Les mises à jour de la Charte de Hôdo et des liens vers les différents formats sont sur le site Projet Hôdo
Biopolitique
L’esprit hôdon est résumé dans les trois lois de Hôdo
1
, conséquence et structure d’une étude d’une nouvelle conception de la politique
2
basée sur la biologie plutôt que sur une philosophie.
Si la biopolitique hôdonne devait exister dans une société quelconque quelle pourrait être son organisation ?
Tout d’abord, l’esprit hôdon devrait conduire à une sorte
d’acratie, c’est-à-dire un système où le pouvoir n’est détenu par aucune
oligarchie. Même si elles sont élues, les oligarchies ont toujours
tendance à se servir en priorité sur les « subordonnées », et ceci
souvent au détriment des deux premières lois de Hôdo.
Quoi qu’il en soit, tout système organisé obéit à plusieurs
contraintes fonctionnelles, la toute première étant la survie de
l’organisation elle-même qui in fine devrait assurer le bon
fonctionnement de chaque élément de l’ensemble. Les contraintes d’une
organisation sont essentiellement « cybernétiques » et correspondent à
des besoins divers : synchronisation, auto-évaluation, priorité et
urgence...
Il est important d’observer le fonctionnement d’une société sans
jugement de valeur aveuglant et de l’analyser comme un entomologiste qui
se contente de relever les faits. En effet, il est utile de comprendre
que la plupart des formes de gouvernance procèdent de la même manière.
Ce sont les niveaux de manipulations qui diffèrent au fur et à mesure
que les manipulés peuvent accéder à un niveau d’autonomie suffisante
pour défendre leur bien-être et imposer leur point de vue. Tous les
Dominants ont besoin d’une forme d’obéissance soumise pour atteindre
leurs objectifs. L’esclavagisme ou le salariat, par exemple, ont en eux
les mêmes mécanismes de bâton et de carotte. L’un utilise la violence,
l’autre la menace de l’exclusion. L’un et l’autre peuvent utiliser la
récompense, non par générosité, mais par esprit de rentabilité, car un
esclave en bonne santé ou un salarié « épanoui » sont plus productifs.
Les conquêtes de liberté ou de droits sont le résultat d’une lutte qui
pousse le dominant à céder, contraint et forcé, une part de son
« bien-être » pour ne pas perdre plus, surtout si la rébellion fait
apparaître une concurrence dans la domination. Ce n’est en tout cas sans
doute jamais un cadeau tombé du ciel. Après, avec le temps, les uns et
les autres vont justifier les « progrès ». Puis les Dominants trouveront
une autre manière d’asservir et les cycles de l’Histoire se répéteront,
sauf si, conscients des mécanismes en jeu, nous pouvions les maîtriser
comme nous le faisons dans de nombreux domaines techniques. L’humain
n’est pas fait pour voler, pourtant il vole.
De l’ermite au réseau social
La principale source de désaccord qui fait que les humains se combattent
entre eux et qui les pousse à dominer leur terrain de chasse et ceux
qui y vivent est l’unicité des ressources non partageables.
Paradoxalement, ce qui incite les humains à s’associer est la mise en
commun de ressources non partageables pour réaliser un projet censé être
plus profitable aux participants que s’ils étaient restés indépendants,
chacun pour soi. Il faut noter que dans le pire des cas, le bénéfice du
plus faible et plus soumis peut se résumer à rester en vie un peu plus
longtemps. Pour cela, des structures sociales établiront les règles de
partages qui seront respectées tant que la société les acceptera dans
son ensemble, sinon il y aura une scission qui s’installera et qui
pourrait dégénérer en conflit. L’art de maintenir cette cohésion est la
hantise de tous les Dominants, qui n’hésiteront pas à réduire au silence
toutes les oppositions.
Les moyens pour obtenir ce silence sont inépuisables. Les
« effacements », assassinats ou bannissements, peuvent se réaliser de
manière purement psychique aussi efficacement sinon plus que
physiquement. C’est même les méthodes mentales qui sont privilégiées par
ceux qui ne veulent pas laisser de traces afin que leur « juste
autorité » soit le moins possible remise en cause. Comment se révolter
contre un généreux bienfaiteur ?
La synergie impose dès le départ une communication fiable, donc
stable, entre les membres du groupe. Or, tout est message : les gestes,
les sons, les aspects... L’une des caractéristiques de l’intelligence
est l’imitation. Dès les premiers moments de la vie, un humain va imiter
celui qui le rassure le plus et avec qui il doit rapidement communiquer
ses besoins. Le langage maternel, ou initial, non seulement verbal,
prend ainsi bien plus de valeur que tous les autres. De lui dépend
instinctivement la survie. Ce mimétisme, qui ne s’arrêtera pas
d’ailleurs va instaurer toute une série de lois tacites de comportement.
Or ceux-ci, chez les modèles à imiter, sont imprégnés de lois établies
cette fois à partir de religions ou de philosophies. Ainsi, la langue et
la religion ont une telle importance dans la structure interne et
relationnelle d’un individu qu’il deviendra aisément un cheval de
bataille pour unir et désunir les groupes, pour signifier son
appartenance ou son rejet. La plupart des guerres s’appuient sur la
langue ou la religion.
La sphère intime
Les études comportementales observent que l’humain a besoin d’une sphère
d’intimité, une sorte de volume qui maintiendrait à l’écart toute
possibilité d’agression tant physique que psychique. La ''proxémie'' est
très importante pour étudier les sensations de bien-être des humains
entre eux en fonction des distances occupées dans les relations. Il ne
faut pas la confondre avec l’espace vital.
La sphère intime n’est pas qu’un espace de contact plus ou moins
rapproché. Il a été observé que ce dernier varie d’une population à une
autre et probablement d’un environnement géologique à l’autre. La
promiscuité semble une gêne pour tous, mais à géométrie variable, à la
fois selon les us et les coutumes, les buts du contact et les
opportunités temporelles.
