûte et la seconde une hygiène pour appliquer la première, la troisième est le moyen d’y arriver.
À l’origine, pour tenir compte de ces spécificités, dans la légende de Hôdo, il y avait dix articles de lois. Pas plus, justement pour être facilement mémorisable.
À ces trois lois présentées ici, s’ajoutaient deux autres règles limitant d’une part le nombre total d’articles à dix et d’autre part leur pérennité. Il y avait ainsi cinq lois fondamentales pérennes (les trois lois et les deux dernières règles) et cinq autres, adaptables, voire remplaçables, en fonction du contexte. Ces « lois » non figées pourraient contenir des règles par exemple pour créer des espaces protégés pour la planète, de gestion des ressources surtout énergétiques, des consignes favorisant un enseignement de « psychologie discriminatoire positive » qui apprendrait à avoir confiance en soi et aux autres...

Le mot de la fin

Et si seulement, nous changions dans la charte le mot « Hôdo » pour « Terra », si les trois lois fondamentales étaient nécessaires et suffisantes pour que tout terrien, indépendamment des attributs biologiques de sa naissance, des us et des coutumes de son milieu et surtout de ses allégeances dues à ses Dominants, se sente humain parmi les humains. Humain, ni ange ni démon. Humain, à la recherche de son bonheur, certes, mais aussi celui de l’Humanité.

2015-01-24

Une monnaie universelle



L’Enn

En 1995, lorsque j’écrivis les Pionniers de Hôdo j’imaginais une monnaie de science-fiction.

Comme toute fiction, il s’agissait d’un artefact adapté à l’univers que je créais, mais en même temps, comme « science-fiction » cet artefact était construit à partir de ma propre culture de scientifique, de physicien.

Cela me poussait à trouver un système à la fois rigoureux et mesurable de manière fiable, c’est-à-dire d’avoir une référence universelle, comme la vitesse de la lumière, l’oscillation d’un atome, la caractéristique d’une particule...

Or le physicien est quelqu’un qui pense toujours aux énergies échangées dans tout type de transformations. Une monnaie basée sur l’énergie me semblait un bon outil dans mon univers.

En même temps, Hôdo était trop peu peuplée au départ, ainsi sur cette planète, il n’était pas possible d’établir une monnaie. D’ailleurs, pourquoi ? Quel est le vrai sens de cet « outil » pour l’être physique, biologique et intelligent que nous sommes ? En tant qu’êtres physiques, nous n’existons que par l’énergie et la matière qui nous constituent. En tant qu’êtres biologiques, nous avons le besoin de vivre et de sur-vivre, c’est-à-dire de prolonger notre existence pour la procréation ou la pérennité de l’espèce. L’intelligence vient renforcer ces derniers points en nous apprenant à éviter de nous comporter en prédateur afin de conserver notre domaine (d’où la notion de domination). Vivre en bonne intelligence nous conduit de gré ou de force souvent à échanger, et l’humanité a essayé de représenter cet échange dans des modèles, au sens du moule. Les modèles économique et fiduciaire en sont.

Quand j’imaginai mon système, j’étais loin d’imaginer que les modèles économiques de nos sociétés nécessitaient un sérieux dépoussiérage si l’on voulait éviter des effondrements écologiques et l’explosion incontrôlée des sociétés.

J’avais baptisé cette monnaie « enn » pour plusieurs raisons :

— la plupart des langues du monde commencent le mot « énergie » par le son « enn » ;

— le son « enn » est précisément la prononciation en japonais du Yen.

J’avais même imaginé un symbole pour l’Enn, rappelant les doubles barres comme on le retrouve dans € ou dans ¥, et je lui avais trouvé un caractère Tifinagh, ⵐ, incluant aussi le son N.

Une monnaie énergétique

Lorsque les mesures furent étalonnées, il y eut, paraît-il, un rejet des commerçants. Utiliser des poids, des longueurs, des volumes « normalisés » les laissait perplexes. J’imagine qu’il en sera de même avec la monnaie qui pourtant fut à son origine « étalonnée ». L’or a souvent servi de modèle, et ce n’est d’ailleurs pas le seul « étalon ». Par exemple dans la province du Shaba dans la République Démocratique du Congo, la « croisette » était aussi une monnaie « normalisée », mais sur le cuivre.

