2017-06-01

Qui et comment choisir un candidat dans le modèle Hôdo?

 Il ne faut pas oublier que l’idée du « Lapin Blanc » de Hôdo n’a pas pour objectif de créer un nouveau « courant politique », au contraire puisqu’il est censé représenter le vote blanc, l’abstention active et l’acratie. Ce n’est surtout pas non plus pour éliminer les différences, les clivages, en un mot uniformiser. Le respect de l’intelligence, c’est précisément accepter l’existence de réponses qui ne sont pas celles que l’on voudrait entendre, et voir dans les forces opposées les forges qui façonnent toutes les créations.
 Chacun peut voir dans chaque programme des bouts qui plaisent et d’autres qu’ils rejettent. Quant aux personnalités candidates, elles sont elles même complexes, intéressantes par certains côtés et repoussantes par d’autres. Lorsque les points négatifs ne sont pas fortement contrebalancés par les positifs, l’hésitation, l’indécision, le blanc devient souvent l’option finale. Quand cette dernière s’amplifie, à force, le dépit devient « abstention ». Or le temps des choix monolithiques semble être révolu. Même l’aménagement de sa cuisine se fait avec des modules en option sur le Web... alors pourquoi pas la politique ? La politique change de visage grâce à l’informatique et les moyens de communication modernes. Ne laissons pas cette naissance aux seuls Dominants qui se partagent les pouvoirs de la Planète. Prenons en main notre espace numérique pour y imprimer notre « démocratie ».
 Je propose que nous tous, tous les sympathisants et amis de Hôdo, nous retournions la situation : au lieu d’être sollicité à rejoindre un courant, transformons-nous en « chasseurs de têtes ». Cette fois, c’est nous qui désignons ceux qui seraient à même de conduire notre programme, plus l’inverse. Allons débusquer parmi toutes les connaissances de notre entourage et toutes les notoriétés qui apparaissent partout sur la toile, dans les médias, etc. celles qui pourront porter le titre de « Lapin Blanc ». Ainsi, nous constituerons une vaste pépinière de candidats. Et d’ici 5 ans, il faudrait avoir quatre noms.
 La personne choisie et évidemment volontaire le serait pour ses qualités personnelles conformes à celles attendues pour la tâche assignée dans le projet Hôdo, en précisant si elle est du type « président » ou du type « ministre ». Les personnalités politiques que l’on choisirait et qui l’accepteraient ne devraient pas quitter leur appartenance politique, bien au contraire, puisque nous croyons à la diversité, mais elles s’engageraient à mettre en sourdine leur appartenance pendant le mandat. Évidemment, il n’y a aucune raison à se limiter aux personnalités politiques, voire de renom dans d’autres domaines, on peut même se présenter soi-même si on se sent de taille. Il va de soi que ces personnalités ciblées doivent accepter les règles du jeu, car d’ici cinq ans avant les prochaines élections les quatre noms la pépinière de Lapins Blancs seront choisis au hasard, devant huissier si nécessaire pour assurer à la fois la plus grande transparence et la moins grande possibilité de lutte de dominance.
 La candidature de Hôdo est ouverte : à vos plumes claviers et souris ! :)


Proposition de Hôdo est de présenter un seul candidat


 La proposition de Hôdo est de présenter un seul candidat puisque telle est la règle électorale présidentielle, du moins en France, le futur objectif, et ensuite un système adapté à la représentativité de tous les Français, le tout dans l’esprit acratique. Le plus simple, toujours dans l’esprit Hôdo, sera d’apposer le nom du membre du « couple présidentiel » de sexe opposé à celui du président sortant. Étant donné la manière dont se déroulent ces choix en France, avis aux candidates !
 Bien sûr, pour être éligibles, même si Hôdo est sans frontières, les Lapins Blancs doivent être éligibles dans les pays où ils se présentent.
 La première mission du « Lapin Blanc » sera de faire appel à ses trois autres partenaires, car s’il n’y a qu’un nom sur le bulletin de Hôdo, il représente obligatoirement un quatuor pour éviter tout monopole. Le quatuor en question, pour rappel, sera constitué d’un « couple présidentiel » et d’un « couple ministériel ». Comme dans l’esprit Hôdo, il n’y aura pas pléthore de ministres, mais seulement ce couple, il n’y aura plus de « premier » ministre, mais une paire de ministres. Il sera peut-être équilibré de confier le titre, et uniquement le titre, de Premier ministre directement au partenaire de sexe opposé. Ainsi, dès le départ le nom du Premier ministre serait connu.
 Ensuite, puisque huit semble être un bon nombre, il n’y aurait au total à la tête de l’état que huit personnes et pas plus. Il n’y aurait pas de « portefeuilles » attribués, ce n’est pas nécessaire. Les quatre personnes qui viendraient assister les deux couples officiels seraient piochées uniquement d’un « pool » des fonctionnaires. Ensemble, ces huit personnes formeraient en quelque sorte le « comité de coordination » de toute la fonction publique qui devrait se « débrouiller » pour maintenir la meilleure efficacité possible entre tous les rouages de la nation.
 Dans ce modèle, le président n’est plus un homme de pouvoir et le ministère est réparti uniquement dans toute la fonction publique. Il est évident dans ce cas que le rôle et les limites de la fonction publique seront probablement à redéfinir. Ce sera une tâche à part.
 Concernant les « ministres », il faut défendre l’idée, même si elle fait mal à l’amour propre, qu’un chef de projet doit passer le flambeau à quelqu’un d’autre s’il ne termine pas sa mission dans les délais. Ce n’est pas un déshonneur, mais une hygiène à acquérir pour éviter les blocages psychiques inévitables qui finissent par faire porter des œillères même aux gestionnaires les plus consciencieux.
 Enfin, l’action suivante importante est de poser les bases de la nouvelle façon de faire participer le peuple dans son ensemble. Il faudrait introduire la représentation proportionnelle afin que tous les courants de pensée de tous les citoyens soient représentés. Chaque député doit représenter le même nombre d’habitants adultes, quelle que soit l’étendue géographique. Les députés n’auraient plus la charge de valider des choix gouvernementaux, mais de monter leurs propositions directement à la gouvernance de l’état et de débattre avec eux et leurs collègues de la pertinence et des moyens de réalisation.
  Il n’y aurait pas nécessité de contrôle de la « moralité » de ces candidats qui seraient élus par leurs mandants à la manière de Hôdo, c’est-à-dire de bas en haut et si nécessaire au hasard. De plus, leur salaire serait contractuel avec leurs mandants.
 Le sénat, quant à lui, veillerait à l’application des lois de la Charte de Hôdo.
 C’est dans ce modèle de représentativité que se présenterait le « Lapin Blanc » de Hôdo censé agir au nom des votes blancs, des abstentionnistes actifs et de l’acratie en général.


2017-05-28

Le couple «présidentiel» du Lapin Blanc


  Idéalement, le couple chargé de représenter une population serait constitué de personnes dont les qualités innées ou les compétences acquises en psychologie et sciences affines sont celles qui soudent leur groupe, comprennent leurs membres, atténuent les divergences, trouvent des solutions consensuelles... Pourquoi un couple ? Pour compenser les faiblesses de l’intelligence qui dans les difficultés exagérées en durée ou en intensité, comme dans la routine d’ailleurs, finit par graver dans son esprit le même cheminement de pensée. Seul un « miroir » lui permet de se remettre en question.
 Précisons qu’il s’agirait d’un couple de sexes opposés et non nécessairement mariés comme le mot couple le laisserait supposer. Pourquoi cette règle concernant la parité ? Encore une fois, ce ne serait pas par démagogie, mais parce que les expériences réalisées sur les groupes de travail auraient permis de constater que les meilleurs résultats en créativité et en consensus seraient dans les groupes composés d’au moins un tiers de femmes et un tiers d’hommes. La parité ne serait pas une règle absolue dans ce cas. Évidemment, dans un groupe de deux personnes, le minimum d’un tiers de femmes et d’un tiers d’hommes ne peut conduire qu’à une femme et un homme. Dans un groupe de sept à neuf personnes, il y aurait obligatoirement au moins trois femmes et trois hommes, et on ne serait pas contraint de passer à six ou à neuf personnes pour obtenir des chiffres exacts de comptes d’apothicaires. Cette pratique est d’autant plus concevable qu'il faut voir que ce sommet de la pyramide serait un enchaînement d’élections de représentants « sociaux », depuis la base jusqu’au sommet de cette hiérarchie, et que tout au long de ces « filtres » il semble impossible de prédire quelles seraient les tailles des différents groupes aux différents étages de cette pyramide.
 Ce couple sera appelé pour simplifier le langage, « présidentiel », dans le sens de la fonction qui dirige les débats d’un groupe pour tendre vers une solution synergique et consensuelle.

2017-05-26

Comment constituer le Lapin Blanc

Avant de choisir le candidat Lapin Blanc il faudrait déjà savoir comment le quatuor serait constitué. Il est différent pour les deux couples, mais il a une base commune.

Dans l’esprit acratique, l’organisation hiérarchique fonctionnelle devrait venir de la base et non l’inverse. Les anarchistes concevaient même de s’organiser en petits groupes d’une huitaine de personnes. Huit, c’est précisément le chiffre autour duquel s’accordent les experts en psychologie de groupe pour constater qu’il s’agit là d’un nombre optimum de personnes pour que les réunions restent efficaces, c’est-à-dire constructives. Partant de cette base, on peut imaginer que l’élaboration de la pyramide hiérarchique se ferait par une succession de « suffrages indirects », puisque chaque étage de la pyramide élirait ses représentants pour le niveau supérieur.

Ainsi, pour simplifier, supposons que nous ayons quatre groupes de huit voisins. Chacun de ces groupes choisit une paire de représentants. Ces derniers, au nombre de huit au total, se rassemblent à leur tour pour choisir leurs deux représentants. On obtient là une petite pyramide de trois niveaux. Avec une pyramide d’une douzaine de niveaux, on recouvrerait tout l’électorat français. Mais attention, cet exemple simpliste n’est pas une représentation de la « proportionnelle », et ce n’est pas le but d’un système acratique. Ce n’est qu’un modèle de représentation du travail en petit groupe, car il est bien plus facile de se connaître dans un petit groupe de travail que dans des partis représentant de loin des citoyens anonymes.

À chaque niveau, les choix seraient faits en fonction d’une personnalité ou d’une compétence reconnue dans un groupe et non d’un programme détaillé au boulon près. Serait-ce un retour arrière par rapport à la démocratie moderne qui vante le suffrage direct ?

Ce n’est pas sûr, et certaines personnalités ont déjà exprimé leur scepticisme comme Robert Alan Dahl qui considèrent que pour éviter des dérives comme le carriérisme politique, la démocratie devrait fonctionner sans élections, uniquement ou en partie par tirage au sort des représentants, ce qui correspond précisément à la troisième loi de Hôdo.

Quant à Noam Chomsky, très versé dans la question de manipulation des masses, il ne s’est pas privé lui de critiquer tout spectacle médiatique qui est mis en jeu pour induire les choix : « les élections sont conduites par l'industrie des relations publiques qui vantent les candidats à la manière des spots télé. »

En plus, ce type de « s »élection peut se dérouler à tout instant au fur et à mesure des besoins et des changements de cap. Pas besoin de coup d’État pour remplacer quelqu’un qui ne serait pas à la bonne place au bon moment.

Cette méthode donc pourrait s’appliquer en interne dans Hôdo pour obtenir le quatuor qui fera office de Lapin Blanc. De là, il faudra extraire un nom pour le glisser dans le système et dans l’urne. Malheureusement, Hôdo en est à sa naissance et n’a pas la taille adéquate pour le faire. De plus, il n’est pas cantonné à l’intérieur d’une frontière puisque son esprit est humanitaire, et, surtout, il n’a pas de carte membre de parti et encore moins de cotisations, car est hôdon celui qui essaie de respecter ses deux lois fondamentales. Il faut donc trouver une solution pour amorcer le processus, en vue d’une représentation franco-française, puisque le but actuel est de se préparer pour l’avenir, dans cinq ans, en théorie.