Cette sphère protégeant à la fois le corps et l’intelligence a
plusieurs frontières en fonction des interactions et des signaux
échangés. Or, qui dit « signaux », dit aussi « intelligence pour les
interpréter », donc influence de la culture de la niche
environnementale.
Ainsi, les frontières qui délimitent l’espace visuel ou auditif
varient-elles fortement. Elles ne sont pas nécessairement délimitées par
des surfaces comme des murs statiques. Par exemple, pour le bruit qui
est plus ou moins gênant selon les populations en plus des
caractéristiques personnelles, c’est le niveau sonore, le rythme, la
fréquence, les circonstances... qui délimitent le seuil de l’intrusion
sonore. Parfois, les frontières sont purement visuelles et donc peuvent
s’étendre aussi loin que la vue le permet. Les vêtements ont souvent ce
type de rôle en plus de celui de se protéger physiquement des
désagréments de la nature.
La notion de frontière fait aussi apparaître le problème
sempiternel, à savoir de quel côté sont tournés les miradors ? Une
frontière peut être une protection vis-à-vis de l’extérieur, mais aussi
une prison qui empêche de sortir, tant physiquement que moralement.
Dans l’esprit hôdon, respecter cet espace est indispensable et
est lié aux deux premières lois. Tout humain sur la planète devrait
avoir ce minimum de sphère d’intimité, complètement personnel et à
l’abri de toute intrusion. Chacun devrait être libre d’ouvrir ou de
fermer ses portes et personne n’aurait le droit de forcer autrui à
changer ses filtres.
De plus, cet espace est absolument nécessaire pour assurer la
paix, car il est nécessaire de pouvoir se reposer, faire des trêves,
récupérer même en dehors du droit à la fuite et à l’évitement.
L’atteinte à ce droit serait viol ou harcèlement.
Il y a deux manières de pourvoir cet espace minimum : la cellule
de repos quasi monastique ou l’espace en friche comme les terrains
vagues qui permettent de s’évader hors de tout contexte social
préétabli.
Le clan familial
À cause de sa nature fragile et de son intelligence lente à développer,
car complexe, l’humain est longtemps soumis au partage des sphères
intimes de ses parents. Il sera à son tour obligé de se mêler à d’autres
sphères intimes lorsqu’il procréera.
Le clan familial est la première source d’information et donc
sera à la base de tout le comportement appris dans le futur, même si
cette base sera contestée, voire reniée par la suite. D’une part, la
contestation semble systématique et plus marquée à partir de certains
âges, liés sans doute à une recherche de plus grande autonomie, donc de
prise de pouvoir pour changer de main la domination. C’est peut-être un
comportement préinscrit pour nous forcer à toujours aller de l’avant
vers des solutions inexplorées. Ce qui est remarquable à retenir, c’est
que le rejet se fait en opposition à l’acquis, c’est-à-dire qu’il dépend
de toute manière de l’acquis précédent. Ainsi, il est beaucoup plus
fréquent de voir un anti-quelque-chose être devenu le miroir d’un
pro-quelque-chose, n’ayant gagné ainsi aucune liberté. Son droit de
faire le contraire est devenu un devoir. Les chaînes ont changé de côté.
Le clan familial est le premier lieu ou s’applique l’usage des
règles sociales. Mais c’est aussi le premier endroit où s’applique ce
que nous appelons « choc comportemental » au lieu de « choc des
cultures », car le choc ne vient pas des cultures en soi, mais des
comportements. D’ailleurs, comment pourrait-il y avoir des différences
de cultures au sein d’un clan ?
S’agissant d’une zone intime, donc soumise à la deuxième loi de
Hôdo, personne ne pourrait s’y ingérer, mais par contre, toute membre
d’un clan, même de petite taille comme un foyer ou gigantesque comme
certaines sectes, a le droit de pouvoir quitter l’association. Il y a
donc des questions à se poser à la racine même des sociétés. Qui
pourrait, qui devrait intervenir ? Et comment, s’il était constaté ou
déduit qu’un membre d’un clan était retenu en captivité ? Car, dans
l’esprit hôdon, si personne ne peut se targuer de détenir la vérité et
l’imposer à quiconque, le droit à l’évitement est une règle à observer
dans tous les cas de figure.
La cellule sociale
Si le clan familial n’est pas fermé, il doit pouvoir changer au fur et à
mesure de l’évolution de ses membres qui peuvent migrer vers d’autres
groupes et construire d’autres mini associations.
Il semble que l’humain ait un rapport optimisé avec une huitaine
de personnes simultanément dans une action commune. Cela serait entre
autres dû à sa structure mentale qui fait qu’il est capable de gérer en
parallèle statistiquement ce nombre de relations.
Il semble aussi que l’humain s’enrichit plus, du moins
intellectuellement, s’il appartient à plusieurs groupes distincts. Il
serait donc profitable que chaque humain, qui n’a pas a priori vocation à
être un ermite, interfère avec d’autres cellules.
Les analyses semblent montrer que le rendement cognitif de ces
groupes est accru s’il y a au moins un tiers de femmes et un tiers
d’homme. Il semble aussi que les organisations sont plus efficaces tant
qu’il y a deux membres de ces équipes qui jouent un rôle privilégié :
l’un étant le maître de remue-méninge favorisant l’éclosion d’idée et
l’autre servant de modérateur. Ces deux rôles qui peuvent paraître
semblables diffèrent principalement par leur relation : le premier doit
en permanence s’effacer et le second doit souvent s’impliquer.
Ces deux rôles peuvent devoir agir non seulement au sein de leur
groupe, mais aussi à l’extérieur, avec les autres cellules, jouant ainsi
un rôle de représentativité avec leurs « pairs » des autres
communautés.