La monnaie ne représentait pas, comme le kilo, la livre, le mètre, la coudée, la seconde... des unités physiques. Il n’y eut donc pas le même désir de normalisation et de précision. Elle ne représentait qu’une vague notion « d’effort » d’obtention, quelle qu’en soit la cause : travail, rareté... et appropriation !

L’appropriation est le véritable vecteur économique, car, plus que la rareté d’un objet, c’est l’envie de s’en approprier qui monte les enchères. C’est la fameuse loi de « l’offre et de la demande ». Cette loi, ne s’accommode pas de « normes », comme sans doute à l’origine les commerçants qui préférait utiliser leur « coudée », ou ceux qui ne voyaient pas l’utilité d’inventer le thermomètre, considérant que leurs sens suffisaient pour évaluer la chaleur et le froid.

Pourtant, tout est énergie et tout travail obéit aux lois de la thermodynamique notamment celle concernant l’entropie.

Quels seraient les avantages d’une telle monnaie ? C’est ce que nous allons développer.

L’indépendance géopolitique

En tout premier lieu, une telle monnaie aurait l’avantage de la neutralité géopolitique. L’énergie est identique et identiquement mesurée sur toute la planète, quel que soit les peuples qui occupent les « découpes » territoriales et quelle que soient les alliances économiques.

Cela permettrait de ne plus soumettre des populations à des dévaluations nationales, choses qui devraient être considérées comme un acte ségrégationniste, car derrière la dévaluation, se cache la dépréciation du travail humain des régions concernées. C’est d’autant plus grave que l’on sait combien le « salaire » est une marque de reconnaissance. Or voir son pouvoir d’achat diminuer correspond à une sanction, d’autant plus injuste qu’elle est décidée par des puissants qui décident de la valeur à attribuer à une monnaie locale et indirectement à des humains.

Le travail humain

L’humain, comme tout être vivant, est du point de vue purement de la physique, une « machine » qui travaille en transformant les énergies au sein desquelles il est plongé.

Or vivre implique déjà en soi un travail.

(Extraits de Wikipédia) Le métabolisme est soumis aux principes de la thermodynamique, qui régissent les échanges de chaleur et de travail. Le deuxième principe de la thermodynamique indique que, dans tout système fermé, l’entropie (c’est-à-dire le désordre) tend à augmenter. […] la vie n’est cependant possible que parce que tous les organismes sont des systèmes ouverts, qui échangent matière et énergie avec leur environnement. [...]

Le métabolisme de base (MB), ou métabolisme basal, correspond aux besoins énergétiques « incompressibles » de l’organisme, c’est-à-dire la dépense d’énergie minimum quotidienne permettant à l’organisme de survivre ; au repos, l’organisme consomme de l’énergie pour maintenir en activité ses fonctions (cœur, cerveau, respiration, digestion, maintien de la température du corps), avec des réactions biochimiques [...]

À cette dépense énergétique de repos, on peut signaler deux autres types de métabolismes:

Métabolisme postprandial : dépense calorique consécutive à un repas...

Métabolisme de l’exercice : dépense calorique consécutive à un effort physique ou au cerveau pendant un travail intellectuel ou de concentration intense (examens, conduite automobile...). Ce besoin est difficilement quantifiable étant donné qu’il varie d’un individu à l’autre et d’une situation à l’autre.

Dans tous les cas de figure, la « machine » humaine consomme de l’énergie. Son intelligence primaire d’être vivant consistera à trouver de l’énergie consommable, pour maintenir son existence et la prolonger. Une intelligence plus « évoluée » cherchera à améliorer le rendement de cette quête et de l’emploi des ressources qui toutes, en fin de compte, sont les fruits d’échanges énergétiques.