2017-05-25

Les deux facettes du Lapin Blanc


    Un candidat est le porteur d’un programme. Or un programme n’est ni un menu dans lequel on pioche ni le déroulement automatique d’un certain nombre de promesses. S’agissant de promesses, le candidat devra parfois l’imposer par diktat, sinon, s’il ne tergiverse pas, souvent il sera obligé de négocier, et ce toujours à la baisse.
 Pour éviter d’être toujours insatisfait, faut-il élire à la place d’un programme un humain qui n’aurait qu’une poignée d’engagements comportementaux plutôt que programmatiques ? Peut-être, mais dans l’esprit acratique, il ne faut pas mettre en place un futur Dominant, calife remplaçant d’autres califes. Alors, comment contourner le problème tout en restant éligible ?
    Dans l’esprit acratique, la hiérarchie fonctionnelle ne s’occupe que d’une fonction. Or, en général, nous appartenons à plusieurs fonctions liées au voisinage et aux activités professionnelles ou non...
    Il y a déjà, dès le départ, deux fonctions relativement distinctes : la vie en communauté et les activités. La seconde utilise un protocole adapté à la bonne réalisation de l’exercice en question. Elle est facile à circonscrire et elle est connue en général par tous ceux qui la partagent. C’est essentiellement le résultat d’un art, d’une technique, d’une méthode apprise, sanctionnée par des diplômes de compétence, par le respect de normes, le tout parfois contractuel.
    La première impose aussi souvent une sorte de protocole, de modus vivendi qui permettent à ladite communauté de partager des ressources sans trop conflits. Il en découle que si cette mission est mal gérée, elle peut être source des pires conflits dont souffre de manière récurrente la planète du foyer familiale jusqu’aux grandes associations de nations. En même temps, elle est essentielle, car sans elle il y a peu de chance que des compétences fonctionnelles se développent en harmonie et à un haut niveau de qualité pour le bien de tous.
    Ces deux facettes, sociale et technique, seront détaillées en temps opportun, dans un « programme », mais dore et déjà, lié à ce programme, il y a la volonté absolue de mettre au plus haut niveau hiérarchique, simultanément une femme et un homme. Cela fait donc, que dans l’esprit Hôdo il faudra déjà présenter quatre noms : un couple aurait la mission de porte-parole de la nation et l’autre aurait celle d’organiser au mieux la réalisation des tâches que sa population requiert à tous les niveaux pour le bien-être de chacun.

2017-05-24

Créer d’autres structures politiques

 Il est possible de créer d’autres structures politiques. Malheureusement, toutes n’existent actuellement que grâce à un puissant apport de moyen matériel et parfois en plus de vies humaines. Alors, comment faire avec Hôdo ? Nous ferons comme pour le logiciel libre et comme pour d’autres projets tels que Wikipédia. Au passage, c’est aussi une opportunité qui montre que l’intelligence ne connaît pas les frontières physiques.
 Comment faire précisément dans un cas comme Hôdo ? Maintenir un forum indépendant est coûteux, non seulement en moyen matériel, mais aussi en présence humaine, surtout à l’heure des cyberattaques de tout genre. Mais il existe des services qui le permettent un tel emploi : Facebook entre autres. C’est une voie, surtout pour faire germer le projet.
 Pour faire de « Hôdo » un parti, faut-il changer son nom pour le remplacer par quelque chose de plus « in », de plus « politiquement convainquant » ou tout simplement de plus parlant, dans le genre : « en route », « résistance », « le peuple », « l’acratie »... ? Le seul slogan qui conviendrait à Hôdo serait éventuellement « humains », mais cela serait très présomptueux et pas dans l’esprit respectueux de Hôdo qui refuserait de tomber dans une partisanerie sectaire qui taxerait de « mauvais » humains ceux qui ne partageraient pas les mêmes idées. « Hôdo » a été originellement choisi pour son sens premier : paradis que vous méritez par votre action pour le créer. Mais en se libérant de l’idéogramme originel, « Hôdo » peut être compris comme « la voie de l’information », ce qui correspond à l’époque actuelle où les échanges de connaissances sont bien plus développés que par le passé. Cela peut apporter de plus en plus d’égalité entre tous les habitants de la planète quant au savoir, même si ce dernier peut être encombré de scories. Il est sans doute présomptueux de dire qu’il y a plus de désinformation. C’est surement vrai en valeur absolue, mais peut-être pas en valeur relative vu le nombre d’informations partagées et le nombre de personnes y accédant.
 L’avantage du nom « Hôdo », c’est qu’il n’a aucune connotation politique connue. Il est donc libre comme le vent. Par contre faut-il dire « parti Hôdo », « projet Hôdo » ou « Hôdo » tout court ? Par paresse « Hôdo », tout court est pratique. « Projet Hôdo » me semble plus approprié, mais « Parti Hôdo » s’impose peut-être pour entrer en politique.
 Il faut noter au passage que « Hô » peut aussi se traduire « méthode ». Il en faudra. Il faut obligatoirement des chefs d’orchestre, des commandants des pompiers, des capitaines de vaisseau... à toute roue, il faut un moyeu. L’acratie ne rejette pas la hiérarchisation fonctionnelle, elle est par contre opposée à toute forme de Domination tenant à soumettre par la force physique ou non un modèle de vie comme vérité unique ou comme seul moyen de survie.
 Donc, si le « parti » Hôdo se présente à des élections, il lui faudra un nom de candidat, car les règles de notre démocratie imposent un nom de personne physique éligible. Quel nom de candidat mettre quand on est acratique ?

2017-05-23

De la démocratie à l'acratie


Nous sommes tous, sans exception, et je ne m’exclus pas de ce « tous », comme le font de nombreux prophètes de moralité, des Dominants en herbes. De même, nous sommes tous plus ou moins des adorateurs de Dominants, car ça nous arrange bien.
Mais le Dominant n’obéit qu’à sa vérité, la sienne, celle qu’il a dans sa petite boîte crânienne. Certes, il offre son expertise de synthèse et de gestion qui sont parfois d’une grande qualité, mais il ne s’arrête en général jamais à cette compétence. Son pouvoir ne s’arrête malheureusement jamais à la notion de domination fonctionnelle, et toujours il essaie de fabriquer son univers en l’imposant au soumis, « théoriquement » et « élégamment dit », aux électeurs.
Le système démocratique a cru résoudre ce problème en faisant cohabiter les tendances opposées, comme le frein et l’accélérateur du véhicule, la direction à gauche ou à droite. Sage conception, car l’Univers lui-même n’existe que par ces antagonismes : sans force de répulsion, il n’y aurait pas l’expansion de l’univers qui ne serait qu’un immortel trou noir, et sans force d’attraction il n’y aurait pas les soleils, les planètes et la vie dessus.
Mais hélas, l’esprit dominant s’accommode très mal du partage du pouvoir. Alors nos démocraties se comportent comme des monarchies sectaires à durée déterminée. Imaginez votre voiture devant rouler pendant un certain temps sans freins, puis, pour respecter l’alternance, avec les freins, mais sans accélérateur. Il ne faut pas être sorti de l’ENA pour deviner que vous n’irez pas loin dans un cas et que vous n’éviterez pas les accidents dans le second.
Alors des Dominants imaginent que la solution est au milieu. Même si ce n’est pas pour « ratisser large », ce type de Dominant sera confronté à un problème récurant : le dilemme. S’il tergiverse, hésite, doute, il conduira inévitablement les affaires, la nation en l’occurrence, dans l’abîme d’un ressenti d’abandon, source de désespoir, d’abus dans les zones d’ombre, et donc de colères... Le soumis n’accepte la dominance qu’au prix de la sécurité. Or, si le dominant tranche, il sera peu à peu et plus ou moins vite en train d’endosser la tunique de dictateur. Il trahira alors la notion de démocratie et les dissensions resurgissent encore plus violemment.
C’est pourquoi Hôdo préconise l’acratie, c’est-à-dire une hiérarchie fonctionnelle incontournable au bon fonctionnement de la plupart des organismes, mais une absence de monopole de pouvoirs.

2017-05-22

Et si, au lieu de voter blanc, nul ou de s’abstenir...


Et si, au lieu de voter blanc, nul ou de s’abstenir, on votait pour toute autre chose ?

Si au lieu de voter pour un « représentant » de la nation qui, dans le meilleur des cas, n’oublie pas ceux de son parti, ses supporters, et sa cour ; si au lieu de voter pour un « Dominant » qui croit être le seul détenteur de la seule vérité à imposer à une masse informe, soupe humaine réduite à des répartitions statistiques dans lesquelles l’humain lui-même n’y est même plus un numéro, à la rigueur un échantillon ; si au lieu de voter pour un individu et son appareil, on votait pour l’humanité ?

2017-03-31

Hôdo, la légende,
est la saga de science-fiction créée pour illustrer les concepts de Henri Laborit (1914-1995) qui ont donné naissance au
Projet Hôdo
dont l´idée phare se trouve résumée dans l´extrait de L'agressivité détournée:
   Comment espérer qu'un jour l'Homme que nous portons tous en nous puisse se dégager de l'animal que nous portons également si jamais on ne lui dit comment fonctionne cette admirable mécanique que représente son système nerveux?
  Comment espérer voir disparaître l'agressivité destructrice, la haine, la violence et la guerre?
   N'est-il pas indispensable de lui montrer combien aux yeux de la science peuvent paraître mesquins et ridicules les sentiments qu'on lui a appris à considérer souvent comme les plus nobles sans lui dire que c'est seulement parce qu'ils sont les plus utiles à la conservation des groupes et des classes sociales, alors que l'imagination créatrice, propriété fondamentale et caractéristique de son cerveau, n'est le plus souvent, c'est le moins qu'on puisse dire, absolument pas exigée pour faire un honnête homme et un bon citoyen.

2017-01-22

La société hôdonne

Les mises à jour de la Charte de Hôdo et des liens vers les différents formats sont sur le site Projet Hôdo

Biopolitique

L’esprit hôdon est résumé dans les trois lois de Hôdo1 , conséquence et structure d’une étude d’une nouvelle conception de la politique2 basée sur la biologie plutôt que sur une philosophie. Si la biopolitique hôdonne devait exister dans une société quelconque quelle pourrait être son organisation ?
Tout d’abord, l’esprit hôdon devrait conduire à une sorte d’acratie, c’est-à-dire un système où le pouvoir n’est détenu par aucune oligarchie. Même si elles sont élues, les oligarchies ont toujours tendance à se servir en priorité sur les « subordonnées », et ceci souvent au détriment des deux premières lois de Hôdo.
Quoi qu’il en soit, tout système organisé obéit à plusieurs contraintes fonctionnelles, la toute première étant la survie de l’organisation elle-même qui in fine devrait assurer le bon fonctionnement de chaque élément de l’ensemble. Les contraintes d’une organisation sont essentiellement « cybernétiques » et correspondent à des besoins divers : synchronisation, auto-évaluation, priorité et urgence...
Il est important d’observer le fonctionnement d’une société sans jugement de valeur aveuglant et de l’analyser comme un entomologiste qui se contente de relever les faits. En effet, il est utile de comprendre que la plupart des formes de gouvernance procèdent de la même manière. Ce sont les niveaux de manipulations qui diffèrent au fur et à mesure que les manipulés peuvent accéder à un niveau d’autonomie suffisante pour défendre leur bien-être et imposer leur point de vue. Tous les Dominants ont besoin d’une forme d’obéissance soumise pour atteindre leurs objectifs. L’esclavagisme ou le salariat, par exemple, ont en eux les mêmes mécanismes de bâton et de carotte. L’un utilise la violence, l’autre la menace de l’exclusion. L’un et l’autre peuvent utiliser la récompense, non par générosité, mais par esprit de rentabilité, car un esclave en bonne santé ou un salarié « épanoui » sont plus productifs. Les conquêtes de liberté ou de droits sont le résultat d’une lutte qui pousse le dominant à céder, contraint et forcé, une part de son « bien-être » pour ne pas perdre plus, surtout si la rébellion fait apparaître une concurrence dans la domination. Ce n’est en tout cas sans doute jamais un cadeau tombé du ciel. Après, avec le temps, les uns et les autres vont justifier les « progrès ». Puis les Dominants trouveront une autre manière d’asservir et les cycles de l’Histoire se répéteront, sauf si, conscients des mécanismes en jeu, nous pouvions les maîtriser comme nous le faisons dans de nombreux domaines techniques. L’humain n’est pas fait pour voler, pourtant il vole.