Ainsi, chaque cellule serait idéalement composée de 8 membres,
dont au moins 3 femmes et 3 hommes, ainsi que d’un couple de
modérateurs. En portant ce raisonnement sur ces représentants, on
pourrait dire que 8 représentants femmes et 8 représentants hommes
pourraient représenter 64 personnes. En continuant ainsi, on arrive très
rapidement à réunir tous les habitants de la planète sous une forme de
démocratie représentative, dont l’unité serait une petite cellule,
créant ainsi une sorte de confédérations de confédérations en cascade,
donnant le pouvoir de participation local à chaque individu, puis à
chaque association.
Chaque cellule serait libre de s’associer ou non avec 7 autres,
et ce groupe avec 7 autres, etc. engendrant foyers, associations de
colocataires, cités, villes, pays, unions...
3
Les représentants de ces cellules ne seraient jamais des chefs de
quelque chose, mais des ambassadeurs à l’extérieur et des rapporteurs à
l’intérieur. Et chaque huitaine élirait sa paire de représentants.
Bien sûr, il ne faut pas se leurrer : le caractère dominant qui
nous habite tous fera que certains de ces délégués s’efforceront de
grimper dans la pyramide, mais leur « pouvoir » serait limité à n’être
que le relais entre les équivalents des autres associations et ceux
qu’ils représentent. Ils seraient dépourvus de pouvoir, d’où le terme
« acratie » souvent utilisé dans les schémas de Hôdo ; ils seraient
moins directifs, laissant les sociétés, et non la Société, s’adapter de
la base vers le sommet, et non l’inverse.
Pour bien comprendre, dans le pire des cas, ce n’est pas celui
qui serait quelque part sur les hauts gradins de la pyramide qui
déclarerait la guerre à un autre clan. Cette guerre serait faite au
niveau des cellules, et les représentants de ces cellules ne seraient
que les ambassadeurs ou les délégués des relations extérieures, comme
c’est le cas déjà aujourd’hui à une autre échelle. Ils joueraient le
rôle d’avocat, mais jamais celui de juge. Ce dernier rôle pourrait être
attribué à six autres partenaires modérateurs représentant l’ensemble
des communautés en conflit. Encore faut-il que la recherche de consensus
ne soit pas univoque comme cela arrive trop souvent derrière une
mascarade de démocratie ou de manipulation idéologique.
Les dictatures ne sont pas que celles qui font couler le plus de
sang, ce sont aussi celles instaurées par les cellules qui ont acquis le
pouvoir d’imposer leur volonté par la manipulation mentale à toutes les
autres.
Avons-nous vraiment besoin que des cellules privilégiées dictent
leurs lois aux autres ? Au nom de quelle vérité ? La vérité, c’est que
tous les Dominants et prétendants Dominants de l’Histoire n’ont toujours
eu qu’un seul but : étendre leur territoire de chasse.
Dans l’esprit Hôdo, seuls les contacts proches ont à négocier
leur bien-être et les règles comportementales qui leur permettent une
cohabitation sereine, respectant toute forme d’intelligence et toute
possibilité à refuser l’engagement. La cellule sociale est la brique de
la société. C’est elle qui est au contact de sa réalité, c’est elle qui
est au contact d’autres cellules, et c’est elle qui trouvera les ciments
qu’il faut pour vivre en synergie. Et ce n’est aucun lointain
gouvernant comprenant éventuellement ses cellules qui comprendra chaque
cellule.
Du cercle intime au voisinage
L’une des caractéristiques de l’apprentissage de l’humain et de nombreux animaux est le mimétisme.
L’enfant mime rapidement ses parents, et le cerveau semble être
doté de zones fortement spécialisées pour s’acquitter efficacement de
cette tâche. C’est logique vu la complexité de l’information à traiter
depuis l’acquisition par les sens, puis la transposition de ces signaux
dans le « moi », pour enfin piloter les muscles adéquats. Il arrive même
souvent qu’un enfant mime des choses que les parents n’ont pas
conscience de porter à la connaissance du petit cerveau.
Ces imitations engendrent toute une série de comportements qui
seront des us et coutume d’un clan. Ces coutumes engendreront de
véritables règles de savoir-vivre, en dehors desquelles tout non-respect
peut conduire à des réactions diverses, neutres, positives ou
négatives, xénophiles ou xénophobes. Or ces règles seront rarement
édictées sous forme de loi. Elles existaient bien avant l’écriture.
Elles paraissent parfois tellement naturelles qu’il ne vient même pas à
l’esprit de les noter. Alors, certains auront la maladresse ou
l’indélicatesse de considérer que puisque ce n’est pas écrit, le
contraire est autorisé.
Et comment se fait-il que parfois la différence engendre une
sympathie ou une antipathie ? Il y a peu d’études sur le sujet, mais on
pourrait comparer la pensée à un flux, une sorte de rivière circulant
entre des monts et des vallées qui seraient dessinés par les évaluations
statistiques des résultats positifs ou négatifs. Lorsqu’une brèche
s’ouvre, si la « pente » est en faveur de l’individu, la brèche s’ouvre
de plus en plus pour laisser passer le courant et parfois même dévier le
courant initial. Au contraire si la brèche est négative, non seulement
le flux ne passera pas, mais la brèche se cicatrisera, offrant plus plus
de résistance qu’avant.
Souvent, c’est le déni qui transformera l’indifférence, voire la
curiosité, en rejet, c’est la certitude d’avoir raison contre l’autre
qui sera conflictuel, car cette attitude indique toujours un rejet de ce
qui constitue les fondements de l’autre. Chacun croit à sa vérité, et
dans ce domaine les susceptibilités sont grandes. Ainsi, souvent, trop
souvent, le choc de comportement se transforme en « choc de cultures ».
C’est pour ces dernières raisons que la présence de médiateurs
est utile. Les qualités de modérateur ne sont pas données à tout le
monde et même dans toutes les circonstances, mais pour assurer l’esprit
gagnant/gagnant ou du moins non perdant entre deux camps, il est
souhaitable qu’il y ait un nombre identique de médiateurs appartenant à
chaque niveau d’association, c’est-à-dire voisinages, villes, peuples...