Par extension, tout « commerce » de l’homme avec son environnement, et donc l’humanité elle-même, est énergétique. Une monnaie permettant de mesurer cet échange sur une base énergétique pourrait au moins par exemple assurer le « minimum vital » que requiert son existence. Si un SMIC, un RSA, une pension de retraite devaient exister, elle devrait au moins représenter le métabolisme minimum de l’humain. Par métabolisme minimum, nous entendons le métabolisme de base auquel s’ajouteraient ceux qui s’imposent pour un minimum d’activité sociale et sécuritaire. Si notre société ne permet plus de profiter spontanément des dons de la nature (énergie, abri), il peut paraître logique que la « société » compense cette perte individuelle, qu’elle-même a bénéficié.

Encore une fois, cette mesure, même s’il est peu dépendre des climats et autres facteurs géologiques serait indépendant de la géopolitique proprement dite. Le métabolisme d’un bébé pygmée ou celui d’un vieillard inuit ne dépend d’aucune considération financière.

Les dépenses énergétiques de production

L’intérêt d’une monnaie basée sur la notion d’énergie est qu’elle est propice à représenter le véritable travail fourni lors de la production de biens (de « consommation » ou non).

La fabrication d’un objet est une succession de travaux ayant un prix énergétique : extraction de matières premières, affinage, alliage, mises en forme... jusqu’à son usage final. Et ensuite, le recyclage procède presque de la même manière, sauf que cette fois, le « minerai » n’est pas extrait du sol, mais récupéré des « déchets ». Il faut noter que la notion de recyclage occulte souvent le fait qu’il y a malgré tout consommation d’énergie. Ce qui est souvent tu comme s’il s’agissait d’un mensonge par omission pour « rassurer » les âmes candides et bien pensantes quant à l’écologie.

Dans tous les cas, il faut introduire les déplacements fournis, et, enfin, additionner toutes les activités humaines dédiées à ces actions.

Le rendement

Le rendement au sens de la physique serait directement récompensé. En effet, toute créativité permettant de produire à moindre coût énergétique serait automatiquement répercutée par une monnaie énergétique. Un tel système inciterait à réduire les dépenses de production et à produire plus à moindre coût. Il ne faut pas confondre ce rendement au sens de la physique de celui du travail qui a une notion de productivité dans le temps, ce qui s’apparenterait plus à un calcul de puissance (toujours au sens de la physique, c’est-à-dire de travailler plus vite).

Dans un mode de fonctionnement écologique, le slogan ne devrait pas se résumer à travailler plus pour gagner plus, mais aussi et surtout travailler mieux pour dépenser moins.

Les coûts des cycles de vie

Les coûts des différentes phases d’un produit, création, perfectionnement, maintenance, recyclage... seraient aussi mesurés avec précision, ce qui permettrait d’évaluer l’intérêt à choisir certaines orientations plus sages, même l’abandon d’un projet qui s’avérerait plus couteux que la création d’un nouveau.

Il n’y aurait pas ainsi de mode « écologique » pouvant se développer autour de concepts omettant certaines « dépenses ». Ainsi les recyclages de matières seraient peut-être vus sous un autre angle qui n’aurait d’autre but que rassurer la consommation en oubliant par exemple systématiquement le prix de la production et du stockage de l’électricité lorsqu’on vante une innocuité écologique.

Les valeurs intrinsèques

Deux sortes d’énergies « intrinsèques » : le prix de la matière elle-même et celui de la vie.

On parle souvent du prix de la rareté de certains matériaux. Il est toujours spéculatif et pourtant lui aussi peut être quantifié de manière rigoureusement scientifique, même au niveau de sa structure nucléaire. Plus un noyau a coûté énergétiquement cher pour exister, plus il est rare.

Quant aux réactions physico-chimiques qui ont conduit à l’existence de certains éléments simples (atomes) ou complexes (molécules...), cela aussi peut être mesurable.

De même, le métabolisme pourrait être une base pour mesurer le revenu minimum et salarial d’un individu, de même on pourrait utiliser une méthode analogue pour mesurer le prix des produits agricoles. Ainsi, un animal se nourrissant de végétaux est une chaîne de transformation énergétique.