De l’ermite au réseau social

La principale source de désaccord qui fait que les humains se combattent entre eux et qui les pousse à dominer leur terrain de chasse et ceux qui y vivent est l’unicité des ressources non partageables. Paradoxalement, ce qui incite les humains à s’associer est la mise en commun de ressources non partageables pour réaliser un projet censé être plus profitable aux participants que s’ils étaient restés indépendants, chacun pour soi. Il faut noter que dans le pire des cas, le bénéfice du plus faible et plus soumis peut se résumer à rester en vie un peu plus longtemps. Pour cela, des structures sociales établiront les règles de partages qui seront respectées tant que la société les acceptera dans son ensemble, sinon il y aura une scission qui s’installera et qui pourrait dégénérer en conflit. L’art de maintenir cette cohésion est la hantise de tous les Dominants, qui n’hésiteront pas à réduire au silence toutes les oppositions.
Les moyens pour obtenir ce silence sont inépuisables. Les « effacements », assassinats ou bannissements, peuvent se réaliser de manière purement psychique aussi efficacement sinon plus que physiquement. C’est même les méthodes mentales qui sont privilégiées par ceux qui ne veulent pas laisser de traces afin que leur « juste autorité » soit le moins possible remise en cause. Comment se révolter contre un généreux bienfaiteur ?
La synergie impose dès le départ une communication fiable, donc stable, entre les membres du groupe. Or, tout est message : les gestes, les sons, les aspects... L’une des caractéristiques de l’intelligence est l’imitation. Dès les premiers moments de la vie, un humain va imiter celui qui le rassure le plus et avec qui il doit rapidement communiquer ses besoins. Le langage maternel, ou initial, non seulement verbal, prend ainsi bien plus de valeur que tous les autres. De lui dépend instinctivement la survie. Ce mimétisme, qui ne s’arrêtera pas d’ailleurs va instaurer toute une série de lois tacites de comportement. Or ceux-ci, chez les modèles à imiter, sont imprégnés de lois établies cette fois à partir de religions ou de philosophies. Ainsi, la langue et la religion ont une telle importance dans la structure interne et relationnelle d’un individu qu’il deviendra aisément un cheval de bataille pour unir et désunir les groupes, pour signifier son appartenance ou son rejet. La plupart des guerres s’appuient sur la langue ou la religion.

La sphère intime

Les études comportementales observent que l’humain a besoin d’une sphère d’intimité, une sorte de volume qui maintiendrait à l’écart toute possibilité d’agression tant physique que psychique. La ''proxémie'' est très importante pour étudier les sensations de bien-être des humains entre eux en fonction des distances occupées dans les relations. Il ne faut pas la confondre avec l’espace vital.
La sphère intime n’est pas qu’un espace de contact plus ou moins rapproché. Il a été observé que ce dernier varie d’une population à une autre et probablement d’un environnement géologique à l’autre. La promiscuité semble une gêne pour tous, mais à géométrie variable, à la fois selon les us et les coutumes, les buts du contact et les opportunités temporelles.
Cette sphère protégeant à la fois le corps et l’intelligence a plusieurs frontières en fonction des interactions et des signaux échangés. Or, qui dit « signaux », dit aussi « intelligence pour les interpréter », donc influence de la culture de la niche environnementale.
Ainsi, les frontières qui délimitent l’espace visuel ou auditif varient-elles fortement. Elles ne sont pas nécessairement délimitées par des surfaces comme des murs statiques. Par exemple, pour le bruit qui est plus ou moins gênant selon les populations en plus des caractéristiques personnelles, c’est le niveau sonore, le rythme, la fréquence, les circonstances... qui délimitent le seuil de l’intrusion sonore. Parfois, les frontières sont purement visuelles et donc peuvent s’étendre aussi loin que la vue le permet. Les vêtements ont souvent ce type de rôle en plus de celui de se protéger physiquement des désagréments de la nature.
La notion de frontière fait aussi apparaître le problème sempiternel, à savoir de quel côté sont tournés les miradors ? Une frontière peut être une protection vis-à-vis de l’extérieur, mais aussi une prison qui empêche de sortir, tant physiquement que moralement.
Dans l’esprit hôdon, respecter cet espace est indispensable et est lié aux deux premières lois. Tout humain sur la planète devrait avoir ce minimum de sphère d’intimité, complètement personnel et à l’abri de toute intrusion. Chacun devrait être libre d’ouvrir ou de fermer ses portes et personne n’aurait le droit de forcer autrui à changer ses filtres.
De plus, cet espace est absolument nécessaire pour assurer la paix, car il est nécessaire de pouvoir se reposer, faire des trêves, récupérer même en dehors du droit à la fuite et à l’évitement. L’atteinte à ce droit serait viol ou harcèlement.
Il y a deux manières de pourvoir cet espace minimum : la cellule de repos quasi monastique ou l’espace en friche comme les terrains vagues qui permettent de s’évader hors de tout contexte social préétabli.

Le clan familial

À cause de sa nature fragile et de son intelligence lente à développer, car complexe, l’humain est longtemps soumis au partage des sphères intimes de ses parents. Il sera à son tour obligé de se mêler à d’autres sphères intimes lorsqu’il procréera.
Le clan familial est la première source d’information et donc sera à la base de tout le comportement appris dans le futur, même si cette base sera contestée, voire reniée par la suite. D’une part, la contestation semble systématique et plus marquée à partir de certains âges, liés sans doute à une recherche de plus grande autonomie, donc de prise de pouvoir pour changer de main la domination. C’est peut-être un comportement préinscrit pour nous forcer à toujours aller de l’avant vers des solutions inexplorées. Ce qui est remarquable à retenir, c’est que le rejet se fait en opposition à l’acquis, c’est-à-dire qu’il dépend de toute manière de l’acquis précédent. Ainsi, il est beaucoup plus fréquent de voir un anti-quelque-chose être devenu le miroir d’un pro-quelque-chose, n’ayant gagné ainsi aucune liberté. Son droit de faire le contraire est devenu un devoir. Les chaînes ont changé de côté.
Le clan familial est le premier lieu ou s’applique l’usage des règles sociales. Mais c’est aussi le premier endroit où s’applique ce que nous appelons « choc comportemental » au lieu de « choc des cultures », car le choc ne vient pas des cultures en soi, mais des comportements. D’ailleurs, comment pourrait-il y avoir des différences de cultures au sein d’un clan ?
S’agissant d’une zone intime, donc soumise à la deuxième loi de Hôdo, personne ne pourrait s’y ingérer, mais par contre, toute membre d’un clan, même de petite taille comme un foyer ou gigantesque comme certaines sectes, a le droit de pouvoir quitter l’association. Il y a donc des questions à se poser à la racine même des sociétés. Qui pourrait, qui devrait intervenir ? Et comment, s’il était constaté ou déduit qu’un membre d’un clan était retenu en captivité ? Car, dans l’esprit hôdon, si personne ne peut se targuer de détenir la vérité et l’imposer à quiconque, le droit à l’évitement est une règle à observer dans tous les cas de figure.

La cellule sociale

Si le clan familial n’est pas fermé, il doit pouvoir changer au fur et à mesure de l’évolution de ses membres qui peuvent migrer vers d’autres groupes et construire d’autres mini associations.
Il semble que l’humain ait un rapport optimisé avec une huitaine de personnes simultanément dans une action commune. Cela serait entre autres dû à sa structure mentale qui fait qu’il est capable de gérer en parallèle statistiquement ce nombre de relations.
Il semble aussi que l’humain s’enrichit plus, du moins intellectuellement, s’il appartient à plusieurs groupes distincts. Il serait donc profitable que chaque humain, qui n’a pas a priori vocation à être un ermite, interfère avec d’autres cellules.
Les analyses semblent montrer que le rendement cognitif de ces groupes est accru s’il y a au moins un tiers de femmes et un tiers d’homme. Il semble aussi que les organisations sont plus efficaces tant qu’il y a deux membres de ces équipes qui jouent un rôle privilégié : l’un étant le maître de remue-méninge favorisant l’éclosion d’idée et l’autre servant de modérateur. Ces deux rôles qui peuvent paraître semblables diffèrent principalement par leur relation : le premier doit en permanence s’effacer et le second doit souvent s’impliquer.
Ces deux rôles peuvent devoir agir non seulement au sein de leur groupe, mais aussi à l’extérieur, avec les autres cellules, jouant ainsi un rôle de représentativité avec leurs « pairs » des autres communautés.
Ainsi, chaque cellule serait idéalement composée de 8 membres, dont au moins 3 femmes et 3 hommes, ainsi que d’un couple de modérateurs. En portant ce raisonnement sur ces représentants, on pourrait dire que 8 représentants femmes et 8 représentants hommes pourraient représenter 64 personnes. En continuant ainsi, on arrive très rapidement à réunir tous les habitants de la planète sous une forme de démocratie représentative, dont l’unité serait une petite cellule, créant ainsi une sorte de confédérations de confédérations en cascade, donnant le pouvoir de participation local à chaque individu, puis à chaque association.
Chaque cellule serait libre de s’associer ou non avec 7 autres, et ce groupe avec 7 autres, etc. engendrant foyers, associations de colocataires, cités, villes, pays, unions...3 Les représentants de ces cellules ne seraient jamais des chefs de quelque chose, mais des ambassadeurs à l’extérieur et des rapporteurs à l’intérieur. Et chaque huitaine élirait sa paire de représentants.
Bien sûr, il ne faut pas se leurrer : le caractère dominant qui nous habite tous fera que certains de ces délégués s’efforceront de grimper dans la pyramide, mais leur « pouvoir » serait limité à n’être que le relais entre les équivalents des autres associations et ceux qu’ils représentent. Ils seraient dépourvus de pouvoir, d’où le terme « acratie » souvent utilisé dans les schémas de Hôdo ; ils seraient moins directifs, laissant les sociétés, et non la Société, s’adapter de la base vers le sommet, et non l’inverse.
Pour bien comprendre, dans le pire des cas, ce n’est pas celui qui serait quelque part sur les hauts gradins de la pyramide qui déclarerait la guerre à un autre clan. Cette guerre serait faite au niveau des cellules, et les représentants de ces cellules ne seraient que les ambassadeurs ou les délégués des relations extérieures, comme c’est le cas déjà aujourd’hui à une autre échelle. Ils joueraient le rôle d’avocat, mais jamais celui de juge. Ce dernier rôle pourrait être attribué à six autres partenaires modérateurs représentant l’ensemble des communautés en conflit. Encore faut-il que la recherche de consensus ne soit pas univoque comme cela arrive trop souvent derrière une mascarade de démocratie ou de manipulation idéologique.
Les dictatures ne sont pas que celles qui font couler le plus de sang, ce sont aussi celles instaurées par les cellules qui ont acquis le pouvoir d’imposer leur volonté par la manipulation mentale à toutes les autres.
Avons-nous vraiment besoin que des cellules privilégiées dictent leurs lois aux autres ? Au nom de quelle vérité ? La vérité, c’est que tous les Dominants et prétendants Dominants de l’Histoire n’ont toujours eu qu’un seul but : étendre leur territoire de chasse.
Dans l’esprit Hôdo, seuls les contacts proches ont à négocier leur bien-être et les règles comportementales qui leur permettent une cohabitation sereine, respectant toute forme d’intelligence et toute possibilité à refuser l’engagement. La cellule sociale est la brique de la société. C’est elle qui est au contact de sa réalité, c’est elle qui est au contact d’autres cellules, et c’est elle qui trouvera les ciments qu’il faut pour vivre en synergie. Et ce n’est aucun lointain gouvernant comprenant éventuellement ses cellules qui comprendra chaque cellule.

