Nous sommes tous, sans exception, et je ne
m’exclus pas de ce « tous », comme le font de nombreux
prophètes de moralité, des Dominants en herbes. De même, nous
sommes tous plus ou moins des adorateurs de Dominants, car ça nous
arrange bien.
Mais le Dominant n’obéit qu’à sa vérité,
la sienne, celle qu’il a dans sa petite boîte crânienne. Certes,
il offre son expertise de synthèse et de gestion qui sont parfois
d’une grande qualité, mais il ne s’arrête en général jamais à
cette compétence. Son pouvoir ne s’arrête malheureusement jamais
à la notion de domination fonctionnelle, et toujours il essaie de
fabriquer son univers en l’imposant au soumis, « théoriquement »
et « élégamment dit », aux électeurs.
Le système démocratique a cru résoudre ce
problème en faisant cohabiter les tendances opposées, comme le
frein et l’accélérateur du véhicule, la direction à gauche ou à
droite. Sage conception, car l’Univers lui-même n’existe que par
ces antagonismes : sans force de répulsion, il n’y aurait pas
l’expansion de l’univers qui ne serait qu’un immortel trou
noir, et sans force d’attraction il n’y aurait pas les soleils,
les planètes et la vie dessus.
Mais hélas, l’esprit dominant s’accommode
très mal du partage du pouvoir. Alors nos démocraties se comportent
comme des monarchies sectaires à durée déterminée. Imaginez votre
voiture devant rouler pendant un certain temps sans freins, puis,
pour respecter l’alternance, avec les freins, mais sans
accélérateur. Il ne faut pas être sorti de l’ENA pour deviner
que vous n’irez pas loin dans un cas et que vous n’éviterez pas
les accidents dans le second.
Alors des Dominants imaginent que la solution est
au milieu. Même si ce n’est pas pour « ratisser large »,
ce type de Dominant sera confronté à un problème récurant :
le dilemme. S’il tergiverse, hésite, doute, il conduira
inévitablement les affaires, la nation en l’occurrence, dans
l’abîme d’un ressenti d’abandon, source de désespoir, d’abus
dans les zones d’ombre, et donc de colères... Le soumis n’accepte
la dominance qu’au prix de la sécurité. Or, si le dominant
tranche, il sera peu à peu et plus ou moins vite en train d’endosser
la tunique de dictateur. Il trahira alors la notion de démocratie et
les dissensions resurgissent encore plus violemment.
C’est pourquoi Hôdo préconise l’acratie,
c’est-à-dire une hiérarchie fonctionnelle incontournable au bon
fonctionnement de la plupart des organismes, mais une absence de
monopole de pouvoirs.
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