Ces valeurs intrinsèques pourraient déterminer le coût écologique des matières premières et agricoles.

Mais, ces valeurs intrinsèques ne seraient pas reversées à un quelconque propriétaire. Elle devrait l’être à un fond commun planétaire permettant de gérer le renouvellement des ressources.

Dans un tel raisonnement, personne ne serait donc propriétaire d’un quelconque sous-sol ni être vivant, et à fortiori humain. Seul le travail pour gérer ses différentes ressources : richesses minières, aquatiques, sols cultivés ou non, cheptel, animaux domestiques, associés salariés ou non...

Par contre, dans la gestion, intervient la notion d’abri, à nos yeux, indispensable pour tout être vivant. Il s’en suit que l’entretien d’un espace sécurisé aussi pour se reposer, s’approvisionner ou travailler a un coût énergétique, donc redevable.

La « manne du ciel ».

Des échanges circulaires

La notion d’aides de solidarité est aussi à revoir sous la lumière de la monnaie énergétique.

En effet, au lieu de se perdre en calculs complexes et à force injustes, car incontrôlable, il serait préférable de donner à chaque humain une sorte de droit à la vie depuis la naissance jusqu’à la mort. De l’énergie, nous en recevons à chaque instant notre part donnée essentiellement, directement ou indirectement, par le Soleil et la gravitation, et cela bien avant la notion de monnaie et de finance, à l’instar de tous les êtres vivants et de toute l’humanité qui a précédé nos « grandes » civilisations, sans omettre celles du commerce, du grand capital et de la course à la consommation. Il est évident que cela ne fera pas disparaître les besoins d’assistance, car personne n’est à l’abri d’incident, mais cela améliorerait les flux d’échanges tellement opacifiés par l’absence de mesures fiables. Presque personne ne peut réaliser les impacts et les illogismes des aides passant par les contributions, les taxes, et les aides...

Par exemple, personne ne semble vouloir faire comprendre que les systèmes de retraite sont « illogique ». En effet, sans rentrer dans les détails des besoins différents liés à l’âge, prévoir pour ses vieux jours se résumerait à laisser une part de son « reste à vivre » d’aujourd’hui pour demain. C’est en réalité une somme colossale... combien peuvent la payer ? Autrement dit, et crument dit, cette somme manquante n’est apportée que par le décès prématuré de cotisants. Et là, on arrive à la quadrature du cercle, puisque l’on veut prolonger la vie même au-delà de la souffrance et de la conscience, et à quel prix énergétiques !

Et si l’on regardait tous les flux, les plus banaux, par exemple celui que le boulanger va payer à l’État qui en donne une partie à l’armée qui paye l’entreprise travaillant pour elle, laquelle verse le salaire de l’ingénieur qui va acheter son pain chez le boulanger... Combien d’échanges sont finalement d’une manière ou d’une autre « circulaires » ? Ce qui a été donné d’une main est repris par l’autre. Cette vision devrait mettre en question la notion d’imposition, de taxe, etc. De manière caricaturale, on pourrait dire que le boulanger a donné de l’argent à l’ingénieur pour qu’il se nourrisse chez lui à condition que ce dernier ait contribué à l’armement de son pays. Était-ce vraiment ce qu’il voulait ?

Le flux de la consommation, de même que les capitalisations, du point de vue énergétique sont bien des réalités sans valeurs ni politiques ni morales. Les analyser sous cet angle peut nous conduire à d’autres concepts économiques.

Survie et confort

Ce droit à la vie pourrait correspondre à subvenir à un « métabolisme minimum ». La manne du ciel devrait faire disparaître toutes ces notions d’aide récurente, puisque tout le monde les recevrait. Ce serait une sorte de « don » à la vie depuis la naissance jusqu’à la mort, planétaire et identique, pour tous. Un « don » et non un « droit », car nous n’avons aucun droit sur l’Univers.