Du cercle intime au voisinage

L’une des caractéristiques de l’apprentissage de l’humain et de nombreux animaux est le mimétisme.
L’enfant mime rapidement ses parents, et le cerveau semble être doté de zones fortement spécialisées pour s’acquitter efficacement de cette tâche. C’est logique vu la complexité de l’information à traiter depuis l’acquisition par les sens, puis la transposition de ces signaux dans le « moi », pour enfin piloter les muscles adéquats. Il arrive même souvent qu’un enfant mime des choses que les parents n’ont pas conscience de porter à la connaissance du petit cerveau.
Ces imitations engendrent toute une série de comportements qui seront des us et coutume d’un clan. Ces coutumes engendreront de véritables règles de savoir-vivre, en dehors desquelles tout non-respect peut conduire à des réactions diverses, neutres, positives ou négatives, xénophiles ou xénophobes. Or ces règles seront rarement édictées sous forme de loi. Elles existaient bien avant l’écriture. Elles paraissent parfois tellement naturelles qu’il ne vient même pas à l’esprit de les noter. Alors, certains auront la maladresse ou l’indélicatesse de considérer que puisque ce n’est pas écrit, le contraire est autorisé.
Et comment se fait-il que parfois la différence engendre une sympathie ou une antipathie ? Il y a peu d’études sur le sujet, mais on pourrait comparer la pensée à un flux, une sorte de rivière circulant entre des monts et des vallées qui seraient dessinés par les évaluations statistiques des résultats positifs ou négatifs. Lorsqu’une brèche s’ouvre, si la « pente » est en faveur de l’individu, la brèche s’ouvre de plus en plus pour laisser passer le courant et parfois même dévier le courant initial. Au contraire si la brèche est négative, non seulement le flux ne passera pas, mais la brèche se cicatrisera, offrant plus plus de résistance qu’avant.
Souvent, c’est le déni qui transformera l’indifférence, voire la curiosité, en rejet, c’est la certitude d’avoir raison contre l’autre qui sera conflictuel, car cette attitude indique toujours un rejet de ce qui constitue les fondements de l’autre. Chacun croit à sa vérité, et dans ce domaine les susceptibilités sont grandes. Ainsi, souvent, trop souvent, le choc de comportement se transforme en « choc de cultures ».
C’est pour ces dernières raisons que la présence de médiateurs est utile. Les qualités de modérateur ne sont pas données à tout le monde et même dans toutes les circonstances, mais pour assurer l’esprit gagnant/gagnant ou du moins non perdant entre deux camps, il est souhaitable qu’il y ait un nombre identique de médiateurs appartenant à chaque niveau d’association, c’est-à-dire voisinages, villes, peuples...
Cette forme de hiérarchie s’écarterait donc fortement de la hiérarchie politique, car elle deviendrait « fonctionnelle » et dynamique à tous les degrés. Il est important de noter que cette catégorisation sociale ne serait pas chapeautée par un chef, mais représentée par une sorte d’ambassadeur médiateur et modérateur. Il n’y aurait pas de juge suprême non plus, mais il y aurait un nombre beaucoup plus important de « négociateurs » : médiateur, modérateur, psychologue, interprète, avocats... tout un tissu de « travailleurs » sociaux, ce qui nous manque peut-être le plus aujourd’hui pour progresser vers une humanité largement synergique.
Quant aux juges, comme aucun humain n’est à même d’être absolument impartial même avec la meilleure volonté possible parce que nos esprits sont tous enfermés dans nos petites boites crâniennes, leur rôle serait à revoir complètement, d’autant plus que dans le système préconisé, il faudrait toujours respecter une parité représentant les deux parties. Or un chef d’État est un homme seul qui juge seul même s’il est conseillé par une assemblée.

Les réseaux sociaux

« Les réseaux sociaux » est un terme à la mode pour désigner l’outil informatique qui permet d’échanger avec d’autres personnes, mais l’humanité n’a pas attendu l’avènement de l’internet pour créer les réseaux sociaux, aux pluriels.
Certaines études semblent montrer que le nombre de relations efficaces entretenues avec les autres est limité à 150, le « nombre de Dunbar ».
Il est intéressant de constater que ce chiffre correspond à deux fois une huitaine de cellules, ce qui est le nombre d’association préconisée dans ce modèle d’organisation au niveau des cellules de base. En effet si chaque cellule comprend une huitaine de membres, si chacune a un représentant de chaque genre et que chacun de ces représentants s’associe en huitaine, nous avons 2x8x8=128. Évidemment, ce ne sont là que des modèles statistiques et schématiques à ne pas prendre comme une norme rigide ou une préparation pharmaceutique. C’est surtout utile pour comprendre que tout système démocratique qui dépasserait 16 000 personnes n’a plus vraiment aucun sens, la probabilité d’une connaissance mutuelle entre cet élu et la niche environnementale de l’électeur étant pratiquement nulle. Or ce qui intéresse quiconque, c’est principalement son environnement immédiat.
Il y a de nombreux réseaux qui se tissent. Tout d’abord celui du voisinage immédiat, plus ou moins dense selon l’habitat et le voisinage de vie incluant des commerçants quotidiens ou d’autres relations comme celle de son médecin. Ensuite, il y a tous les réseaux d’intérêt commun, hobbies, sport, croyance... Parmi ces derniers, il faut ajouter les cercles professionnels qui eux même entraîneront d’autres relations créées par les transports en commun, les commerces de proximité... Enfin, entre ces réseaux et leurs membres, il y aura souvent un partage de ressources qu’il faudra sans cesse adapter à la fois pour que chaque entité se sente gagnante/gagnante dans la transaction, mais aussi efficace et rentable et cela, dans les limites des moyens disponibles, car si les banques autorisent les découverts et les prêts, la nature au nouveau macroscopique ne brûle jamais plus d’énergie qu’il n’est possible.
De tous ces réseaux on peut en distinguer trois types : les associations sociales qui incluent les protocoles de communication, la gestion des ressources plus rentabilisée à grande échelle et les associations fonctionnelles qui réunissent des compétences autour d’un projet.

Associations de projet

Il faut rappeler et insister sur le fait que le mimétisme fait partie de notre intelligence, que chaque être vivant défend son terrain de chasse, et que chaque liberté est intimement liée à celle de la domination. Le mimétisme compulsif frôle l’envie maladive et la jalousie qui conduit à vouloir s’approprier les possessions d’autrui. Souvent, le partage avec l’autre se résume à une prise de possession transformant la symbiose en parasitisme, voire de prédation. C’est donc là que la domination joue sous toutes ses formes. Violence ou charme sont utilisés avec la même optique : dominer, c’est-à-dire réduire au silence toute résistance au partage, voire au don, même provisoire. C’est pour cette raison que le concept Hôdo ne met jamais en avant l’« amour » comme moyen de pacification et source de sérénité, car aux mains d’un manipulateur le résultat ne sera pas celui idéalisé par le mot « amour » qui sera un miroir attirant et aveuglant dans un premier temps avant de devenir un voile obscur et culpabilisant pour taire tout questionnement. C’est pour cette même raison que le Projet Hôdo préconise plutôt la notion d’associations libres de projets réunissant librement ceux qui partagent effectivement le même but à développer plutôt que de prôner des ensembles ou chacun est « frère », qu’il le veuille ou pas.
En considérant la « liberté » comme un ensemble d’éléments physiques ou cognitifs permettant d’acquérir des satisfactions, on peut comprendre que l’association de deux ensembles différents peut simultanément augmenter de nouveaux éléments de liberté et induire un partage de « liberté »4 . Or certains éléments ne sont pas partageables définitivement ou en simultanéité. On ne peut s’asseoir sur la même chaise au même moment, on ne peut définitivement plus manger le grain de riz avalé et digéré par quelqu’un d’autre. Les associations sont nécessaires pour augmenter l’espace de liberté afin de conquérir de nouveaux éléments. Ces associations qui peuvent aller de la simple « amicale » à la structure complexe d’une entreprise produisant précisément des éléments qui vont contribuer à étendre l’espace de liberté. Ces dernières requerront alors souvent une discipline interne pour mener à bien le projet.
Lorsqu’un individu ou un groupe s’associe à un projet, il est souvent nécessaire, voire incontournable, d’avoir un ou plusieurs chefs d’orchestre avec leur hiérarchie et leurs règles propres, fonctionnelles et indépendantes des autres structures, car adaptées aux besoins qui leur sont spécifiques. Du point de vue hôdon, il est évident que l’appartenance à un projet est libre, volontaire et consensuelle.
Ses associations de projets peuvent servir une communauté sociale précise, et rien n’oblige à ce que les membres en deviennent la propriété. Le partage, la coopération, la synergie sont toujours utiles et enrichissants, non les dominations et les soumissions, même sous le prétexte de bien-être social. Cela peut même être dangereux dès que ce bien-être se confond avec l’esprit de sécurité.
Parmi les associations de projet, on peut distinguer deux grands groupes selon qu’ils seraient à but lucratif ou non. C’est une distinction qui s’impose tant que l’on ne dispose pas d’une monnaie-énergie et d’une « manne du ciel »5 .
Aucune organisation ne peut vivre de rien, car au moins chaque membre a besoin de vivre. Or, les membres des associations à but non lucratif sont souvent des bénévoles qui donnent en fait de leur propre ressource, dont une essentielle, le temps libre. Ce temps est celui qui ne sera pas utilisé pour « l’entretien » de leur être vivant, et sera même un luxe en réalité quand les temps de crise limitent les temps libres disponibles à offrir aux autres.
Évidemment, on pourra rétorquer que l’individualisme égoïste a vite fait de monopoliser son temps pour sa propre satisfaction. C’est là aussi une erreur d’évaluation toujours influencée par les fameuses balances sociétales du bien et du mal agitées par les dominants pour faire avancer les populations dans la direction qui leur convient. Le cerveau, lui, n’obéit qu’à deux impératifs : aller de l’avant lorsque le bilan satisfaction l’emporte, fuir lorsque c’est le bilan risque de désagrément qui l’emporte. Nous avons tous notre composante altruiste, car la survie de l’espèce est probablement profondément inscrite en nous. Mais elle s’exprime de manière différente pour chacun d’entre nous, car tout résulte toujours d’un bilan. Notre pensée pèse en permanence le poids de tous les événements pour en tirer ses conclusions. L’expérience vécue l’emporte probablement sur la théorie enseignée. Mais cette dernière peut apporter un éclairage utile pour ouvrir d’autres horizons. L’altruisme démontré comme un acte utile à tous comme à chacun prendrait toute sa puissance dans l’exercice pratique que pourraient offrir des services civiques. Dans un système acratique comme celui de Hôdo, on pourrait se poser la question de savoir comment « imposer » une telle formation. Tout d’abord, l’esprit hôdon ne pourrait rien imposer : vous faites partie volontairement de l’orchestre, et non par un hasard comme la naissance. Si le chef d’orchestre vous propose de vous entraîner sur telle pratique, vous pouvez accepter ou refuser, mais dans ce dernier cas, il est logique de ne plus vouloir appartenir à l’orchestre s’il n’y a plus de consensus.
La vie en groupe impose souvent des contraintes. Ces contraintes, tant qu’elles ne deviennent pas définitivement handicapantes, voire létales, ont leurs avantages, car à l’instar des échecs, elles forcent l’esprit à trouver des solutions de contournement, et agit dans le cerveau comme l’épreuve physique qui renforce et assouplit la musculature. Mais il faut, comme dans les sports et les jeux, accepter des règles communes pour cela, sinon l’activité perd de son sens. Ou alors, dans ce cas, il faut soit adapter les règles, soit créer une variante de l’association. Dans tous les cas de figure, la deuxième loi de Hôdo offre la possibilité de toujours quitter une association, car aucune d’entre elles doit se transformer en ghetto ni physique ni mental.
L’éducation joue un rôle essentiel dans l’apprentissage du comportement. Elle permet d’enseigner les règles internes des diverses associations, professionnelles ou sociales. Il semblerait logique dans l’architecture sociale à la Hôdon, de laisser à chaque association le soin d’enseigner son domaine de compétence. Là aussi, la partie sociale serait logiquement parlant sans but lucratif.
D’autres organismes sans bénéfices pécuniaires peuvent naître du besoin de solidarité altruiste, comme celui de la santé, santé qui peut s’entendre au sens individuel ou à celui d’un groupe.
Les organismes gratuits ne peuvent en général pas survivre sans un apport externe de ressources, d’où souvent se pose la question de la contribution.
Avec une monnaie-énergie, le problème ne se poserait sans doute pas, mais nous n’en sommes pas là. Néanmoins, il serait sage de se baser sur l’esprit de cette monnaie-énergie : on ne peut dépenser que ce qu’on a, et on ne peut avoir que ce qui existe. Ainsi, toute contribution ne pourrait jamais dépasser un budget au moins écologique. La seule solution qui semble être à la fois honnête et réaliste serait de confier cette tâche à des « syndics », des associations de mandataires des membres d’une association sociale (comme les copropriétaires d’un immeuble) chargée de l’exécution des décisions de l’assemblée. Comme pour les syndics, ce type d’association pourrait être bénévole ou non.