Cette forme de hiérarchie s’écarterait donc fortement de la
hiérarchie politique, car elle deviendrait « fonctionnelle » et
dynamique à tous les degrés. Il est important de noter que cette
catégorisation sociale ne serait pas chapeautée par un chef, mais
représentée par une sorte d’ambassadeur médiateur et modérateur. Il n’y
aurait pas de juge suprême non plus, mais il y aurait un nombre beaucoup
plus important de « négociateurs » : médiateur, modérateur,
psychologue, interprète, avocats... tout un tissu de « travailleurs »
sociaux, ce qui nous manque peut-être le plus aujourd’hui pour
progresser vers une humanité largement synergique.
Quant aux juges, comme aucun humain n’est à même d’être
absolument impartial même avec la meilleure volonté possible parce que
nos esprits sont tous enfermés dans nos petites boites crâniennes, leur
rôle serait à revoir complètement, d’autant plus que dans le système
préconisé, il faudrait toujours respecter une parité représentant les
deux parties. Or un chef d’État est un homme seul qui juge seul même
s’il est conseillé par une assemblée.
Les réseaux sociaux
« Les réseaux sociaux » est un terme à la mode pour désigner l’outil
informatique qui permet d’échanger avec d’autres personnes, mais
l’humanité n’a pas attendu l’avènement de l’internet pour créer les
réseaux sociaux, aux pluriels.
Certaines études semblent montrer que le nombre de relations
efficaces entretenues avec les autres est limité à 150, le « nombre de
Dunbar ».
Il est intéressant de constater que ce chiffre correspond à deux
fois une huitaine de cellules, ce qui est le nombre d’association
préconisée dans ce modèle d’organisation au niveau des cellules de base.
En effet si chaque cellule comprend une huitaine de membres, si chacune
a un représentant de chaque genre et que chacun de ces représentants
s’associe en huitaine, nous avons 2x8x8=128. Évidemment, ce ne sont là
que des modèles statistiques et schématiques à ne pas prendre comme une
norme rigide ou une préparation pharmaceutique. C’est surtout utile pour
comprendre que tout système démocratique qui dépasserait 16 000
personnes n’a plus vraiment aucun sens, la probabilité d’une
connaissance mutuelle entre cet élu et la niche environnementale de
l’électeur étant pratiquement nulle. Or ce qui intéresse quiconque,
c’est principalement son environnement immédiat.
Il y a de nombreux réseaux qui se tissent. Tout d’abord celui du
voisinage immédiat, plus ou moins dense selon l’habitat et le voisinage
de vie incluant des commerçants quotidiens ou d’autres relations comme
celle de son médecin. Ensuite, il y a tous les réseaux d’intérêt commun,
hobbies, sport, croyance... Parmi ces derniers, il faut ajouter les
cercles professionnels qui eux même entraîneront d’autres relations
créées par les transports en commun, les commerces de proximité...
Enfin, entre ces réseaux et leurs membres, il y aura souvent un partage
de ressources qu’il faudra sans cesse adapter à la fois pour que chaque
entité se sente gagnante/gagnante dans la transaction, mais aussi
efficace et rentable et cela, dans les limites des moyens disponibles,
car si les banques autorisent les découverts et les prêts, la nature au
nouveau macroscopique ne brûle jamais plus d’énergie qu’il n’est
possible.
De tous ces réseaux on peut en distinguer trois types : les
associations sociales qui incluent les protocoles de communication, la
gestion des ressources plus rentabilisée à grande échelle et les
associations fonctionnelles qui réunissent des compétences autour d’un
projet.
Associations de projet
Il faut rappeler et insister sur le fait que le mimétisme fait partie de
notre intelligence, que chaque être vivant défend son terrain de
chasse, et que chaque liberté est intimement liée à celle de la
domination. Le mimétisme compulsif frôle l’envie maladive et la jalousie
qui conduit à vouloir s’approprier les possessions d’autrui. Souvent,
le partage avec l’autre se résume à une prise de possession transformant
la symbiose en parasitisme, voire de prédation. C’est donc là que la
domination joue sous toutes ses formes. Violence ou charme sont utilisés
avec la même optique : dominer, c’est-à-dire réduire au silence toute
résistance au partage, voire au don, même provisoire. C’est pour cette
raison que le concept Hôdo ne met jamais en avant l’« amour » comme
moyen de pacification et source de sérénité, car aux mains d’un
manipulateur le résultat ne sera pas celui idéalisé par le mot « amour »
qui sera un miroir attirant et aveuglant dans un premier temps avant de
devenir un voile obscur et culpabilisant pour taire tout
questionnement. C’est pour cette même raison que le Projet Hôdo
préconise plutôt la notion d’associations libres de projets réunissant
librement ceux qui partagent effectivement le même but à développer
plutôt que de prôner des ensembles ou chacun est « frère », qu’il le
veuille ou pas.
En considérant la « liberté » comme un ensemble d’éléments
physiques ou cognitifs permettant d’acquérir des satisfactions, on peut
comprendre que l’association de deux ensembles différents peut
simultanément augmenter de nouveaux éléments de liberté et induire un
partage de « liberté »
4
. Or certains éléments ne sont pas partageables définitivement ou en
simultanéité. On ne peut s’asseoir sur la même chaise au même moment, on
ne peut définitivement plus manger le grain de riz avalé et digéré par
quelqu’un d’autre.
Les associations sont nécessaires pour augmenter l’espace de liberté
afin de conquérir de nouveaux éléments. Ces associations qui peuvent
aller de la simple « amicale » à la structure complexe d’une entreprise
produisant précisément des éléments qui vont contribuer à étendre
l’espace de liberté. Ces dernières requerront alors souvent une
discipline interne pour mener à bien le projet.
Lorsqu’un individu ou un groupe s’associe à un projet, il est
souvent nécessaire, voire incontournable, d’avoir un ou plusieurs chefs
d’orchestre avec leur hiérarchie et leurs règles propres, fonctionnelles
et indépendantes des autres structures, car adaptées aux besoins qui
leur sont spécifiques. Du point de vue hôdon, il est évident que
l’appartenance à un projet est libre, volontaire et consensuelle.