Et certains se feront dépouiller ? Hélas, sans doute, mais ce ne sera pas à cause de l’économie énergétique. De toute manière, cette manne étant permanente, l’individu sera rapidement naturellement renfloué.

Par contre, cette manne du ciel servirait essentiellement à la survie de l’individu en milieu urbain, compensant l’absence de nature pour se nourrir et s’abriter. Mais n’est-ce pas le cas déjà actuellement pour une très large majorité ? Une grande partie de l’énergie est consommée dans ce but : il suffit pour beaucoup de gens de comparer ses revenus avec ceux du logement de l’alimentation. De manière primitive, cela se résumerait à la chasse et au maintien d’un environnement sécuritaire.

L’excédent énergétique par rapport au besoin minimum servirait alors à améliorer son bien-être. D’où l’importance du rendement !

Capital et synergie

L’imposition ne devrait servir qu’à maintenir les structures partagées par des communautés, et non à maintenir une fausse redistribution qui est en réalité purement politique et donc subjective.

Peut-être aussi serait-il temps de changer complètement la vision du crédit. Aucun système physique ou biologique ne vit à crédit.

Jusqu’à présent, aucun physicien n’a démontré que l’on pouvait créer de l’énergie. Le capital est incontournable en physique, c’est l’énergie potentielle de tout objet physique.

L’emprunt n’existe pas en biologie : un être vivant ne peut jamais consommer plus que ce qu’il a, sinon, il meurt.

La rémunération

La gestion d’une économie basée sur l’énergie devrait mener à reconsidérer le travail fait en commun : le salaire ne servirait plus à faire vivre quelqu’un, mais à gratifier l’apport fourni par le travail.

Or comme nous le disions, le travail consiste souvent à donner quelque chose qui a été récolté de notre monde puis transformé en « consommant » de l’énergie, qu’il s’agisse de chose vivante comme les végétaux, les animaux, le sous-produit... ou d’objet assemblé de matériaux, extraits, raffinés... Les énergies fondamentales n’appartiennent en soi à personne. Ce qui s’achète et se vend serait uniquement le travail de chacun, non celui des autres ou celui fourni par la nature et par les machines. C’est le travail exécuté par l’organisme qui a besoin d’être « rémunéré », non celui qui a été brûlé par autre chose.

Mais si ce travail a été effectué par d’autres êtres humains, ce sont ces autres humains qui ont besoin d’être rétribués. Nous pouvons alors paraphraser dès lors la fameuse phrase « à travail égal, salaire égal » en « à énergies consommées égales, rétributions égales ».

Paresse

Et si tout le monde reçoit une « manne du ciel », est-ce que cela ne serait pas propice à la paresse ?

Tout d’abord, il faut s’entendre sur la notion de « paresse » qui peut être une maladie, une forme d’abus, une marque d’intelligence...

Toute maladie mérite sa manne, car l’énergie solaire ou gravitationnelle ne fait aucune discrimination sur l’état de santé physique ou psychique des bénéficiaires.

D’un autre côté, il faut se souvenir que l’intelligence pousse à inventer le travail pour précisément moins travailler. C’est pourquoi on crée des machines. L’intelligence consiste à prévoir le meilleur rendement parmi les choix possibles pour gagner plus de ressources tout en diminuant la fatigue, ou plus précisément, en souffrant le moins possible. Il y a donc une tendance naturelle, saine et logique à « paresser ».

Le véritable « socialisme » serait de réduire le temps de travail et surtout de pénibilité pour tous sans vouloir se substituer à la nature !

Écologie

Une telle conception de vie serait déjà beaucoup plus écologique que toutes les autres attitudes parfois plus liées à des modes politicienne récupérés par le génie de la consommation. Maîtriser l’énergie de bout en bout devrait être un « idéal » écologique. Les espèces rares et surtout couteuses à produire doivent être protégées par le biais d’une monnaie liée à l’énergie.

On ne peut vivre pour la consommation alimentée par la production, cela a un coût énergétique que personne ne relève. C’est là qu’est la dépense de la planète. Il faut donc fabriquer pour durer, ce qui est diamétralement opposé à l’esprit de la consommation.