Contrats et conflits

Toute alliance a des engagements. Certains sont particulièrement simples : on aime ou on n’aime pas, on souscrit à l’association ou pas. D’autres peuvent être très complexes. De toute manière, tous les contrats devraient toujours décrire explicitement la rupture de contrat, et donc la sortie de l’association, car dans l’esprit hôdon personne ne peut se retrouver piégé, pieds et poings liés à une organisation, quelle qu’elle soit. Mais tant qu’un membre appartient à cette organisation, il est tenu de respecter ce contrat, car c’est cela qui détermine la définition même de l’ensemble. En effet, il faut considérer qu’une association de quelque nature qu’elle soit est un ensemble au sens mathématique du terme, c’est-à-dire une entité qui contient d’autres entités qui répondent aux mêmes définitions. Les définitions sont ce qui caractérise les associations. Si une définition change, ce qui est logique pour des entités dynamiques, les éléments peuvent ne plus en faire partie, par définition. Maintenir de force un élément dans un ensemble serait en contradiction avec l’esprit hôdon.
Dans ce cas, la question est de savoir comment séparer les entités du point de vue hôdon : bannissement, scission, soumission, emprisonnement ? La scission semble la solution la plus simple et celle qui risque d’offrir un statut gagnant/gagnant, la moins incompatible avec l’esprit hôdon. C’est curieusement l’option la moins choisie par les Dominants qui rêvent toujours d’avoir un grand nombre de sujets ; le bannissement est sûrement préférable à la soumission, car la première loi, le respect de l’intelligence, prime le droit à un refuge. Quant à l’emprisonnement, il peut être indispensable de pouvoir maintenir en « quarantaine » un individu dangereux pour la société, mais il faudrait alors reconsidérer complètement la notion de dangerosité. Cette dernière est trop souvent politiquement et non biologiquement établie. De toute manière, ce type de « mise à l’écart » ne devrait concerner que les ensembles qui ne peuvent bannir un individu « hors normes » sans violer les deux premières lois de Hôdo et qui sont en mesure de le « soigner ». Encore faut-il vraiment savoir ce que signifie « soigner » et « hors normes ». Dans l’état actuel, le flou dû à l’absence de réflexions scientifiques débarrassées de toutes émotions politisées impose une certaine prudence quant à ces concepts. À priori, seule l’exclusion d’une communauté semble susceptible de respecter les deux premières lois de Hôdo, à condition toutefois que l’exclu ait un abri. Or chaque individu et chaque association peuvent appartenir à plusieurs associations, il est donc envisageable qu’il ait quelque part la possibilité d’avoir un refuge.
La notion de refuge de la deuxième loi de Hôdo imposerait que chaque humain dispose d’un territoire qui lui soit propre de sa naissance à sa mort. En fait, il faudrait même qu’il dispose de trois parts. La première part servirait à son domicile pour se retirer. La deuxième serait une zone d’échanges qui permet d’accéder à d’autres domaines et de collaborer parfois dans des endroits communs. Enfin, il aurait la responsabilité de la troisième part qui serait une réserve naturelle, protégée et vierge de toute activité humaine.
Il faut voir dans ce cas que le bannissement à la Hôdon, n’a pas du tout le sens social attribué dans nos sociétés constituées en clans, en nations... Tout d’abord, il ne s’agit pas d’une attitude irrévocable et surtout pas morale. Il s’agit uniquement d’écarter ce qui est source d’agression tant qu’un consensus convivial n’est pas atteint. Le « banni » ne serait de toute manière jamais privé de ses terres : refuge, échange et écologie, car les lois de Hôdo s’appliquent absolument pour tout le monde.
Les sociétés peuvent tellement être imbriquées et entremêlées que l’exclusion d’un membre peut s’avérer impossible. Alors, à défaut de ne pouvoir offrir un abri dehors, il faudrait se résoudre à offrir un abri dedans, donc en arriver à une sorte d’incarcération ou plus précisément de placement en résidence surveillée en guise de « quarantaine ». Cela aurait plusieurs avantages dont celui de diminuer les risques de contamination d’attitudes hostiles ou malveillantes en rassemblant dans un même lieu des personnes susceptibles de créer une association agressive.
Et qui donc se chargerait de la mission de protéger les gens contre les agressions sous toutes les formes ? Il semble inévitable de penser à l’existence d’une police, mais cette dernière n’appartiendrait à personne et surtout à aucun Dominant. Par contre, il s’agirait là aussi d’organisation d’experts, car ce n’est pas chaque humain qui sait comment se comporter dans des situations de stress auxquelles il n’a pas été préparé. C’est, comme pour la gestion économique, il est plus sage et efficace de confier une tâche précise à des spécialistes. Cela peut surprendre que le concept hôdon préfère confier ce professionnalisme à des « mercenaires », mais cela est précisément dans l’optique de ne pas fournir d’armées internes ou externes à des Dominants qui veulent imposer leur volonté en dedans ou en dehors.

Les grands Domaines

Les grands Domaines — avec majuscules pour rappeler que ces unions sont aujourd’hui faites en général pour et par les Dominateurs — ont leurs avantages. Plus le nombre d’interactions est grand, plus chaque individu a des chances d’enrichir son bien-être par un confort qui devient réalisable en unissant les connaissances et les compétences.
Le premier avantage des grandes associations est celui de la communication. Mais partager sans phagocyter implique de négocier, et c’est impossible sans normes.
Communiquer ne se fait pas seulement au travers du langage et de l’écriture, tout est échanges. La gestuelle, le comportement en général sont eux-mêmes porteur de messages décodés différemment selon les niches environnementales des populations. Ce qui est anodin pour certains peut être obligatoire pour d’autres. Un geste non hostile, voire amical, pour l’un peut être traduit comme une menace agressive par l’autre. Aux comportements, on peut ajouter l’apparition de symboles, comme le vêtement, le tatouage, et la « monnaie » avant que celle-ci ne devînt divinité.
Qu’on le veuille ou pas, la vie dont fait partie l’homme réagit beaucoup plus vite aux dangers qu’aux plaisirs. Une drogue attire par le plaisir qu’elle procure, elle enchaîne par la menace de ne plus avoir de plaisir. Il s’en suit qu’il faut rester prudent quand on parle d’« amour » et garder son sang-froid quand on parle de « menace ». Les Dominants utilisent ces deux leviers pour imposer leur domination. Mais avons-nous besoin de Dominants ? C’est peut-être la première question à se poser. Le fait de choisir un langage, une écriture, une conviction philosophique ou religieuse ne devrait concerner que les cellules, mais ces langages et ces styles de vie pourrait ou devrait être harmonisée comme des projets auxquels adhèrent ou non les gens. Ces « associations de projet » ont-elles besoin d’être obligatoirement réunies en un seul paquet comme l’imposent les Dominants dans leur « style de vie » édicté à leurs sujets ?
De toute manière, en plus des deux lois concernant l’une le devoir de respecter l’intelligence et l’autre, le droit à l’évitement et au refuge, la troisième loi de Hôdo préconisent le consensus ou le hasard dans toutes les décisions communautaires. L’expérience montre que le consensus est presque impossible à atteindre lorsqu’il y a plus de huit intervenants. C’est pour cette raison que dans l’esprit Hôdo les formes démocratiques actuelles, et surtout les démocraties directes et non proportionnelles, n’ont pas de véritable sens. D’autant plus que les candidats à une dominance proposent un « pack » et en général jamais de référendum pour chaque élément du « pack ». On est donc amené à devoir choisir entre la boule rouge et le cube vert alors que l’on voudrait une boule verte. Et que dire pour un « pack » contenant une centaine de propositions ! C’est aussi pour cette raison que l’esprit Hôdo préconise un consensus par petits éléments d’arborescences fonctionnelles, ce qui n’est pas et ne peut être une forme de hiérarchie au niveau social.
En effet, le système de hiérarchie fonctionnelle hôdon est prévu pour la synergie et non pour la domination de n’importe quel groupe sur un autre, quelles que soient leurs tailles respectives. Le système d’arborescence doit préserver toute minorité et se contenter de ne mettre en commun que le dénominateur commun consensuel.

Associations économiques

Parmi les associations de projets, il y a celles qui gèrent l’économie d’un groupe, voire l’écologie du milieu environnemental local ou planétaire.
De telles associations ont des buts divers, mais qui se résument souvent par la récupération des ressources, leur stockage et leur redistribution.
Ces spécialités ne sont pas « données » à tout le monde, car chacun développe ses compétences au détriment des autres. C’est souvent par exemple un reproche fait par les chercheurs et les créateurs de se voir contraint à une gestion économique, administrative, voire publicitaire, qui s’écarte de leur métier. Cette contrainte a très souvent le double désavantage de leur prendre du temps sur leur véritable talent et d’offrir une moindre qualité dans celui qu’on leur impose.
C’est ainsi que de nombreux organismes confient la gestion de leurs ressources à des experts qui peuvent ou non être extérieurs à l’association qui les emploie. Il faut préciser que le terme ressource ne se résume pas qu’à la notion financière.
Actuellement, ce type d’organisation au niveau d’un grand domaine comme une nation peut faire partie d’un ministère, alors qu’au niveau plus humble d’une petite communauté, comme une résidence, cette mission sera confiée à un syndic, bénévole ou non.
Quand il s’agit d’un ministère, le pouvoir de gérer les ressources est directement aux mains des Dominants. C’est pourquoi, du point de vue hôdon, le syndic offre un système plus adapté à l’acratie.
En effet, un syndic peut apporter conseil et modération, mais il ne fait qu’entériner les décisions d’une copropriété et se limite à gérer un budget en fonction des stratégies adoptées. Dans ces conditions, les « ministères » ne seraient pas sous la tutelle d’un Dominant.
Les stockages sont très importants dans la notion d’économie. En partageant les interfaces, voire en les supprimant, et en concentrant les potentiels emmagasinés, ils diminuent les déperditions dues aux échanges entre plusieurs entités, quelles qu’elles soient. En même temps, cela réduit les dépenses inhérentes au maintien à l’état opérationnel de ce qui est en attente d’utilisation.
Le syndic n’a pas pour vocation d’imposer ces désidératas comme un gouvernement de Dominants. Il ne peut pas vouloir que vous ayez les murs de votre cuisine peints en rose, sa couleur préférée, pas plus qu’il ne peut vous obliger d’avoir un toit de pagode chinoise pour montrer l’admiration (ou les intérêts) qu’il a pour la Chine.
Ce n’est pas non plus le conseil syndical qui imposerait quoi que ce soit en « pack » de parti politique, car chaque point est voté par l’assemblée des copropriétaires.
Quant aux appels de fonds, les « impositions » d’un État, elles seraient remplacées par des dons, des rétributions, des mutualisations et non par des prélèvements sans visibilité.
Il est important du point de vue hôdon que les gestions ne soient pas opaques sous prétexte que ceux qui la subissent sont incompétents. Il n’est pas besoin de savoir jouer d’un instrument ni de savoir lire une partition pour apprécier une musique ou fuir une cacophonie.

Le consensus ou le hasard

L’un des principaux défauts de la gestion politique est d’offrir des « packs » pendant une durée déterminée. Ceux qui ont promis ces « programmes » ne peuvent alors s’empêcher de les faire passer au forceps, non qu’ils soient « obtus » voire « méchants » ou « incompétents », mais parce que notre intelligence est telle qu’elle change d’autant plus difficilement de cap qu’elle s’y est investie. C’est notre nature et les Dominants n’y échappent pas.
Le « pack », terme utilisé par dérision pour les projets politiques, car ils ressemblent à certains produits de vente forcée, est un ensemble de propositions qui s’inscrit dans une ligne politique. Or là aussi, il y a une erreur réductrice très répandue. En effet, tout est présenté comme s’il n’y avait qu’un axe de comportement allant de « gauche » à « droite ». Or ce qui gère notre comportement n’est heureusement pas un seul et unique axe, sinon notre intelligence serait bien réduite. Nos réponses comportementales sont évaluées sur plusieurs axes qui pourraient non aller de « gauche » à « droite », du « bien » vers le « mal », mais de manière plus neutre du « yin » vers le « yang ». Seul le résultat final est mesuré en « plaisir » et « déplaisir ».
Il y a l’axe égoïsme – altruisme auquel on assigne une valeur morale souvent inappropriée. L’égoïsme est le besoin de survie de l’individu et l’altruisme celui de l’espèce. La survie de l’individu se prolonge par celle de l’espèce, mais cet individu ne peut agir en ce sens que s’il est en état de le faire. Pour être un héros, il faut déjà être vivant. Ce qui est néfaste, c’est toute exagération, toute sclérose, dans un sens comme dans l’autre. Il faut parfois être égoïste comme il faut être à d’autres moments altruiste, biologiquement parlant. Et même dans ce domaine, il faudrait ajouter un sous-axe : la portée de l’altruisme. En effet, l’altruisme ne s’applique pas n’importe quand à n’importe quel groupe. Parfois, l’altruisme se concentre sur le milieu familial, parfois sur des groupes d’intérêts plus ou moins étendus. Imposer un comportement unique, plaqué sur des mesures « moralisatrices » est une manipulation à l’usage des Dominants pour étendre leur zone de pouvoir. Par contre, il serait bien plus utile à tous de savoir comment et pourquoi gérer ces comportements de manière efficace et non désorganisée, soumise au seul éclairage de l’instinct. Quelqu’un qui a appris par exemple les premiers gestes de secourisme ou des bases de sauvetage serait plus porté à aider, car il saurait comment se comporter en situation de crise. Sinon, il aura tendance à fuir, ce qui est presque une bonne chose quand les actes risquent d’être pires par leur inadéquation.
Il y a l’axe domination – soumission. Nous sommes tous dominants dès qu’on le peut, et nous sommes aussi souvent soumis, volontairement quand nous ne sommes pas manipulés par les Dominants qui nous font croire qu’il n’y a qu’un seul bon choix possible.
On peut facilement accepter une « autorité » à laquelle on prête allégeance, loyauté et obéissance, car souvent nous sommes conduits à faire confiance à des compétences qui complètent les nôtres et qui sont mises en symbiose par des chefs d’orchestre. Mais là aussi, un choix unique pour tous les cas de figure et à tout instant est contre-productif. Il vaudrait beaucoup mieux enseigner à tous comment être fier de ses compétences, et laisser à chacun l’opportunité d’apporter sa pierre à la contribution de l’humanité plutôt que de ne viser et de ne flatter qu’un élitisme hiérarchique soumis d’ailleurs à des modes. Il est inutile de vouloir n’avoir que des chefs d’orchestre s’il n’y a plus de musiciens, inutile de brimer le premier violon s’il a tendance à être électron libre, inutile de passer sous silence le cymbalier qui ajoute pourtant sa note indispensable.
Il y a l’axe de l’évolution : conservatisme et progrès. Le premier étant indispensable pour asseoir et lancer le second. L’un et l’autre font partie de notre intelligence et très souvent à tour de rôle au cours de notre vie. Il est nécessaire d’asseoir les connaissances acquises pour évoluer à partir d’elles comme les ossatures qui soutiennent tout mouvement.
Tous ces choix sont extrêmement liés aux circonstances. Il semblerait insolite d’assigner à un pilote de conduire son véhicule sans utiliser les freins, et en ne s’autorisant de ne tourner qu’à droite pendant un jour, et l’inverse le demain sous prétexte d’alternance.

