2010-05-29

Les deux loups intérieurs

Un homme âgé dit à son petit-fils, venu le voir très en colère conte un ami qui s'était montré injuste envers lui :
« Laisse-moi te raconter une histoire… Il m'arrive aussi parfois de ressentir de la haine contre ceux qui se conduisent mal et n'en éprouvent aucun regret.
Mais la haine t'épuise et ne blesse pas ton ennemi.
C'est comme avaler du poison et désirer que ton ennemi en meure.
J'ai souvent combattu ses sentiments ».
Il continua : « c'est comme si j'avais deux loups à l'intérieur de moi : le premier est bon et ne me fait aucun tort.






Il vit en harmonie avec tout ce qui l'entoure et ne s'offense pas lorsqu'il n'y a pas lieu de s'offenser.
Il combat uniquement lorsque c'est juste de le faire, et il le fait de manière juste.
Mais l'autre loup, ah, il est plein de colère.
La plus petite chose le précipite dans des accès de rage.
Il se bat contre n'importe qui, tout le temps, sans raison.
Il n'est pas capable de penser parce que sa colère et sa haine sont immenses.
Il est désespérément en colère et pourtant sa colère ne change rien.
Il est parfois si difficile de vivre avec ces deux loups à l'intérieur de moi parce que tous deux veulent dominer mon esprit ».
Le garçon regarda attentivement son grand-père dans les yeux et demanda : « lequel des deux l'emporte, grand-père ? ».
Le grand-père sourit et répondit doucement : « celui que je nourris ».

2010-05-09

Le vent et la tempête

Un article de Livingstone.

En psychothérapie, il n'est pas rare de devoir faire remonter à la conscience des souvenirs enfouis pour soigner le patient. La mémoire est effectivement sélective et elle oublie ce qui ne sert à rien pour l'intelligence qu'elle alimente, mais aussi ce qui risque de déstabiliser la structure mentale. Le problème est que les souvenirs oubliés ne le sont pas toujours complètement.
Il reste des traces dans l'énorme trame qu'est notre cerveau, et sur ces traces, jour après jour notre personnalité se tisse, créant parfois des noeuds très complexes. Ces complexes peuvent devenir si gênants pour le bon déploiement de la personnalité qu'il devient indispensable de remonter à la source et de s'en remémorer pour résoudre le problème bloquant.
Dans le concept hôdon, les sociétés sont souvent assimilées à des organismes pensants. Même si les humains qui les composent ont plus d'autonomie que les cellules qui les constituent, certains comportements de l'intelligence sont analogues.
Les sociétés humaines conservent dans leur mémoire un historique commun qui peut devenir un poison psychologique entravant tout développement sain et harmonieux. Mais les humains ne sont pas des cellules bien disciplinées vivant en synergie. L'autonomie est telle que le besoin de domination est presque un corollaire. Et certains humains plus que d'autres sont friands de domination de l'homme par l'homme. Ces dominants se comportent souvent comme les « neurones » de leur société, sauf que les neurones, eux, ne s'arrogent aucun privilège. Ces transmetteurs d'ordres, d'action et de pensée savent entretenir les souvenirs douloureux pour « profiter » de l'énergie, essentiellement négative mise en jeu. Ne lorgnons pas sur le voisin, nous sommes tous concernés, c'est d'ailleurs pourquoi le concept hôdon ne doit pas être identifiable à aucune culture.
Le devoir de mémoire est presque gênant comme définition rien qu'à cause du mot « devoir » qui, issu de la bouche d'un tyran, peut revêtir de nombreux sous entendus.
S'il y avait — et j'espère qu'il y aura un jour — une psychothérapie des sociétés, elle ferait sans doute comme avec les humains. Elle ferait remonter tous les ressentiments associés à un événement, mais non dans le but de faire souffrir soi ou les autres, de culpabiliser ou de chercher vengeance. Il faut extirper le complexe qui finalement masque en justifiant plus qu'il n'engendre une impuissance, celle de ne pas pouvoir s'en sortir dans le présent. Un tel ressassement est malsain s'il ne sert pas à comprendre la cause première qui était souvent le fait de cascades de malentendus, de peur, de réactions irrationnelles... aussi irrationnelles que celle de rejeter la faute sur autrui lorsqu'on n'est pas capable de résoudre ses problèmes.
Hélas, à la place des psychothérapeutes de société et il n'y a aujourd'hui que pléthores de semeurs de haine qui pointe du doigt la partie visible de l'iceberg, en appelant cela la mémoire : celle qu'on doit se souvenir, pour maintenir le niveau d'adrénaline assez élevé pour engendrer de nouveaux pouvoirs avec leurs nouvelles têtes dont ils rêvent de faire parties, portés par leurs troupes hypnotisées, galvanisées par cette puissance incroyable qu'est la haine soigneusement distillée et entretenue. Hélas, la compassion et la solidarité peuvent être facilement soufflées par les semeurs de vents qui espèrent lever les tempêtes.
Mais quand donc l'humanité comprendra que si la seule réponse à la vengeance est la vengeance, il n'y aura jamais autre chose que des lamentations en souvenir ?

2010-05-01

Réponse à un revanchard.

Quant à savoir qui a occupé quoi quand et comment dans l'espace méditerrannéen, je pense que des chercheurs à l'instar de Donald Wiedner s'y sont penché au moins depuis la fin des années 1950. Ce scientifique étudiait la civilisation de l'Afrique noire et évidemment, l'occupation des territoires.
Il semblerait que les Berbères, Arabes et Européens sont issus d'une même branche ethnique qui aurait ses origines entre la pointe sud de la mer Rouge et les hauts lacs du Kenya, c'est-à-dire au coeur de cette Afrique.
Les Berbères furent les premiers occupants de l'Afrique du Nord mais il se peut aussi qu'ils aient repoussé la branche nigérienne vers les sud, et ces derniers la branche des pygmées vers l'équateur à l'abri dans la forêt.

Alors que les Berbères remontèrent vers l'Afrique du nord en longeant le Nil, la branche sémitique se dirigea vers l'Est, migra vers la Mésopotamie et plus loin encore. Mais deux autres branches orientales revinrent sur leur pas. L’une au nord de la Méditerranée et l'autre au sud.
On peut remonter très loin dans les luttes fratricides de l'humanité pour l'occupation des sols, et s'il fallait tout remettre à zéro je doute que nous serions là où nous sommes aujourd'hui.

Remonter dans le passé, pour découvrir la trajectoire de l'Homme dans ce qu'il a créé en bégayant est à mon sens une belle leçon à partager avec tous, bien plus belle que celles que l'on diffuse en déterrant l'esprit de vengeance pour préparer les guerres du futur, celles que des penseurs bien à l'abri aujourd'hui susurrent à leurs enfants pour demain, sachant que les vaincus de demain se vengeront sans doutes sur leurs petits enfants parce que leurs aïeux n'auront pas su oser la paix... 

 Si la haine répond à la haine, comment la haine finira-t-elle ? C'est le pardon qui doit y mettre fin (légende shintô).