Plus loin encore !

Proche de l’utopie, peut-être, mais si l’on parle d’une manne du ciel, pourquoi ne pas suggérer aussi la manne de la terre ? La terre n’appartient en soi à personne. C’est ce qu’on en fait qui gagne de la valeur en fonction de l’énergie qu’on y a consacrée. Une terre agraire ne gagne de valeur que par le travail de l’agriculteur, les ressources minières ne gagnent que parce qu’elles ont été extraites... L’espace physique n’a de valeur que parce qu’il est protégé d’une manière ou d’une autre contre les intempéries ou contre les invasions de toutes espèces. Peut-être qu’un jour, la Terre sera considérée comme équipartageable, de la naissance à la mort, comme dans la légende de Hôdo : un lopin pour soi, un lopin pour la vie de la communauté et un lopin intouchable pour la Terre elle-même. Il y a là une véritable révolution de mentalité qui risque de ne pas plaire à beaucoup de monde. Et pourtant...

Un exemple :

Un paysan produit du blé. Pour simplifier le raisonnement de l’exemple, on omet qu’il a fallu au préalable avoir des semences et travaillé la terre... Mais ici, nous nous contentons de « cueillir » le blé à la main. Il y aurait alors deux lots d’énergies pour représenter le travail de l’agriculteur : l’énergie du blé en soi et celle de son activité. Mais ce blé n’est pas exploitable directement, il faut le transporter au moulin, ce qui va ajouter deux paires de lots d’énergie sans rentrer dans les détails : le travail transporteur et l’énergie du moyen de transport, puis le travail du meunier et celui du moulin. Ce blé devra être transformé pour être propre à la consommation, d’où deux autres paires de lots : le travail transporteur suivant et l’énergie du moyen de transport, puis le travail du boulanger et l’énergie du four. On peut même imaginer que ce pain va être vendu en grande surface, d’où une nouvelle collection de paires d’énergies : transporteur-transport, magasinier-stockage... La personne qui viendra acheter ce pain devra payer au prorata les différentes énergies consommées. Là aussi, il y a deux lots : l’énergie des travailleurs, et celles des machines qui se sont usées, des carburants brûlés, de la terre qui s’est appauvrie...

Le premier lot devra rétribuer le travail humain et le second assurer la maintenance des machines et de la plus importante de toutes : la Terre. Ce dernier lot serait géré par une sorte de Banque Écologique Mondiale.

Avec ce petit exemple, on veut montrer la notion de double type de dépenses : celles effectuées par l’homme, et celles engendrées par les outils, les végétaux... qui eux-mêmes requièrent soins et alimentation, c’est-à-dire de nouveaux apports de matière et d’énergie.

On se rend bien compte avec toutes les omissions qui ont été faites pour la facilité de la démonstration que l’application d’une telle économie basée sur l’énergie ne serait pas « juste » instantanément et que de toute manière il faudra toujours par la suite des réajustements pour tenir compte de tel ou tel flux d’énergie oublié ou mal évalué dans les mesures précédentes.

Mais on voit ici l’écart entre nos systèmes actuels. Il n’y a pas d’enrichissement possible par le travail ! En effet, la rétribution correspond à la perte d’énergie du travailleur. Par contre, il y a appauvrissement de celui qui ne dépend que du travail des autres, car pour vivre, il a besoin de faire appel à leur service ou de vivre en complète autarcie.

En effet, si le producteur a dépensé 20ⵐ d’énergie personnelle et 20ⵐ d’énergie non personnelle (autres hommes, machine, matière première...), le consommateur devra lui payer 40ⵐ, donc en fin de transaction, le consommateur aura perdu 40ⵐ et le producteur seulement 20ⵐ.

Plus les dépenses seront élevées, plus l’acquéreur se tournera vers un système plus économique, donc avec un meilleur rendement. Un travailleur qui produirait trop cher par manque d’optimisation à rapport de qualité égal, se verrait pénalisé comme dans les systèmes actuels de concurrence.