Une ONU ?

On pourrait penser que dans l’esprit hôdon une association rassemblant la planète n’a pas de sens, car elle ne respecterait peut-être pas la deuxième loi de Hôdo qui permettrait de sortir d’une organisation qui ne convient pas. C’est pour ce type de question que la troisième loi de Hôdo existe : le consensus ou le hasard. En effet, il semble logique que des problèmes, tels que l’écologie, concernent la planète entière, car la nature n’a pas les frontières des humains. Il pourrait en être de même si on uniformise une monnaie comme celle de Hôdo, car ce serait une monnaie naturelle et non spéculative.

Une utopie ?

Pas vraiment.
Le concept Hôdo de par sa nature acratique ne cherche pas à instaurer un parti politique qui prendra un quelconque pouvoir.
De plus, il faut compter avec l’internet. Les associations n’ont plus besoin d’être uniquement géographiquement proches ! Mais pas seulement : les sas calfeutrés de la hiérarchie peuvent être contournés, voire ignorés. La parole de chacun peut ne pas être perdue dans le silence, même si l’excès de bruit revient parfois au même.
Enfin, le Bitcoin pourrait être un point de départ de la monnaie-énergie.
Il faut donc en permanence préserver ce nouveau territoire même si les Dominants essaient de nous l’enlever, ou de le minimiser en prétendant que ce n’est que du virtuel. Tout compte fait, toute notre intelligence est virtuelle car elle n'est qu'une timide compréhension au travers du prisme de notre entendement du monde dans lequel on vit. Elle n'est ni plus ni moins virtuelle que celle des Dominants.

Notes

: La Charte de Hôdo
: Pour une biopolitique
: Schématiquement, le nombre de personnes appartenant à des huitaines de huitaines d’ensembles donnerait : 8 pour une cellule, 64 pour huit cellules, puis 515, 4096, 32 k, 262k, 2M, 16M, 134M, 1G, 8G, 68G. Il suffit donc de 12 couches d’organisation horizontale pour représenter la Terre entière.
: Du point de vue ensembliste, l’augmentation des éléments de libertés correspond à l’union des deux ensembles, et le partage, à l’intersection de ces ensembles.
: Concept de monnaie étalonnée sur l’énergie, proposé comme modèle mondial.

Remarque : il existe un Opuscule au format PDF, mais moins rapidement à jour que cette page qui sert de référence.
Serge Jadot


2015-11-04

La charte de Hôdo

Les mises à jour de la Charte de Hôdo et des liens vers les différents formats sont sur le site Projet Hôdo

Hôdo vient de 報土 Hōdo, Terre de la Récompense (dans le bouddhisme, en récompense de l’ascèse ou de la promesse d’Amithaba de sauver tous les êtres)
La charte de Hôdo contient 3 lois fondamentales. Ce sont :
  • Le devoir de respecter toute forme d’intelligence et son support ;
  • Le droit à la fuite et à l’abri ;
  • Le consensus ou le hasard.

Le devoir de respecter toute forme d’intelligence et son support

Définitions

Devoir
Cette loi est un devoir et non un droit, car elle est censée responsabiliser tous ceux qui sont maîtres de leurs actes.
Elle n’est pas un droit pour éviter de mettre en avant son intérêt personnel au détriment des autres, car la liberté n’est pas souvent partageable, d’où les deux lois suivantes.
Respect
Le respect est une définition volontairement floue, car cette notion est aussi liée aux traditions culturelles des populations ainsi qu’aux concepts philosophiques ou religieux en cours qui l’associe à la notion, tout aussi floue, de tolérance.
Respecter signifie ici comprendre, ne pas juger moralement et, par conséquent, ne pas condamner. Respecter, c’est surtout rester humble quant à la notion de vérité que chacun défend.
Intelligence
Est aussi une notion floue, due au fait cette fois que même d’un point de vue scientifique cette notion reste difficilement définissable.
L’intelligence est indissociable de l’émotion et donc de la souffrance.
D’ailleurs, la notion d’empathie ou de compassion est préférable à celle de tolérance qui peut être parfois dévoyée de manière égocentrique, voire égoïste.
Toute forme d’intelligence
Nous ne sommes pas aptes ni scientifiquement ni moralement à donner des frontières qualitatives ou quantitatives de l’intelligence. Aussi, ce respect dû à tous les humains peut-il être étendu à toutes les formes de vies que nous estimons moins évoluées.
Support de l’intelligence
L’intelligence est à la fois « enfermée » dans un corps, un groupe qui l’entoure et la planète entière. Il s’en suit que le respect de l’intelligence doit conduire au respect de la vie, des différentes associations sociales et de l’« écologie », c’est-à-dire la vie de notre planète.

Explication

La première loi de Hôdo considère que l’intelligence est la manifestation suprême de l’Humanité. Sa compréhension est donc une tâche prioritaire pour l’espèce.
En même temps, comprendre les mécanismes de cette intelligence devrait nous permettre d’améliorer nos qualités de vie. Or nous sommes des êtres sociaux. Enrichir la synergie dans nos associations, de la famille aux grandes communautés internationales, est donc un objectif principal.
Nous considérons aussi que l’intelligence prime la vie en soi. L’une des conséquences de cette convention est qu’il peut être humain de libérer une intelligence souffrante de son support.
Cette intelligence nous permet de vivre et « sur-vivre » c’est-à-dire de maintenir notre vie individuelle et de prolonger et de propager notre existence par nos œuvres souvent partagées anonymement au sein d’organismes plus complexes qui nous perpétuent au-delà de nos limites, au-delà de notre fin individuelle.
La vie s’appuie sur la vie. Rares sont les exceptions d’espèces vivantes capables de se nourrir de pure énergie et de matière inerte. Or la vie est indissociablement liée à l’intelligence. Selon le principe du respect de toute forme d’intelligence, l’exploitation et la mise à mort de tous les êtres vivants devraient s’effectuer avec le plus grand respect. Reconnaître que notre vie est redevable à ces êtres qui la perdent pour nous pourrait nous inciter à ne pas les faire souffrir et encore moins à faire traîner cette souffrance.
Nous ne savons pas, sans doute pour très longtemps encore, ce qu’est l’intelligence, mais d’une part on la sent proche des questions existentialistes et d’autre part on la sait « sécrétée » par notre cerveau (au moins) pour programmer, réaliser et adapter des comportements qui nous permettront de répondre à la double tâche : vivre et sur-vivre.
Or toute intelligence se base sur deux mécanismes : la mémoire et la catégorisation. La mémoire nous impose la présence préétablie d’engrammes transmis par les gênes pour installer rapidement les processus d’adaptation et de gestions des capteurs qui percevront l’environnement par la suite. Dès l’instant où l’on parle de mémoire, on sous-entend l’existence de temps : temps pendant lequel une information va être enregistrée et accessible. Cette mémoire a obligatoirement des archives parfois très stables et d’autres très fugitives. Celles qui sont stables assurent la stabilité de notre organisation.
Ces ensembles de mémoires constituent nos vérités individuelles. Nous n’en sommes pratiquement pas maîtres. L’hérédité, la prime enfance, les apprentissages longs ou prégnants ont façonné notre monde intérieur que personne ne partagera jamais. Nous sommes seuls dans notre boite crânienne, et dedans, les seules notions de bien et de mal qui existent, sont ce qui est ressenti comme gratifiant ou frustrant, voire pénible.
Le respect de l’intelligence sous toutes ses formes devrait donc conduire à rester humble quant à la notion de vérité, car nous ne connaissons que la nôtre. Cette connaissance qui est la nôtre est elle-même parcellaire, limitée par nos capteurs et notre expérience individuelle. La vérité qui s’impose dans notre esprit est comme l’eau qui tombe du ciel vers le centre de la Terre : le courant d’eau va inexorablement de la montagne vers la mer. Il ne se trompe pas lorsqu’il suit de longs lacets serrés, erre dans les marais, déborde de ses rives, se perd dans des lacs encaissés ou souterrains, voire des mers mortes... Notre liberté est si relative, toujours contrainte par l’environnement.
Il s’en suit que le respect de l’intelligence s’accommode mal de l’élitisme ou de l’égalitarisme qui sont d’ailleurs souvent corollaires l’un de l’autre.
Autant le plaisir de se surpasser dans quelque domaine que ce soit et de valider ses efforts dans des compétitions « sportives » est agréable pour soi et utile à tous, autant le mépris engendré par une certaine forme de domination est contraire au principe du respect de l’intelligence.
Parmi ces mépris, se trouve souvent l’élitisme. En général, il s’appuie sur certaines spécialisations reléguant les autres compétences comme si elles étaient mineures donc négligeables ce qui est en désaccord avec le respect de toute forme d’intelligence.
Parfois pour augmenter le pouvoir d’une élite par l’usage de la démagogie, l’égalitarisme est habilement présenté comme un idéal « juste et bon », ce qui est, au contraire, le refus d’accepter toute forme d’intelligence en la forçant à prendre un modèle unique. Le prêt-à-penser rassure les dominants, anesthésie les dominés, et, au total, est peu créatif pour l’humanité dont la principale valeur est précisément son intelligence globale qui s’enrichit de toutes les différences.
Cet égalitarisme est d’autant plus pervers qu’il se voile d’humanisme et de moralisation, alors que le respect de toute forme d’intelligence, élevé au rang non de droit, mais de devoir, lui est supérieur. Il faut se méfier des égalitarismes qui en fait sont des formes de dominations paternalistes, forme édulcorée du mépris de l’intelligence d’autrui.
Mais l’ouverture aux autres, la tentative de compréhension d’autrui, le refus de l’autosatisfaction et la remise en cause de sa vérité égocentrique protégée par des communautés qui en ont besoin pour le maintien de leur structure, toutes ces attitudes sont coûteuses en effort tant pour un individu que pour un groupe, aussi les deux lois suivantes de Hôdo tentent d’y remédier : « le droit à l’abri et à la fuite » et « le consensus ou le hasard ».