Ses associations de projets peuvent servir une communauté sociale
précise, et rien n’oblige à ce que les membres en deviennent la
propriété. Le partage, la coopération, la synergie sont toujours utiles
et enrichissants, non les dominations et les soumissions, même sous le
prétexte de bien-être social. Cela peut même être dangereux dès que ce
bien-être se confond avec l’esprit de sécurité.
Parmi les associations de projet, on peut distinguer deux grands
groupes selon qu’ils seraient à but lucratif ou non. C’est une
distinction qui s’impose tant que l’on ne dispose pas d’une
monnaie-énergie et d’une « manne du ciel »
5
.
Aucune organisation ne peut vivre de rien, car au moins chaque
membre a besoin de vivre. Or, les membres des associations à but non
lucratif sont souvent des bénévoles qui donnent en fait de leur propre
ressource, dont une essentielle, le temps libre. Ce temps est celui qui
ne sera pas utilisé pour « l’entretien » de leur être vivant, et sera
même un luxe en réalité quand les temps de crise limitent les temps
libres disponibles à offrir aux autres.
Évidemment, on pourra rétorquer que l’individualisme égoïste a
vite fait de monopoliser son temps pour sa propre satisfaction. C’est là
aussi une erreur d’évaluation toujours influencée par les fameuses
balances sociétales du bien et du mal agitées par les dominants pour
faire avancer les populations dans la direction qui leur convient. Le
cerveau, lui, n’obéit qu’à deux impératifs : aller de l’avant lorsque le
bilan satisfaction l’emporte, fuir lorsque c’est le bilan risque de
désagrément qui l’emporte. Nous avons tous notre composante altruiste,
car la survie de l’espèce est probablement profondément inscrite en
nous. Mais elle s’exprime de manière différente pour chacun d’entre
nous, car tout résulte toujours d’un bilan. Notre pensée pèse en
permanence le poids de tous les événements pour en tirer ses
conclusions. L’expérience vécue l’emporte probablement sur la théorie
enseignée. Mais cette dernière peut apporter un éclairage utile pour
ouvrir d’autres horizons. L’altruisme démontré comme un acte utile à
tous comme à chacun prendrait toute sa puissance dans l’exercice
pratique que pourraient offrir des services civiques. Dans un système
acratique comme celui de Hôdo, on pourrait se poser la question de
savoir comment « imposer » une telle formation. Tout d’abord, l’esprit
hôdon ne pourrait rien imposer : vous faites partie volontairement de
l’orchestre, et non par un hasard comme la naissance. Si le chef
d’orchestre vous propose de vous entraîner sur telle pratique, vous
pouvez accepter ou refuser, mais dans ce dernier cas, il est logique de
ne plus vouloir appartenir à l’orchestre s’il n’y a plus de consensus.
La vie en groupe impose souvent des contraintes. Ces contraintes,
tant qu’elles ne deviennent pas définitivement handicapantes, voire
létales, ont leurs avantages, car à l’instar des échecs, elles forcent
l’esprit à trouver des solutions de contournement, et agit dans le
cerveau comme l’épreuve physique qui renforce et assouplit la
musculature. Mais il faut, comme dans les sports et les jeux, accepter
des règles communes pour cela, sinon l’activité perd de son sens. Ou
alors, dans ce cas, il faut soit adapter les règles, soit créer une
variante de l’association. Dans tous les cas de figure, la deuxième loi
de Hôdo offre la possibilité de toujours quitter une association, car
aucune d’entre elles doit se transformer en ghetto ni physique ni
mental.
L’éducation joue un rôle essentiel dans l’apprentissage du
comportement. Elle permet d’enseigner les règles internes des diverses
associations, professionnelles ou sociales. Il semblerait logique dans
l’architecture sociale à la Hôdon, de laisser à chaque association le
soin d’enseigner son domaine de compétence. Là aussi, la partie sociale
serait logiquement parlant sans but lucratif.
D’autres organismes sans bénéfices pécuniaires peuvent naître du
besoin de solidarité altruiste, comme celui de la santé, santé qui peut
s’entendre au sens individuel ou à celui d’un groupe.
Les organismes gratuits ne peuvent en général pas survivre sans
un apport externe de ressources, d’où souvent se pose la question de la
contribution.
Avec une monnaie-énergie, le problème ne se poserait sans doute
pas, mais nous n’en sommes pas là. Néanmoins, il serait sage de se baser
sur l’esprit de cette monnaie-énergie : on ne peut dépenser que ce
qu’on a, et on ne peut avoir que ce qui existe. Ainsi, toute
contribution ne pourrait jamais dépasser un budget au moins écologique.
La seule solution qui semble être à la fois honnête et réaliste serait
de confier cette tâche à des « syndics », des associations de
mandataires des membres d’une association sociale (comme les
copropriétaires d’un immeuble) chargée de l’exécution des décisions de
l’assemblée. Comme pour les syndics, ce type d’association pourrait être
bénévole ou non.
Contrats et conflits
Toute alliance a des engagements. Certains sont particulièrement
simples : on aime ou on n’aime pas, on souscrit à l’association ou pas.
D’autres peuvent être très complexes. De toute manière, tous les
contrats devraient toujours décrire explicitement la rupture de contrat,
et donc la sortie de l’association, car dans l’esprit hôdon personne ne
peut se retrouver piégé, pieds et poings liés à une organisation,
quelle qu’elle soit. Mais tant qu’un membre appartient à cette
organisation, il est tenu de respecter ce contrat, car c’est cela qui
détermine la définition même de l’ensemble. En effet, il faut considérer
qu’une association de quelque nature qu’elle soit est un ensemble au
sens mathématique du terme, c’est-à-dire une entité qui contient
d’autres entités qui répondent aux mêmes définitions. Les définitions
sont ce qui caractérise les associations. Si une définition change, ce
qui est logique pour des entités dynamiques, les éléments peuvent ne
plus en faire partie, par définition. Maintenir de force un élément dans
un ensemble serait en contradiction avec l’esprit hôdon.