Le droit à la fuite et à l’abri

Définitions

Fuite
L’un des trois comportements moteurs de l’homme face à une « agression » est la fuite, les deux autres étant l’attaque et l’immobilité, elle même pouvant être résultat d’une tétanie plutôt que d’une volonté de furtivité qu’il convient d’associer à la notion de fuite.
L’immobilité due à la sidération est source de stress malsain lorsque la situation perdure, car l’organisme en état d’alerte met en sommeil toute une série de fonctions de maintenance qui peuvent à force s’altérer. La fuite et l’évitement sont donc préférables. Encore faut-il que cela soit possible, c’est pourquoi il s’agit d’un droit.
Abri
L’abri est indispensable pour de nombreuses raisons. L’organisme a besoin de se restaurer, de se reposer, de se soigner à l’écart de tout risque ou source de trouble qui viendrait perturber la retraite. Il a aussi besoin d’un espace où se retirer pour refuser l’affrontement par la fuite, cet affrontement ne se limitant pas à un « ennemi », mais aussi à n’importe quelle situation pénible environnementale.
Droit
Contrairement à la première loi de la charte, celle-ci est un droit, car elle est indispensable pour pouvoir assurer le respect de la première.

Explication

Le cerveau est comme cette image de la rivière : il a tendance à creuser son lit, non à en créer un autre tant que rien ne l’y force. Autrement dit, non seulement il lui est difficile de changer de vérité, mais, s’il a le choix, il suivra celle qui renforce sa vérité déjà acquise, probablement pour au moins deux raisons : économie d’énergie et balance de plaisirs-désagréments accumulés. C’est à cause de ce processus qu’on s’empêtre dans nos convictions et qui fait que l’on n’arrive pas à changer de cap, quelles que soient la nature et la grandeur du projet. Le fanatisme est présent partout dans notre cerveau, et les manipulateurs en usent, que ces dernier aient le visage d’un bien pensant ou d’un saint éclairé. Il n’y a qu’une différence d’intensité entre le fait d’être borné ou d’être fanatique.
Ne jetons pas trop vite la pierre à autrui : nous sommes aussi tous manipulateurs. Dès l’instant où le bébé comprend que ses pleurs et ses mimiques lui apportent quelque satisfaction, il découvre comment influencer l’autre. Comme nous sommes des êtres sociables, nous utilisons de nombreux messages pour attirer la sympathie des groupes qui détiennent des éléments de vérité qui correspondent à celle que l’on a déjà en soi.
Beaucoup de ces messages aussi sont des marques d’identification pour rester dans le groupe qui nous accueille. Parmi ces marques, il y a les codes du langage, le port d’insignes, d’uniforme... L’uniforme n’a pas nécessairement l’allure militaire. Il existe mille et une manière de marquer son appartenance à un clan, d'afficher sa séduction : costume strict, punk, métaleux, cosplay, voile, chemise dégrafée... sans compter les aspects corporels dont les plus visibles comme la chevelure : coupe rasée, cheveux artistiquement en bataille, gominés, cachés...
Ces marques d’identification peuvent aisément devenir des signes d’allégeance, de soumission et finalement des uniformes guerriers pour combattre les autres clans, car, encore une fois, le cerveau est cette rivière qui n’aime pas changer de lit et qui va se jeter aveuglément sur le rocher qui lui barre la route.
C’est pourquoi les deuxième et troisième lois de Hôdo consolident la première : comprendre toute forme d’intelligence nous conduit à une grande humilité et à une grande empathie, mais elle ne peut conduire à une soumission forcée.
Que faire dans ce cas pour vivre ensemble ?
Le bâton et la carotte ? Les lois de Hôdo ne proposent ni l’une ni l’autre, mais proposent de faire découvrir d’autres espaces de liberté et d’autres satisfactions, supérieures à celles acquises. Le concept hôdon n’est pas de battre l’âne ou de le faire avancer en présentant devant lui une carotte alléchante, c’est lui ôter les œillères et lui montrer l’immense étendue de qui l’entoure en se servant de son intelligence ainsi que celles des autres, de créer, comme le disait H.Laborit, l’« homme imaginant ».
Il faut, donc, en premier lieu, peut-être définir ce qu’est la liberté, sous un angle plus scientifique que philosophique.
La liberté est une notion abstraite qui pourrait se représenter par un ensemble d’éléments éligibles par l’individu « dominant » cet espace dit de liberté. Ces éléments peuvent être aussi bien physiques que psychiques. Chaque être vivant dispose d’un tel ensemble. Or tout élément peut appartenir à plusieurs ensembles. Lorsque ces éléments ne sont pas partageables, il y a obligatoirement une « négociation » qui peut conduire aussi bien à la synergie gagnante-gagnante qu’à l’élimination pure et simple du détenteur de l’élément convoité. Évidemment, toutes les solutions intermédiaires, dont l’intimidation et la manipulation mentale, seront souvent mises en jeu pour arriver à ses fins.
Dans cet espace de liberté, il y a non seulement des choses tangibles comme la nourriture, l’abri, les outils... mais il y a aussi ce que l’on appelle la liberté de pensée, qui transcende la liberté d’expression, car cette dernière n’a pas de sens sans la première.
À ce niveau, il serait tentant par commodité de distinguer les éléments dits matériels des psychiques. Ce serait vain. En effet, prenons l’exemple du bruit. Le son est bien « physique » et de surcroît porté par l’air partagé par l’émetteur et le récepteur. Il y a dans ce cas un conflit, non de possession de ressource unique, mais de partage inévitable, c’est-à-dire de perte de liberté d’élection et d’appropriation. Il est tentant alors de tout ramener à la psyché abstraite, voire moralisatrice, pour définir des « péchés » soit d’intolérance soit d’incivisme.
Le cerveau est conçu de telle manière qu’il supporte en général ce qu’il fait, car sinon, c’est logique, il ne ferait pas. Par contre, celui qui subit le bruit peut se sentir mal à l’aise, car le son est porteur d’informations permanentes au cerveau qui le plus possible reste en alerte dans toutes les circonstances. Toute fréquence, toute périodicité entretiennent la vigilance du cerveau qui attend les signaux suivants à décoder. Une partie, donc, de la pensée va se tourner vers l’analyse du bruit d’autant plus que celui-ci s’impose. Or, même si notre cerveau a l’habitude de gérer plusieurs fonctions simultanément, il ne le fait pas avec un nombre infini (on évaluerait que le cerveau gère moins d’une douzaine d’informations importantes en parallèle). Et même ainsi, tout travail exécuté par les neurones consomme de l’énergie, et le cerveau est un organe très gourmand en énergie. De là, on comprend que le bruit puisse engendrer crispation, fatigue, déconcentration, hypnose... Comme ces dernières fonctions sont apparemment abstraites, donc « reléguées » au domaine de la pensée et du ressenti, il est facile de les associer à des valeurs comportementales en société. Or, dans ce cas, le « dominant » qui impose son bruit ou son besoin de silence a souvent l’argument « j’ai le droit de... » jeté à la face du « dominé » qui sera taxé d’« intolérant » s’il ne se soumet pas. Mais qui a raison ? Et comment résoudre le problème imposé par la première loi concernant le respect de l’intelligence ?
Tout d’abord, il faut comprendre l’intolérance. Cette notion a deux interprétations selon le point de vue sociopolitique ou selon le point de vue médical. Dans cette dernière optique, l’intolérance se manifeste par des rejets de greffons, de prothèses, de microéléments organiques ou artificiels... et même de concepts psychologiques. Il faut déculpabiliser la notion d’intolérance même si elle est inappropriée comme c’est le cas pour les allergies. Celui qui souffre d’allergie n’a pas choisi ce type de réponse. L’intolérance est une réponse à une situation qui est considérée comme dangereuse à tort ou à raison par l’entité, organe, individu ou société. C’est cette mésinterprétation du danger qu’il faut corriger, mais pour cela il faut déjà arrêter, du moins provisoirement, la cause, car il est plus difficile de soigner à chaud qu’à froid. Or, une seule solution possible, souvent unique, est en éloignant le « patient » de la source de malaise, du moins, pendant une période qui permet de traiter les dégâts et sans doute aussi pendant une période de « vaccination » qui renforcera l’individu.
Beaucoup de politiciens et philosophes croient en savoir plus dans ce domaine, mais les médecins savent combien il est difficile et délicat, voire dangereux, de jouer avec les réponses immunitaires de l’organisme. Malheureusement, les dominants veulent toujours forcer leur vérité, et d’autant plus vite que leur pouvoir est de courte durée. Il s’en suit que la notion d’intolérance est utilisée à profusion pour créer des prisons cérébrales du prêt-à-penser aussi bien pour les « pros » que pour les « antis ».
L’intolérance ne devrait pas être considérée comme un péché punissable, mais comme une faiblesse qui peut se soigner. La tolérance sociale ne devrait être que le résultat d’une compassion, d’une empathie, états qui s’obtiennent et se consolident plus aisément dans une situation sereine et la compréhension des mécanismes de la pensée, les siens et celui d’autrui. Autant l’art de vivre ensemble grâce au respect mutuel est un objectif à atteindre, autant la volonté de forcer cet idéal peut s’avérer douteuse quant aux motivations et aux moyens mis en œuvre pour y parvenir.
Toutes ces raisons, non exhaustives, contribuent à l’« éloge de la fuite » louée par Henri Laborit, au droit à refuser l’affrontement et au besoin de se ressourcer.
Mais il s’agit cette fois dans les trois lois de Hôdo d’un droit. C’est à dessein. Un droit peut s’imposer plus facilement qu’un devoir, mais cela pose aussi beaucoup de problèmes pratiques d’où la troisième loi qui est incontournable pour assurer les deux premières, et qui sera développée par la suite. En effet, un droit peut être aussi source de manipulation et de conflits agressifs.
En reprenant l’exemple du bruit, on peut aussi se mettre dans la peau de celui qui fait du bruit et considère être dans son « abri ». Ce n’est pas de sa « faute » (quoique...) si le bruit sort et gêne. Avec ce type d’argument, le dominant peut invoquer le devoir d’être respecté et donc de transformer le droit à l’abri en un devoir à l’isolement pour les voisins.
Au niveau d’une société, le regroupement de communautés de pensées dans l’esprit, précisément du respect de la pensée et du repos de celle-ci, est naturel. En même temps, cette attitude peut conduire à transformer des quartiers ou des territoires plus vastes en ghettos et en réserves. Ce seront des camps retranchés ou de prisons selon que les miradors seront tournés vers l’extérieur ou vers l’intérieur. L’alchimie du droit à l’abri est complexe.
Pour continuer l’analogie médicale d’avec l’allergie, ce n’est pas pour autant qu’il faille pratiquer une asepsie qui consiste à gommer toute différence entre les entités humaines ou sociales. C’est la variété qui contribue à l’espèce tout entière et à sa quête à jamais achevée de Vérité. Le partage est une richesse, mais toute intelligence a besoin de temps pour s’adapter, sinon, le changement est perçu comme une menace. Les manipulateurs de pensée le savent bien et ne brusquent jamais leurs victimes.
De même, les tenants de l’« asepsie » tentent souvent de préconiser de réduire au silence les extrémismes. Pourtant, statistiquement toute distribution a ses extrêmes. Tronquer ces extrêmes revient à créer de nouvelles extrémités. Quelle sera alors la limite de l’accepté ? Une pensée unique, sans divergences ?
Pourtant, dans toute distribution statistique standard les extrêmes sont minoritaires, et tant qu’elles le restent, la société est normale. Si l’« extrême » croit, c’est qu’il y a une inflammation. Quelle médecin proposerait d’arracher la peau pour se débarrasser de toute irritation au risque de provoquer une gangrène pire ? Mais peut-être est-ce seulement un tour de passe-passe qui permet de focaliser ailleurs l’attention du public pour installer une « démocrature ». Toute censure est dangereuse, car on sait où elle commence, non où elle s’arrête. Seul, le respect d’autrui, la première loi de Hôdo, devrait servir de conscience intime.
Face à une telle liberté, il est indispensable de permettre à chacun de refuser une soumission. La fuite est un droit.
Ce qui est vrai pour chacun l’est aussi au niveau des communautés de toutes tailles, comme les populations et les nations. Donc cela s’applique aussi à l’ingérence et l’autodétermination des populations.
Comment gérer la fuite du conjoint battu ou l’autodétermination territoriale ? S’agissant d’un droit, la fuite et l’abri peuvent être soumis à certaines contraintes, et requérir certaines médiations. Il sera peut-être indispensable de séparer des belligérants sans pour autant prendre parti pour l’un ou pour l’autre. Toutes ses raisons conduisent à la troisième loi censée répondre à la question : comment assurer le respect des deux lois précédentes ?

Le consensus ou le hasard

Définitions

Consensus
Il n’y a pas de consensus sur la notion de consensus !
Mais l’idée principale qu’il faut retenir, c’est la volonté de synergie au service d’une intelligence collective, et non « collectiviste », car chaque membre de la communauté concernée doit être globalement gagnant-gagnant.
Le consensus, c’est l’effort intellectuel et pratique pour créer une solution qui convienne à tous. C’est le refus de se cantonner dans une sorte de dictature des majorités qui de surcroît sont parfois très relatives.
Le consensus est source de créativité, mais avant, il est le résultat d’une écoute objective. Cela impose au préalable de se rappeler que derrière chaque mot, chaque humain y a mis une signification et un ressenti qui lui est propre, et que la validité d’une solution ne dépend pas de celui qui l’énonce. C’est pourquoi le consensus doit être un acte pratiquement technique, voire scientifique.
Hasard
Le non-choix, l’immobilisme sont parfois mortels. Alors, choisir la solution au hasard peut être le dernier recours pour ne pas favoriser des formes de pouvoir qui imposerait leur vision risquant de ne pas assurer la règle gagnante-gagnante du consensus.

Explication

Si nous voulons partager nos espaces de liberté sans violer nos zones de protection, nos jardins intimes, voire secrets, il faut être capable de perdre un peu de notre espace de liberté individuelle pour gagner plus en mettant en commun d’autres libertés. Mais comment faire cette négociation ?
Bien que nous soyons instinctivement désireux de maîtriser notre environnement, de là notre attitude dominante, voire agressive, il est rentable de s’associer en groupe pour accumuler les qualités des individus qui se sont spécialisés et pour diminuer les cloisonnements qui représentent des dépenses énergétiques supplémentaires quand elles sont individualisées.
Un orchestre sera d’autant plus riche en sonorité qu’il est constitué de musiciens maîtrisant des instruments différents, parfois en plus à différent niveau de maîtrise. Rendre tous les musiciens identiques serait comme privilégier la quantité à la qualité.
Privilégier la quantité a aussi son intérêt. Un ensemble de logements, de stockages de produits, etc. gagne en réduisant et en éliminant les cloisonnements. Et tout le monde connaît la maxime : « l’union fait la force ! »
Les cellules qui composent un organisme représentent bien ce type d’économie. Chaque cellule, indépendamment de sa fonction spécialisée, est autonome et dispose de ses propres protections ; l’organisme, lui, ajoute une protection de surface commune aux ensembles, ce qui est un gain énergétique incontestable.
Les choix antagonistes comme celui d’appuyer sur l’accélérateur ou sur le frein font souvent débat en politique. Comme si on conduisait un jour sans frein et le lendemain sans accélérateur !
Pourtant des dilemmes, des conflits d’intérêts, il y en aura toujours, et là, les meneurs d’hommes utilisent une compétence du cerveau pour gagner en pouvoir et imposer leur choix : la classification.
C’est l’une des grandes compétences du cerveau, la création de catégories aptes à prévoir les sources de dangers ou de plaisirs. Les amalgames sont quasi inévitables, n’en déplaise aux moralistes, mais, pour ces derniers, il y a les « bons » et les « méchants » regroupements. Ces professeurs de morale utilisent à la fois à leur insu et à leur intérêt les amalgames qu’ils décrient. Les donneurs de leçons sont d’ailleurs de quel côté, car si c’est le plus « intelligent » qui s’adapte, c’est le plus fort qui « adapte » ? Et qui « adapte » comment ? Par le châtiment ? Sous les ordres de qui ? Du plus « intelligent » ? Celui qui a engendré les amalgames qui conviennent à la structure sociale conforme au contenu de sa boîte crânienne ?
Pour forcer le respect de cette morale, il sera parfois nécessaire de châtier.
Il n’est pas bien de donner la fessée... mais le mépris, l’ironie, la moquerie, ne détruisent-ils pas plus sûrement, et d’autant plus profondément, quand, de surcroît, la victime est accusée de manque d’humour, voire de manque d’intelligence ? Une double peine, en quelque sorte !
Au niveau des grandes populations, la fessée sera-t-elle donnée par des armées brandissant la bannière de « guerre juste » ? Ou, sera-ce plus « propre » et plus efficace, car ne laissant aucune trace visible de maltraitance, en utilisant des châtiments psychiques ou des sanctions économiques ?
Il y a beaucoup d’hypocrisie pour gérer les contre sens dans les prêts-à-penser qui télécommandent les comportements des populations. Mais il est tellement plus facile pour les dominants d’envoyer la chair à canon défendre les valeurs qu’ils défendent, leurs vérités, après les avoir inculquées aux suivants. Il est plus « amusant » de jouer au stratège et de faire tomber des pions sur l’échiquier que de s’efforcer de trouver une solution pacifique. Il est plus facile de tuer l’inconnu. Il suffit d’envoyer d’autres inconnus faire le travail. Les va-t-en-guerre ne cherchent pas le consensus, ils imposent leur vérité, et pour eux la technique sera toujours la même : frapper d’innocentes victimes pour jeter la terreur chez les opposants lorsqu’il est impossible de les convertir ou de les éradiquer ! Qu’importe le type d’armées, qu’importe les moyens, largage de nappe de bombes ou dague dans le dos ! Ne rêvons pas, les Horaces et les Curiaces n’existent plus. Même lorsque les armées essaient de limiter leur combat entre hommes de métier, il y a toujours des dégâts collatéraux. Et il ne faut jamais oublier que les soldats sont avant tout des citoyens, des humains, agissant au nom de ce qu’ils croient être leur vérité ?
En règle générale, derrière toute imposition de volonté, c’est la loi du plus fort qui l’emporte. Cela ne se résume pas qu’à la force brutale. Elle peut revêtir de nombreuses facettes : chantage affectif, menace de bannissement, restriction de ressources... Quant à la force, avec ou sans sadisme, elle peut revêtir des oripeaux nobles de sainteté, de justice... Et le gagnant prétendra que sa victoire, si elle n’est pas d’essence divine, est le résultat d’un consensus puisque le soumis a fini par être d’accord avec lui.
Si nous ne voulons plus que l’humanité s’entre-déchire en permanence, il faut introduire la nation du consensus et du hasard lors de l’établissement de ses règles de cohabitation.
Tout d’abord, selon la première loi de Hôdo, il n’y a pas d’intelligence supérieure à une autre. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas des experts pour créer des solutions plus adéquates à un problème donné, mais qu’il n’y a pas hiérarchisation de domination pour imposer une idée qui sera de toute manière toujours à l’avantage ou du moins conforme à la vérité de celui qui la propose.
Par intelligence « supérieure », élitiste, il faut surtout entendre une intelligence moralisatrice, politique, philosophique ou religieuse qui ne s’appuie que sur des valeurs sociétales parfois sans fondement pragmatique et encore moins scientifique, mais ayant une autorité ou un charisme suffisant pour s’imposer. Une intelligence « vraiment supérieure » devrait être humble, sinon elle sera dominante, non dans le sens d’éclairer la communauté, mais de la formater selon sa vision parcellaire de la Vérité.
Il faut néanmoins se méfier des lois égalitaristes dès l’instant où elles sont établies par des dominants. Elles les rassurent en leur apportant, selon le cas, les jouissances d’une paix imposée dans leur « domaine » ou l’élévation de leur statut grâce à une égalité qui les favorise.
Si la vérité de chacun est vraie pour chacun, et si l’espace de liberté partagé peut conduire à des conflits, comment gérer la synergie gagnante-gagnante ? Faut-il inventer une nouvelle forme de démocratie, une acratie qui ne serait pas « anarchique » au sens péjoratif (on devrait dire « anomie » dans ce cas) et qui éviterait que le « pouvoir du peuple » soit aux mains de quelques-uns ?
Comment réaliser le consensus alors, sans tomber dans le piège de la soumission ?
Trop souvent, le consensus est en réalité une demande de soumission consentie, qui en général, même si ce type de soumission est « pacifique », porte en soi le germe de la revanche. Or précisément, l’un des buts des trois lois de Hôdo est d’éviter les cycles récurrents des revanches.
Il faut revoir les démocraties. Comme toute chose créée par l’humanité, cette option, si elle est la meilleure à un moment donné, ne sera jamais la dernière solution, car nous sommes en perpétuel progrès, même si parfois, il a des reculs apparents.
Les grands programmes proposés par les courants politiques des démocraties proposent souvent des « paquets » : comment, alors, choisir entre une boule verte et un cube rouge si on souhaite avoir une boule rouge ? Il semble que le consensus est souvent plus facile à atteindre quand le problème à résoudre est découpé en difficultés plus simples à analyser et sur lesquels il sera possible d’obtenir des compromis. Mais cela demande à la fois beaucoup d’humilité, celle de ne pas croire qu’on est seul dans la vérité et le « bien », et beaucoup de créativité pour trouver mieux que ce que chacun pensait. Le consensus est un travail d’intelligence, non de puissance.
Cela risque d’être long ? Mais l’histoire de l’humanité est longue. Doit-elle rester un long chemin de souffrance pour autant ? Et l’urgence alors ? Le pont qui s’effondre : faut-il rester dessus à papoter pour savoir quelle rive rejoindre ?
Voilà pourquoi le hasard est le dernier recours. Dans le cas d’un danger imminent, souvent on choisit « au hasard » ou « à l’instinct ».
Dans la Grèce antique, on dit que ce que l’on appellerait des « modérateurs » de démocratie étaient choisis au hasard, car tout citoyen se valait. Évidemment, cet élu du hasard choisissait les compétences nécessaires et adéquates pour mener à bien la mission qui lui était confiée. Cet « idéal » correspond exactement à la notion de « hasard » dans la troisième loi de Hôdo et l’équivalence d’intelligence de la première loi.
Le consensus et le hasard peuvent aussi conduire à l’approbation d’une hiérarchie fonctionnelle ou à un mode de scrutin qui lui, pourrait être à la proportionnelle, par exemple.
Quel que soit le choix proposé, voire mis en sommeil, il devrait toujours y avoir une date d’expiration pour éviter d’entériner définitivement par défaut un choix qui ne convient pas à tous ou qui s’avère non satisfaisant au court du temps.
En résumé, si l’on veut assurer l’équité absolue du respect de toute intelligence, et si l’on admet le droit à chacun d’un refuge physique et mental, la recherche permanente de consensus, dans lequel le hasard viendrait briser les situations bloquées pourrait être un mode décisionnel plus efficace.

Trois lois ? Pas plus ?

L’idée de la charte de Hôdo est d’être admissible pour le plus grand nombre possible de citoyens de la planète.
Plus un ensemble est étendu, plus la définition des éléments qui y sont compris est réduite. Pour faire simple, l’ensemble des chaussettes est plus grand que celui des chaussettes rouges, et celui-ci que les chaussettes rouges en laine, etc.. Moins il y a de lois « restrictives », plus ces lois s’adaptent à un plus grand nombre de personnes. Or le but de ces lois est de permettre le savoir vivre ensemble le plus possible à toute la planète.
De plus, moins il y a de règles à mémoriser, plus il y a de chance de les respecter. Il ne faudrait pas recourir à la présence d’experts pour déterrer et interpréter des articles de lois que l’on dit d’ailleurs ne pas devoir ignorer. Certes, cette charte sera interprétée diversement au cours du temps et selon les communautés, c’est pourquoi si la première loi est la clé de voûte et la seconde une hygiène pour appliquer la première, la troisième est le moyen d’y arriver.
À l’origine, pour tenir compte de ces spécificités, dans la légende de Hôdo, il y avait dix articles de lois. Pas plus, justement pour être facilement mémorisable.
À ces trois lois présentées ici, s’ajoutaient deux autres règles limitant d’une part le nombre total d’articles à dix et d’autre part leur pérennité. Il y avait ainsi cinq lois fondamentales pérennes (les trois lois et les deux dernières règles) et cinq autres, adaptables, voire remplaçables, en fonction du contexte. Ces « lois » non figées pourraient contenir des règles par exemple pour créer des espaces protégés pour la planète, de gestion des ressources surtout énergétiques, des consignes favorisant un enseignement de « psychologie discriminatoire positive » qui apprendrait à avoir confiance en soi et aux autres...

Le mot de la fin

Et si seulement, nous changions dans la charte le mot « Hôdo » pour « Terra », si les trois lois fondamentales étaient nécessaires et suffisantes pour que tout terrien, indépendamment des attributs biologiques de sa naissance, des us et des coutumes de son milieu et surtout de ses allégeances dues à ses Dominants, se sente humain parmi les humains. Humain, ni ange ni démon. Humain, à la recherche de son bonheur, certes, mais aussi celui de l’Humanité.