Dans ce cas, la question est de savoir comment séparer les
entités du point de vue hôdon : bannissement, scission, soumission,
emprisonnement ? La scission semble la solution la plus simple et celle
qui risque d’offrir un statut gagnant/gagnant, la moins incompatible
avec l’esprit hôdon. C’est curieusement l’option la moins choisie par
les Dominants qui rêvent toujours d’avoir un grand nombre de sujets ; le
bannissement est sûrement préférable à la soumission, car la première
loi, le respect de l’intelligence, prime le droit à un refuge. Quant à
l’emprisonnement, il peut être indispensable de pouvoir maintenir en
« quarantaine » un individu dangereux pour la société, mais il faudrait
alors reconsidérer complètement la notion de dangerosité. Cette dernière
est trop souvent politiquement et non biologiquement établie. De toute
manière, ce type de « mise à l’écart » ne devrait concerner que les
ensembles qui ne peuvent bannir un individu « hors normes » sans violer
les deux premières lois de Hôdo et qui sont en mesure de le « soigner ».
Encore faut-il vraiment savoir ce que signifie « soigner » et « hors
normes ». Dans l’état actuel, le flou dû à l’absence de réflexions
scientifiques débarrassées de toutes émotions politisées impose une
certaine prudence quant à ces concepts. À priori, seule l’exclusion
d’une communauté semble susceptible de respecter les deux premières lois
de Hôdo, à condition toutefois que l’exclu ait un abri. Or chaque
individu et chaque association peuvent appartenir à plusieurs
associations, il est donc envisageable qu’il ait quelque part la
possibilité d’avoir un refuge.
La notion de refuge de la deuxième loi de Hôdo imposerait que
chaque humain dispose d’un territoire qui lui soit propre de sa
naissance à sa mort. En fait, il faudrait même qu’il dispose de trois
parts. La première part servirait à son domicile pour se retirer. La
deuxième serait une zone d’échanges qui permet d’accéder à d’autres
domaines et de collaborer parfois dans des endroits communs. Enfin, il
aurait la responsabilité de la troisième part qui serait une réserve
naturelle, protégée et vierge de toute activité humaine.
Il faut voir dans ce cas que le bannissement à la Hôdon, n’a pas
du tout le sens social attribué dans nos sociétés constituées en clans,
en nations... Tout d’abord, il ne s’agit pas d’une attitude irrévocable
et surtout pas morale. Il s’agit uniquement d’écarter ce qui est source
d’agression tant qu’un consensus convivial n’est pas atteint. Le
« banni » ne serait de toute manière jamais privé de ses terres :
refuge, échange et écologie, car les lois de Hôdo s’appliquent
absolument pour tout le monde.
Les sociétés peuvent tellement être imbriquées et entremêlées que
l’exclusion d’un membre peut s’avérer impossible. Alors, à défaut de ne
pouvoir offrir un abri dehors, il faudrait se résoudre à offrir un abri
dedans, donc en arriver à une sorte d’incarcération ou plus précisément
de placement en résidence surveillée en guise de « quarantaine ». Cela
aurait plusieurs avantages dont celui de diminuer les risques de
contamination d’attitudes hostiles ou malveillantes en rassemblant dans
un même lieu des personnes susceptibles de créer une association
agressive.
Et qui donc se chargerait de la mission de protéger les gens
contre les agressions sous toutes les formes ? Il semble inévitable de
penser à l’existence d’une police, mais cette dernière n’appartiendrait à
personne et surtout à aucun Dominant. Par contre, il s’agirait là aussi
d’organisation d’experts, car ce n’est pas chaque humain qui sait
comment se comporter dans des situations de stress auxquelles il n’a pas
été préparé. C’est, comme pour la gestion économique, il est plus sage
et efficace de confier une tâche précise à des spécialistes. Cela peut
surprendre que le concept hôdon préfère confier ce professionnalisme à
des « mercenaires », mais cela est précisément dans l’optique de ne pas
fournir d’armées internes ou externes à des Dominants qui veulent
imposer leur volonté en dedans ou en dehors.
Les grands Domaines
Les grands Domaines — avec majuscules pour rappeler que ces unions sont
aujourd’hui faites en général pour et par les Dominateurs — ont leurs
avantages. Plus le nombre d’interactions est grand, plus chaque individu
a des chances d’enrichir son bien-être par un confort qui devient
réalisable en unissant les connaissances et les compétences.
Le premier avantage des grandes associations est celui de la
communication. Mais partager sans phagocyter implique de négocier, et
c’est impossible sans normes.
Communiquer ne se fait pas seulement au travers du langage et de
l’écriture, tout est échanges. La gestuelle, le comportement en général
sont eux-mêmes porteur de messages décodés différemment selon les niches
environnementales des populations. Ce qui est anodin pour certains peut
être obligatoire pour d’autres. Un geste non hostile, voire amical,
pour l’un peut être traduit comme une menace agressive par l’autre. Aux
comportements, on peut ajouter l’apparition de symboles, comme le
vêtement, le tatouage, et la « monnaie » avant que celle-ci ne devînt
divinité.
Qu’on le veuille ou pas, la vie dont fait partie l’homme réagit
beaucoup plus vite aux dangers qu’aux plaisirs. Une drogue attire par le
plaisir qu’elle procure, elle enchaîne par la menace de ne plus avoir
de plaisir. Il s’en suit qu’il faut rester prudent quand on parle
d’« amour » et garder son sang-froid quand on parle de « menace ». Les
Dominants utilisent ces deux leviers pour imposer leur domination. Mais
avons-nous besoin de Dominants ? C’est peut-être la première question à
se poser. Le fait de choisir un langage, une écriture, une conviction
philosophique ou religieuse ne devrait concerner que les cellules, mais
ces langages et ces styles de vie pourrait ou devrait être harmonisée
comme des projets auxquels adhèrent ou non les gens. Ces « associations
de projet » ont-elles besoin d’être obligatoirement réunies en un seul
paquet comme l’imposent les Dominants dans leur « style de vie » édicté à
leurs sujets ?
De toute manière, en plus des deux lois concernant l’une le
devoir de respecter l’intelligence et l’autre, le droit à l’évitement et
au refuge, la troisième loi de Hôdo préconisent le consensus ou le
hasard dans toutes les décisions communautaires. L’expérience montre que
le consensus est presque impossible à atteindre lorsqu’il y a plus de
huit intervenants. C’est pour cette raison que dans l’esprit Hôdo les
formes démocratiques actuelles, et surtout les démocraties directes et
non proportionnelles, n’ont pas de véritable sens. D’autant plus que les
candidats à une dominance proposent un « pack » et en général jamais de
référendum pour chaque élément du « pack ». On est donc amené à devoir
choisir entre la boule rouge et le cube vert alors que l’on voudrait une
boule verte. Et que dire pour un « pack » contenant une centaine de
propositions ! C’est aussi pour cette raison que l’esprit Hôdo préconise
un consensus par petits éléments d’arborescences fonctionnelles, ce qui
n’est pas et ne peut être une forme de hiérarchie au niveau social.
En effet, le système de hiérarchie fonctionnelle hôdon est prévu
pour la synergie et non pour la domination de n’importe quel groupe sur
un autre, quelles que soient leurs tailles respectives. Le système
d’arborescence doit préserver toute minorité et se contenter de ne
mettre en commun que le dénominateur commun consensuel.
Associations économiques
Parmi les associations de projets, il y a celles qui gèrent l’économie
d’un groupe, voire l’écologie du milieu environnemental local ou
planétaire.
De telles associations ont des buts divers, mais qui se résument
souvent par la récupération des ressources, leur stockage et leur
redistribution.
Ces spécialités ne sont pas « données » à tout le monde, car
chacun développe ses compétences au détriment des autres. C’est souvent
par exemple un reproche fait par les chercheurs et les créateurs de se
voir contraint à une gestion économique, administrative, voire
publicitaire, qui s’écarte de leur métier. Cette contrainte a très
souvent le double désavantage de leur prendre du temps sur leur
véritable talent et d’offrir une moindre qualité dans celui qu’on leur
impose.
C’est ainsi que de nombreux organismes confient la gestion de
leurs ressources à des experts qui peuvent ou non être extérieurs à
l’association qui les emploie. Il faut préciser que le terme ressource
ne se résume pas qu’à la notion financière.
Actuellement, ce type d’organisation au niveau d’un grand domaine
comme une nation peut faire partie d’un ministère, alors qu’au niveau
plus humble d’une petite communauté, comme une résidence, cette mission
sera confiée à un syndic, bénévole ou non.
Quand il s’agit d’un ministère, le pouvoir de gérer les
ressources est directement aux mains des Dominants. C’est pourquoi, du
point de vue hôdon, le syndic offre un système plus adapté à l’acratie.
En effet, un syndic peut apporter conseil et modération, mais il
ne fait qu’entériner les décisions d’une copropriété et se limite à
gérer un budget en fonction des stratégies adoptées. Dans ces
conditions, les « ministères » ne seraient pas sous la tutelle d’un
Dominant.
Les stockages sont très importants dans la notion d’économie. En
partageant les interfaces, voire en les supprimant, et en concentrant
les potentiels emmagasinés, ils diminuent les déperditions dues aux
échanges entre plusieurs entités, quelles qu’elles soient. En même
temps, cela réduit les dépenses inhérentes au maintien à l’état
opérationnel de ce qui est en attente d’utilisation.
Le syndic n’a pas pour vocation d’imposer ces désidératas comme
un gouvernement de Dominants. Il ne peut pas vouloir que vous ayez les
murs de votre cuisine peints en rose, sa couleur préférée, pas plus
qu’il ne peut vous obliger d’avoir un toit de pagode chinoise pour
montrer l’admiration (ou les intérêts) qu’il a pour la Chine.
Ce n’est pas non plus le conseil syndical qui imposerait quoi que
ce soit en « pack » de parti politique, car chaque point est voté par
l’assemblée des copropriétaires.
Quant aux appels de fonds, les « impositions » d’un État, elles
seraient remplacées par des dons, des rétributions, des mutualisations
et non par des prélèvements sans visibilité.
Il est important du point de vue hôdon que les gestions ne soient
pas opaques sous prétexte que ceux qui la subissent sont incompétents.
Il n’est pas besoin de savoir jouer d’un instrument ni de savoir lire
une partition pour apprécier une musique ou fuir une cacophonie.
Le consensus ou le hasard
L’un des principaux défauts de la gestion politique est d’offrir des
« packs » pendant une durée déterminée. Ceux qui ont promis ces
« programmes » ne peuvent alors s’empêcher de les faire passer au
forceps, non qu’ils soient « obtus » voire « méchants » ou
« incompétents », mais parce que notre intelligence est telle qu’elle
change d’autant plus difficilement de cap qu’elle s’y est investie.
C’est notre nature et les Dominants n’y échappent pas.
Le « pack », terme utilisé par dérision pour les projets
politiques, car ils ressemblent à certains produits de vente forcée, est
un ensemble de propositions qui s’inscrit dans une ligne politique. Or
là aussi, il y a une erreur réductrice très répandue. En effet, tout est
présenté comme s’il n’y avait qu’un axe de comportement allant de
« gauche » à « droite ». Or ce qui gère notre comportement n’est
heureusement pas un seul et unique axe, sinon notre intelligence serait
bien réduite. Nos réponses comportementales sont évaluées sur plusieurs
axes qui pourraient non aller de « gauche » à « droite », du « bien »
vers le « mal », mais de manière plus neutre du « yin » vers le
« yang ». Seul le résultat final est mesuré en « plaisir » et
« déplaisir ».
Il y a l’axe égoïsme – altruisme auquel on assigne une valeur
morale souvent inappropriée. L’égoïsme est le besoin de survie de
l’individu et l’altruisme celui de l’espèce. La survie de l’individu se
prolonge par celle de l’espèce, mais cet individu ne peut agir en ce
sens que s’il est en état de le faire. Pour être un héros, il faut déjà
être vivant. Ce qui est néfaste, c’est toute exagération, toute
sclérose, dans un sens comme dans l’autre. Il faut parfois être égoïste
comme il faut être à d’autres moments altruiste, biologiquement parlant.
Et même dans ce domaine, il faudrait ajouter un sous-axe : la portée de
l’altruisme. En effet, l’altruisme ne s’applique pas n’importe quand à
n’importe quel groupe. Parfois, l’altruisme se concentre sur le milieu
familial, parfois sur des groupes d’intérêts plus ou moins étendus.
Imposer un comportement unique, plaqué sur des mesures
« moralisatrices » est une manipulation à l’usage des Dominants pour
étendre leur zone de pouvoir. Par contre, il serait bien plus utile à
tous de savoir comment et pourquoi gérer ces comportements de manière
efficace et non désorganisée, soumise au seul éclairage de l’instinct.
Quelqu’un qui a appris par exemple les premiers gestes de secourisme ou
des bases de sauvetage serait plus porté à aider, car il saurait comment
se comporter en situation de crise. Sinon, il aura tendance à fuir, ce
qui est presque une bonne chose quand les actes risquent d’être pires
par leur inadéquation.
Il y a l’axe domination – soumission. Nous sommes tous dominants
dès qu’on le peut, et nous sommes aussi souvent soumis, volontairement
quand nous ne sommes pas manipulés par les Dominants qui nous font
croire qu’il n’y a qu’un seul bon choix possible.
On peut facilement accepter une « autorité » à laquelle on prête
allégeance, loyauté et obéissance, car souvent nous sommes conduits à
faire confiance à des compétences qui complètent les nôtres et qui sont
mises en symbiose par des chefs d’orchestre. Mais là aussi, un choix
unique pour tous les cas de figure et à tout instant est
contre-productif. Il vaudrait beaucoup mieux enseigner à tous comment
être fier de ses compétences, et laisser à chacun l’opportunité
d’apporter sa pierre à la contribution de l’humanité plutôt que de ne
viser et de ne flatter qu’un élitisme hiérarchique soumis d’ailleurs à
des modes. Il est inutile de vouloir n’avoir que des chefs d’orchestre
s’il n’y a plus de musiciens, inutile de brimer le premier violon s’il a
tendance à être électron libre, inutile de passer sous silence le
cymbalier qui ajoute pourtant sa note indispensable.
Il y a l’axe de l’évolution : conservatisme et progrès. Le
premier étant indispensable pour asseoir et lancer le second. L’un et
l’autre font partie de notre intelligence et très souvent à tour de rôle
au cours de notre vie. Il est nécessaire d’asseoir les connaissances
acquises pour évoluer à partir d’elles comme les ossatures qui
soutiennent tout mouvement.
Tous ces choix sont extrêmement liés aux circonstances. Il
semblerait insolite d’assigner à un pilote de conduire son véhicule sans
utiliser les freins, et en ne s’autorisant de ne tourner qu’à droite
pendant un jour, et l’inverse le demain sous prétexte d’alternance.
Une ONU ?
On pourrait penser que dans l’esprit hôdon une association rassemblant
la planète n’a pas de sens, car elle ne respecterait peut-être pas la
deuxième loi de Hôdo qui permettrait de sortir d’une organisation qui ne
convient pas. C’est pour ce type de question que la troisième loi de
Hôdo existe : le consensus ou le hasard. En effet, il semble logique que
des problèmes, tels que l’écologie, concernent la planète entière, car
la nature n’a pas les frontières des humains. Il pourrait en être de
même si on uniformise une monnaie comme celle de Hôdo, car ce serait une
monnaie naturelle et non spéculative.
Une utopie ?
Pas vraiment.
Le concept Hôdo de par sa nature acratique ne cherche pas à instaurer un parti politique qui prendra un quelconque pouvoir.
De plus, il faut compter avec l’internet. Les associations n’ont
plus besoin d’être uniquement géographiquement proches ! Mais pas
seulement : les sas calfeutrés de la hiérarchie peuvent être contournés,
voire ignorés. La parole de chacun peut ne pas être perdue dans le
silence, même si l’excès de bruit revient parfois au même.
Enfin, le Bitcoin pourrait être un point de départ de la monnaie-énergie.
Il faut donc en permanence préserver ce nouveau territoire même
si les Dominants essaient de nous l’enlever, ou de le minimiser en
prétendant que ce n’est que du virtuel. Tout compte fait, toute notre
intelligence est virtuelle car elle n'est qu'une timide compréhension au
travers du prisme de notre entendement du monde dans lequel on vit.
Elle n'est ni plus ni moins virtuelle que celle des Dominants.
Notes
1 : La Charte de Hôdo
2 : Pour une biopolitique
3 : Schématiquement,
le nombre de personnes appartenant à des huitaines de huitaines
d’ensembles donnerait : 8 pour une cellule, 64 pour huit cellules, puis
515, 4096, 32 k, 262k, 2M, 16M, 134M, 1G, 8G, 68G. Il suffit donc de 12
couches d’organisation horizontale pour représenter la Terre entière.
4 : Du
point de vue ensembliste, l’augmentation des éléments de libertés
correspond à l’union des deux ensembles, et le partage, à l’intersection
de ces ensembles.
5 : Concept de monnaie étalonnée sur l’énergie, proposé comme modèle mondial.
Remarque : il existe un
Opuscule au format PDF, mais moins rapidement à jour que cette page qui sert de référence.
Serge Jadot